Tout se gâte à la saison Troy
J'aurai facilement mis 7/10 voir plus aux vues des deux premières saisons. Au début, c'est audacieux, impertinent parfois, loin du puritanisme ambiant, trash mais dans le bon sens du terme. Cerise sur le gâteau, c'est plutôt drôle. Le 5/10 attribué ne l'est qu'en mémoire de ces premiers bons moments passés.
Nip/Tuck a secoué le monde des séries en s'attaquant de façon frontale à l'hypocrisie de notre société. Il faut être beau, tout n'est qu'apparence, et la course à la perfection est un moteur de notre société de consommation à outrance. La chirurgie esthétique (pas réparatrice; même si le sujet est aussi abordé dans les premières saisons) marche parce que nous sommes toujours plus exigeants envers les autres et envers nous même. Si la chirurgie semble réparer les corps (parfois plutôt les maltraiter), répare-t-elle aussi l'âme? Deuxième question que soulève la série: pourquoi les médecins esthétiques gagneraient-ils mieux leur vie que ceux qui sauvent des vies. Notre société pousse-t-elle les vocations vers la pose de nichons à la chaîne plutôt que vers des carrières plus gratifiantes, mais moins bien payées? L'argent rend-il nécessairement heureux? (on sait bien que non, même si pouvoir être beau et avoir une belle maison fait partie de la carte postale qu'on nous sert comme étant un modèle de la réussite, ne soyons pas hypocrites).
On se prend vite d'affection pour ces deux chirurgiens dont la vie se complique de coups de bistouris en liposuccions. Ils forment un couple, presque ambigu. Un peu à la manière de Lennon et Mac Cartney, l'alchimie ne se fait que lorsqu'ils travaillent ensemble. Dès qu'ils se la jouent solo, ils ne sont plus habités de la même muse et deviennent (presque) médiocres.
Les patients sont tous plus fous les uns que les autres, certains en deviennent attachants. La famille de Sean (et aussi un peu de Christian, tellement vie privé et vie professionnelle sont ici indissociables) est insupportable. Julia est chiante, névrosée, une pauvre femme riche que l'argent ne parvient plus à combler.
Autre personnage, qui mérite sa place si particulière auprès de ce duo, Lise, l'anesthésiste, seule à même de pouvoir raisonner les deux chirurgiens et leurs égos.
Seulement voilà, si les deux première saisons sont fantastiques, la troisième et les suivantes sont décevantes, voir inintéressantes. On tombe très vite dans le pathétique. On nous amène un parterre de "guests" pour pallier les pannes d'imagination des scénaristes. Nip/Tuck devient la série où il faut être vu (même si l'apparition de Deneuve est plutôt drôle). La dernière saison est tout simplement navrante et s'apparente plus à un mauvais porno soft de petit bourgeois qu'à une série: plus vraiment de dialogues, des répliques niaises ne servant qu'à introduire de nouvelles scènes de sexe, sans logique, le tout n'ayant aucune utilité narrative. Quasiment plus d'opérations, juste du cul.
On se lasse et on s'agace. Bien dommage pour une série que je défendais car elle valait vraiment le coup d'œil.