L’une des très bonnes surprises de la rentrée de septembre 2020 en matière de série, on la trouve sur Arte avec No Man’s Land. La première saison débute quand Antoine (Félix Moati, très bon) croit reconnaître, dans un reportage diffusé à la télévision, sa sœur disparue et donnée pour morte dans un attentat au Caire quelques années plutôt. Persuadé qu’il s’agit bien d’Anna (Mélanie Thierry, très juste), Antoine décide de quitter femme et enfants pour quelques temps à fin de se rendre au Moyen-Orient, d’abord en Turquie puis en Syrie afin de retrouver sa sœur.
Nous voilà ainsi embarqués aux côtés des YPG (unités de protection du peuple), constituées d’hommes et de femmes qui ont décidé de combattre l’État islamique. Après une suite de mésaventures Antoine se retrouve finalement intégré à l’une de ces brigades, découvrant la rudesse et la violence des combats dans un monde où la mort est le danger son présent à chaque instant.
C’est une série très ambitieuse que nous propose là Arte avec une production bénéficiant de moyens conséquents pour mettre en scène un scénario diablement bien ficelé qui présente la guerre contre Daesh comme on l’a rarement vue dans une série. Si le sujet avait été déjà abordé par le passé dans des séries, notamment dans Le bureau des légendes ou dans Homeland, on n’avait jamais pénétré de manière aussi frontale dans le quotidien de l’État islamique, découvrant sur huit épisodes tendus et très rythmés, comment des hommes et des femmes venues de pays occidentaux ont accepté de venir dans cet enfer qu’est la Syrie pour devenir des pions, de la chair à canon, à la solde d’islamistes barbares.
Réalisée par Oded Ruskin (False flag) et adapté le français Xabi Molia, cette série qui devrait logiquement déboucher sur une seconde saison, a été imaginé par une équipe d’auteurs israéliens qui ont travaillé par le passé sur des séries aussi remarquables que False flag, Euphoria ou Fauda. Une expérience qui leur a permis de donner corps et force à un scénario plein de rebondissements et à des personnages complexes, avec par moment des flash-back sur le passé de certains personnages mais qui ne nuisent en rien à la fluidité du récit.
Une série qui parle bien sûr de la guerre avec une approche géopolitique et historique passionnante mais qui n’en oublie pas pour autant ses personnages (jamais manichéens, à l’image des trois jeunes anglais engagés dans le djihad) pour lesquels on tente de comprendre au fil des épisodes ce qui a pu motiver leur choix de s’engager dans un tel combat. Remarquable.
https://www.benzinemag.net/2020/11/08/arte-no-mans-land-felix-maoti-et-melanie-thierry-dans-lenfer-syrien/