Nobunaga Concerto par Skidda
Des animes sur l’ère Sengoku, ce n’est pas ce qui manque. Cette période historique japonaise du XVe-XVIe siècles a déjà été tournée à toutes les sauces : superpouvoirs, mecha, fantasy, figures historiques changées pour montrer un casting uniquement féminin... Nobunaga Concerto, en mettant en scène un adolescent du monde moderne plongé soudainement à cette époque, n’était pas plus engageant que le reste. Cependant...
L’histoire de notre héros, Saburo, commence donc alors que celui-ci se voit magiquement remonter le temps jusqu’à la période de Nobunaga et rencontre par accident ce dernier. Le vrai Nobunaga, qui a la santé fragile, lui demande de prendre sa place et de mener son clan à la réussite. Saburo n’est pas un élève brillant, pas du tout même, mais connaît tout de même la légendaire destinée de Nobunaga et décide de remplir son rôle en conquérant tout le Japon, à l’aide d’un manuel d’histoire... et d’un magazine porno aussi... et d’un repoussant moustique.
Nous nous retrouvons au début de la série avec un protagoniste qui doit composer avec l’étiquette d’une époque ancienne, même s’il a tendance à n’en faire qu’à sa tête et exaspère son entourage par ses excentricités. Ce côté clash entre les époques est fun et bizarrement approprié, vu que le Nobunaga historique portait à ses débuts le titre d’idiot (utsuke).
Et c’est ce dernier point qui rend Nobunaga Concerto aussi intéressant : avec ses sauts temporels, il prend beaucoup de libertés avec le passé mais arrive toujours à coller ces dérives avec les événements historiques de manière intelligente, ce qui amène à des twists fantaisistes mais bien pensés. Celui de l’épisode six, qui explique le titre de la série, est particulièrement génial.
Pour une série qui se veut être un drama, la relative fidélité historique de Nobunaga Concerto est une bonne surprise, notamment en ce qui concerne les nombreux personnages, leur contexte ainsi que leurs affiliations et relations. Les grands et petits acteurs du temps de Nobunaga ne manquent pas et sont intéressants à suivre et à voir évoluer. L’intrigue ne va pas dans les détails cela dit, et omet des éléments importants (batailles, concubinage de Nobunaga). Ne vous attendez pas non plus à une trame extrêmement politique ou un passage en revue développé de toutes les provinces : la série privilégie l’accessibilité et la rapidité.
Cette approche est efficace mais j’aurais personnellement préféré un rythme plus posé, avec une introspection plus importante de la part de Saburo, qui au cours de la série aura passé plus d’une dizaine d’années au Japon médiéval comme si de rien n’était, sans réellement remettre en question son but, le fait qu’il est déjà censé être papa plusieurs fois, etc.
Il y a un point technique important à mentionner et qui risque de rebuter les amateurs de la japanimation : Nobunaga Concerto est une série 3D, qui utilise également de la rotoscopie. Rotoscopie et 3D sont des termes honnis par les puristes, et les premières impressions ne seront que rarement positives en ce qui concerne les graphismes. Néanmoins, outre le fait qu’on s’y habitue et que les paysages sont bien beaux, j’ai trouvé le mélange intéressant d’un point de vue expérimental : il permet régulièrement de montrer des mouvements fluides et surtout très bien rendus. L’inconvénient de taille, c’est le contraste entre l’animation fluide des corps et l’incrustation des têtes 3D peu expressives sur ceux-ci. Il y a un effet marionnette un peu dérangeant qui en résulte. C’est bizarre, encore plus exacerbé qu’avec la 3D maladroite habituelle. Mais dans l’ensemble honnêtement, j’ai trouvé le résultat presque convaincant.
Le gros problème de Nobunaga Concerto en revanche est sa courte durée : à peine dix épisodes. La série se termine au milieu de nul part et ne résout même pas les événements en cours. La présence d’une autre adaptation en live-action juste après cet anime montre que ceci n’était finalement qu’un «projet-pub» qui ne recevra vraisemblablement pas de deuxième saison.
Au final, une longévité aussi pauvre enlève énormément d’intérêt à la série, qui tombera rapidement dans l’oubli. Et c’est vraiment dommage car Nobunaga Concerto était finalement une bonne surprise, un drama historique simple, mais pas stupide, qui se laissait volontiers regarder. Je ne recommande donc pas cet anime mais si vous avez du temps à tuer et que le synospsis vous fait envie, n’hésitez pas le regarder.