Nona et ses filles
6.7
Nona et ses filles

Série Arte (2021)

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Dans les années 80, avec le triomphe des feuilletons sur les rois du pétrole et leurs ranchs démesurés, j'ai bien cru que les traders avaient bouffé les hippies. Rien dans les années 90 ne permettait de démontrer le contraire. Il y avait de quoi trouver le temps long, avec l'éclosion récente de candidats à la présidentielle écumant de rage ou de malveillance en permanence, s'épanouissant dans le conflit et privilégiant en toute circonstance la surenchère la plus ridicule. C'était sans compter sur cette petite série bien gentille et légère, qui ressuscite tout ce que le flower power promouvait déjà il y a 50 ans, mais à la mode d'aujourd'hui. Gros soupir de soulagement. Quelque part, loin des objectifs insidieux, l'idéal poétique et barré d'une jeunesse turbulente a réussi à survivre et à s'exprimer en 9 épisodes dépourvus de la moindre violence et gentiment foutraques. Ben ça fait du bien. Trois heures trente d'immersion dans une famille d'inadaptés (c'est tout à leur honneur), remplie d'idéaux de partage, de confiance et d'acceptation des gens différents, sans jugements à l'emporte-pièce ni grands discours (enfin, si, un, quand même...) et avec ZERO ambition, eh bien, ça, finalement, ça ressemble au bonheur. Foin des injonctions permanentes, du foisonnement administratif, de la coercition systématique, nous voilà dans un bain de fantaisie sans grandiloquence qui fait un bien fou. Je dis peut-être ça parce que je ne supporte plus grand-chose de ce monde médiatique de décérébrés qu'on nous impose à la moindre seconde d'inadvertance, et il se peut que cette série ne soit pas aussi formidable que je le dis, mais peu importe, en attendant, elle apporte une trêve bienvenue entre deux sondages sur le taux de fascisation de la France ou les statistiques des victimes du coronavirus... Elle parle de maternité, de sororité, de solidarité intergénérationnelle, de liens familiaux à géométrie variable, de l'irruption du merveilleux dans le quotidien, sans lourdeur, zip zoup, en sautillant d'une situation à l'autre, et même la mort y semble douce. C'est toujours ça de pris, avant le prochain bain de fiel télévisuel.

Créée

le 13 janv. 2022

Critique lue 204 fois

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