Normal People est une série, tirée du livre éponyme de Sally Rooney, sortie en 2020. Elle traite de la relation tumultueuse entre deux amants Connell (joué par le brillant Paul Mescal, l'acteur d'Aftersun) et Marianne (jouée par Daisy Edgar-Jones, que je ne connaissais pas mais qui est formidable) sur plusieurs années et plus généralement de la réalisation personnelle qu'on tire des relations amoureuses, de l'altération de la santé mentale au fur et à mesure des années, le sentiment de solitude, de reconnaissance, d'appartenance ou encore le désir d'accomplissement d'un soi authentique.
La série montre des personnages qui peuvent être anéanti.e.s à certains moments, qui cherchent et qui parfois trouvent des refuges, parfois non. Ils évoluent dans une atmosphère intimiste, chaude et calme qui rend facile l'introversion. On les voit parfois compris, reconnus, en sécurité, parfois errant, seuls, perdus. Le sentiment de vide de leur existence les quittant et le gain de sens quand ils sont en présence de l'autre est très bien retranscrit à l'écran et leur connexion est vraiment rendu palpable. La série nous donne accès à la manière dont les incompréhensions, les doutes, les séparations les affecte et à quel point cette relation les fait changer. Normal People illustre également cette forme d'amour où l'intensité de la relation rend insipide les autres et où la sincérité et la bienveillance pour l'autre prennent une grande place.
Connell et Marianne ont parfois, selon les environnements sociaux, du mal à convenir à la norme et il est parfois difficile pour eux d'exprimer clairement qui ils sont. Leur relation est vraiment le seul lieu où les deux vont pouvoir exprimer sincèrement leur individualité malgré des tentatives infructueuses ailleurs.
Pour être honnête, la série possède pas mal de défauts, et avant de la finir j'avais prévu de mettre une note bien moins bonne note (mais la fin est vraiment bien). Elle tombe dans pas mal d'écueils, notamment en créant beaucoup d'agitation dans la vie des personnages principaux, sauf qu'on a pas le temps de suivre et de comprendre toute l'évolution de ces enjeux, et aussi en introduisant beaucoup de personnages secondaires pour lesquels la série nous "demande" d'avoir de l'empathie malgré le peu de temps où on les voit et les circonstances peu favorables au développement d'un attachement ou d'une compréhension pour eux. Dans une bonne partie de la série, on peut donc manquer d'empathie pour les personnages principaux même si cela s'atténue au fur et à mesure.
Néanmoins Normal People est une série vraiment chargée en émotions, de par les thèmes abordées (des amants qui sont transportées par leur relation, qui est aussi bien leur refuge, qu'une source de souffrance parfois) et par le jeu émouvant de Paul Mescal et de Daisy Edgar-Jones qui est accentuée par la caméra très intimiste qui filme très près des visages ou par une bande son très ambient très propice à ressentir et à laisser couler les larmes. Ce sont les raisons principales pour lesquelles j'ai aimé cette série.
Je recommande cette série à tou.te.s ceux.lles qui pourront passer au-delà d'une histoire pas toujours hyper bien ficelée et apprécier une qualité photographique somptueuse qui compense selon moi beaucoup de problèmes de la série. La série a été nominée dans beaucoup de catégories et remportés quelques prix, notamment la photographie et cinématographie de Suzie Lavelle ou en meilleur.e acteur.ice pour Paul Mescal et Daisy Edgar-Jones.