N'ayant pas lu l’œuvre originale, je ne peux pas commenter la qualité de l'adaptation ; néanmoins je me permet de repréciser qu'une bonne adaptation est tout sauf un copié-collé : adaptation n'est pas égal à conversion. Or, à ce que j'ai lu, la série est très différente du bouquin.
De ce qui est de mon expérience spectateur, je ne vais pas vous cacher qu'elle a commencé par une certaine attente : dès la sortie du premier épisode je me suis jeté dessus. Mais j'ai clairement dû attendre de finir la saison pour faire une critique, tant les épisodes et surtout les moments sont inégaux.
Le gros problème de NOS4A2 reste le rythme. On additionne les longueurs interminables nous contant la vie de peu d'intérêt de la teenager Vic McQueen et sa relation avec les parents : merci, mais il y avait moyen de faire BEAUCOUP plus court. Vous vouliez que maman nous tape sur les nerfs, c'est réussi. Dur dans ces conditions de sentir Vic comme une ennemie de poids pour notre cher vampire merveilleusement bien interprété par Zachary Quinto, habitué aux rôles qui foutent froid dans le dos. Et à ce niveau, on est plutôt bien servi. Froid et inquiétant lorsqu'il est jeune, Charlie Manx (Nosferatu) devient carrément dérangeant lorsqu'il est âgé. Certaines portions de sa mythologie (ou de son imaginaire) sont vraiment intéressantes, comme son cimetière (je n'en dirai pas plus). Malheureusement, la série est assez avare à ce sujet. Pour rester dans le même sujet, la série décrit une sorte de combat entre deux "hyper-créatifs" qui se battent donc à coup de puissance d'imagination, mais pour le reste, on ne sent ni Vic ni Charlie comme des individus très puissants. Manx est charismatique et manipulateur, il a les ongles longs et les dents pointues, mais physiquement il n'a aucun pouvoir réel. Pareillement, Vic n'a que son courage pour elle, et peine à se distinguer d'un ado "ordinaire". Un choix volontaire, sans aucun doute, mais qui laisse un petit goût de déception tant on fini par voir le duo Charlie/Vic comme de joyeux adversaires plus que comme des ennemis mortels. Cependant, cela est contrasté par le parallèle avec la schizophrénie paranoïde, une maladie qui est traité dans quelques films et séries (dont Donnie Darko qui ressort cet été, un de mes films favoris) et donc un sujet que j'affectionne particulièrement pour leur capacité à créer un monde imaginaire très "réel" et leur facilité à rencontrer le mystique.
Et le mysticisme, parlons-en, car il est largement abordé dans la série. On ne cesse de nous rappeler que le monde est sujet à énormément de forces invisibles qui ont une influence sur notre existence, mais auquel tout le monde ne peut accéder. Ceux qui le peuvent ont un prix à payer. A ce niveau, c'est assez classique, et ça fait justement très "teenager". Mais en même temps, on fini par s'attacher à ce petit côté étrange et spirituel, et on est curieux d'aller jusqu'au bout et connaitre le destin des personnages. NOS4A2 tient aussi lieu de récit initiatique, un modèle de série très classique, mais qui n'est pas dénué d'intérêt. On regrette tout de même que tout ce sujet ne soit pas traité de façon un peu plus "mature" : on sait quel public est visé. Or, je pense qu'il y a ici une grosse erreur de ton qui ne peut que nuire à la plongée dans une œuvre sensé être horrifique.
Car ce qui fait vraiment la qualité de la série, c'est finalement les personnages. Charlie Manx est tout de même très original comme vampire (ou plutôt devrais-je parler de Goule ?), et ça, j'adore : je n'avais pas vu le mythe du vampire retravaillé avec autant de singularité depuis The Strain. Bing Pardrige est un personnage passionnant et évolutif qui nous réserve encore son lot de surprises, Ólafur Darri Ólafsson est d'ailleurs l'acteur parfait pour ce rôle. Le personnage de Magie Leigh est moins subtil, mais non moins attachant. Quelques autres personnages comme le shérif ou Jolene sont très intéressants ... Le meilleur reste ces gosses, flippants à souhaits, dont la qualité de l'interprétation me rappelle celle de The Whispers, boudé par le public et les critiques mais qui pourtant avait la qualité d'avoir d'inoubliables interprétations de la part des enfants. On aimerai cependant avoir dans la saison 2 beaucoup plus de scènes avec eux et Chrismastland : encore une fois, la série en est très avare.
Malgré son côté teenager, sa réalisation très "télévisuelle" (donc sans aucun intérêt, disons les choses comme elles sont, malgré quelques rares tentatives au niveau esthétique), et son manque de rythme, NOS4A2 ravira sans aucun doute certains téléspectateurs et reste riche de son originalité. On ne tient pas la série de l'année, mais j'ai été clairement emporté par cette saison malgré des débuts laborieux où j'ai cru abandonner. Une fois sur ma lancée, j'ai passé un très bon moment et j'ai hâte de découvrir la suite (Car oui, la série est renouvelée pour une saison 2) ...