Jouer aux dominos pour sauver le monde

On ne va pas se le cacher, Nox : Les Sentinelles de la Lumière ne paye vraiment pas de mine aux premiers abords. Le scénario semble vu, revu et rerevu, d’autant plus qu’il se met difficilement en place, les personnages principaux sont assez caricaturaux, les effets spéciaux ne sont pas grandioses, le doublage français est assez bâclé et très peu naturel dans son mixage audio : en bref, rien ne laisse présager d’une bonne série.

Toutefois, en rester sur ces quelques défauts serait hypocrite et trahirait une approche totalement flemmarde et irrévérencieuse de l’œuvre. Car oui, Nox est une petite série faite avec passion, qui mérite tout l’amour qu’on peut lui donner. Elle donne parfois des allures de « vieille série télé » dans son traitement, comme des petites pointes de nostalgie ci et là. L’immersion a beau être difficile au début, les personnages sont très très vite extrêmement attachants, et le scénario trouve tout de même de jolis éléments d’originalité dans cet océan de déjà-vu. Les acteurs ne jouent pas parfaitement bien (quelques scènes manquent clairement d’âme), mais sont tout autant attachants que les personnages qu’ils incarnent. Par exemple, l’acteur de Bruce a une tête de gars complètement arrogant mais ces apparitions sont finalement très agréables, d’autant plus qu’il « casse les codes » du type égocentrique bourré de thunes que rien ne peut atteindre. De même pour l’actrice principale qui a un charme fou et qui vient apporter une touche de légèreté au milieu du casting. On a beau avoir quelques ressentiments en commençant la série, elle possède un charme unique qui vient briser toutes ces appréhensions pour nous transporter dans un univers qui lui est propre et qui sait se rendre captivant.

À la manière d’une série policière, chaque épisode présente une « affaire » différente mais qui vient s’intégrer avec brio au scénario, de telle sorte que cette impression de « 1 épisode 1 affaire » s’estompe pour laisser place à un ensemble solide et digne d’intérêt. On n’assistera pas à des dénouements épiques, mais les enjeux impliquent réellement le spectateur, et même si le suspense est quasi-inexistant (résultant du peu d’originalité), la résolution des problèmes rencontrés est bien construite et satisfaisante. Cependant, j’émettrai tout de même des réserves quant au final de la série, qui semble avoir été rush sauvagement, ne prend pas son temps et s’exécute avec une brutalité dans la réalisation qui contraste nettement avec la fluidité et la douceur des autres épisodes.

En définitive, Nox n’est clairement pas la meilleure série du monde, mais elle arrive à transmettre une réelle passion dans son développement qu’on ne peut qu’apprécier. C’est une série qui ne se prend pas la tête, qui se regarde comme elle a été réalisée : avec bienveillance. Rajoutons que la série est russe, et en voyant le cinéma russe prendre de plus en plus d’ampleur grâce à des œuvres simples mais efficaces, on ne peut que lui souhaiter de persévérer dans cette lancée. Je ne sais pas si ce sentiment m’est exclusif, mais je trouve que les œuvres cinématographiques russes récentes sont dotées d’un charme exceptionnel.