Voilà, c'est fini. Avec 7 saisons, Once Upon a Time nous aura distrait, fait rire (parfois pas pour les bonnes raisons mais qu'importe), fait pleurer, fait hurler (parfois de douleur aiguës) mais on aura suivi nos personnages de contes de fée jusqu'au bout de leur voyage. Moi en tout cas.
La route n'a pas été toujours facile. Après une première saison bénéficiant d'un scénario bien ficelé, car bien réfléchi, les choses deviennent un peu plus compliquées pour le spectateur. A partir de la saison 4, il faut s'accrocher à sa foi, comme Henry, et à l'espoir que tout ne va partir en quenouille et si les écueils sont nombreux et acérés, on arrive toujours à bon port sans trop d'égratignures.
L'idée de départ que les personnages de contes de fée vivent dans le monde moderne, victimes d'une malediction est plutôt bonne. Elle permet une immersion immédiate dans l'univers car il est familier et un dépaysement salutaire qui offre ses moments de bonne surprise.
Cependant, au fur et à mesure que les saisons avancent et que l'univers s'étend, les auteurs persistent à conserver le même groupe central et à tout relier à ces mêmes personnages. On finit avec un arbre généalogique qui n'est pas piquer des hannetons et une grosse perte de suspense puisqu'au bout du compte, tout nouveau personnage a 99% de chance d'être l'oncle, la tante ou le cousin à la troisième génération du côté de la demi grand-mère d'Henry!
La saison 7 apporte un vent de fraicheur avec de nouveaux personnages centraux tout en gardant un lien avec le groupe initial avec Henry version adulte, Rumple, Hook (mais pas vraiment) et Regina qui est indispensable à la vie de OUAT, mais j'y reviendrai.
Les saisons 1 et 2 sont les meilleures : malédiction et remalédiction tiennent la route. Seule la fin de la saison 2 qui sert de transition vers la saison suivante pêche par une préparation peu méticuleuse.
La saison 3 commence au Pays Imaginaire et si le Peter Pan est vraiment intéressant et si le couple Captain Swan prend son envol pour notre plus grand plaisir, l'arc souffre de circonvolutions trop longues devant le même buisson. La fin est intense cependant et tient en haleine. La seconde partie de saison (car, en effet, à partir de là, les saisons vont être scindées en 2 avec 2 arcs différents ce qui n'est pas forcément une bonne chose) est assez sympathique avec l'apparition de la Méchante Sorcière de l'Ouest, du Pays d'Oz et de Robin des Bois. La série aurait pu se terminer de manière très satisfaisante à la fin de cette saison.
La saison 4 entre de plein pied dans le n'importe quoi pas réjouissant avec un premier arc centré autour de La Reine des Neige qui laisse de glace. Le second arc avec Maléfique, Ursula et Cruella est encore pire et crache littéralement au visage du spectateur et insulte son intelligence.
Le prémisse de la saison 5 est parmi les meilleurs de la série : Emma, héroïne principale et ultime représentante du bien, devient la Ténébreuse à la place de Rumple. Cette bonne idée est gâchée par une intrigue centrée sur Camelot et une très mauvaise utilisation de l'imagerie arthurienne et de sa potentielle méchante de la saison. Camelot est suivi par un voyage aux Enfers avec un excellent Hadès et l'un dans l'autre c'est un arc intéressant et qui sort de l'ordinaire même si les mêmes thèmes sont toujours au centre.
La saison 6 est une catastrophe de proportion épique avec un premier arc sans queue ni tête.
La saison 7 rattrape le coup et donne une dernière saison de bon niveau à la série. Grace à un saut dans le temps qui nous amène à l'âge adulte de Henry, la série se débarrasse d'un peu de poussière et arrive à renouveler son concept tout en restant dans le concept.
Ce qui retient devant OUAT, ce sont les personnages. On a de tout : du très pur au très pourri en passant par toutes les nuances de gris.
Le fond de commerce de la série, c'est la rédemption des personnages, les secondes chances.
Pour certains c'est bien géré et de A jusqu'à Z en la personne de Regina, la Méchante Reine. De super méchante sans coeur à héroïne sans peur et sans reproche, Régina traverse les saisons avec l'histoire la plus intéressante. C'est mon personnage préféré. Elle n'a peur de rien ni de personne, elle gère en toute situation, elle est sexy et même en cas de désespoir, elle se tient la tête haute. C'est l'un des piliers de la série.
Cette rédemption n'est pas aussi bien gérée pour Rumplestilskin par contre. Les auteurs lui font faire le yoyo entre bien et mal au gré des besoins du script ce qui pourrit un peu son voyage vers le bien. Heureusement, il est interprété par l'excellent Robert Carlyle qui assure comme une bête (ha ha ha) aussi bien en monstre qu'en humain. C'est un autre pilier.
Du côté du bien, on a des parcours plus linéaires mais qui s'éloignent aussi du tout blanc tout bon. Blanche Neige sort de la niaise zone et se voit devenir une héroïne à part entière qui n'est pas sans ses zones d'ombres. Elle et le Prince Charmant forment, aussi bien dans le monde des contes que dans le monde réel, un point d'ancrage bienvenu dans le tourbillon des scénarios. Ils se trouveront toujours, ils s'aimeront toujours et rien ne pourra se mettre entre eux. Il sont le point central de la nébuleuse familiale et une force d'attraction pour tous les pauvres esseulés.
L'héroïne principale Emma n'est pas le personnage le plus intéressant mais il est facile de s'identifier à elle au début et elle garde tout au long de ses aventures une attitude terre à terre qui la rend sympathique.
Du côté des exaspérants, on trouve (à mon avis) Belle dont la relation avec Rumple mange totalement l'évolution du personnage. On essaie de nous vendre une femme forte et indépendante et elle n'existe dans l'histoire que face à Rumple. Leur relation d'ailleurs était devenue très lourde et ennuyeuse et ce jusque dans la saison 7.
Autres sources d'exaspération, la Cendrillon de la saison 7 : elle ne sert à rien, elle se comporte comme une savate et Alice dans la saison 7 aussi et Zelena qui se plaint beaucoup mais ne réfléchi jamais vraiment.
Parmi mes préférés, pour finir sur une note positive, on trouve aussi Le Capitaine Crochet (les 2 versions) qui lui aussi évolue bien et a un destin qui lui est propre en dehors de sa relation avec Emma.
On voit bien sûr passer beaucoup plus de personnages que ça et les destins s'entrecroisent, parfois un peu trop mais avec élégance.
Il est regrettable toutefois d'avoir droit à une rédemption de chaque méchant à toute force. Je n'ai rien contre les secondes chances et certains personnages se battent ici très dur pour les mériter mais parfois, il y a des choses qu'il est difficile de mettre sous le tapis. Le pardon est une bonne chose mais les auteurs ont tendance à glisser sur certains problèmes un peu rapidement.
Regina, par exemple, a tué des centaines de pauvres paysans, a maudit tout le monde, a tué son père et le père de Blanche Neige mais une fois qu'elle revient du côté obscur elle n'y retombe jamais vraiment et fait tout ce qu'il faut pour se racheter de crimes assez énormes. Malheureusement, dans la saison 5, alors qu'elle est en hero-mode elle broie le coeur de 2 innocents pour sauver quelqu'un. La fin justifie les moyens n'est pas vraiment une devise héroïque. Cet évènement revient lui mordre l'arrière train dans les derniers épisodes de la série mais le problème n'est jamais affronté pleinement.
Autre problème, Zelena trompe Robin en se camouflant en Marianne et vit en couple avec lui jusqu'à tomber enceinte. Je ne sais pas pour les auteurs, mais dans mon livre, c'est un viol. Malgré quelques disputes et froncements de sourcil, ce fait n'est jamais pris de front et il faut bien le dire la disparition de Robin arrange bien les choses. Cependant, Zelena n'exprime jamais de regret pour la manipulation et la fourberie dont elle a fait preuve à ce moment là.
La rédemption est possible mais quand elle est au centre de l'histoire, il faut tout de même gérer les actions commises comme il se doit. Si ce n'est que très ponctuel, c'est plutôt gênant aux entournures.
Par ailleurs, j'aurais apprécié que certains méchants restent méchants. Savoir que le méchant se repentira pour devenir presque systématiquement un allié de valeur, ça casse un peu le suspense. Il y a quelques exceptions mais on peut les compter sur les doigts d'une main.
La réalisation faite de scènes présentes et de flashbacks est parfois un peu lourde mais elle finit par prendre sens et le puzzle est intéressant à suivre.
Les effets spéciaux ne sont pas la meilleure part de la série mais ils sont honorables. Les costumes comme tout dans la série vont de très bons à épouvantables.
La distribution dans son intégralité fait un très bon boulot. Ils collent à leurs personnages et sont impliqués.
Grace à eux, la série nous offre de beaux moment d'émotion, du rire, des larmes, un peu de niaiserie. Ce sont vraiment les acteurs qui permettent que la mayonnaise prenne. Tout le casting assure!
Certes OUAT a beaucoup de défauts et de petites choses qui ne vont pas, mais la somme de tout cela n'éclipse pas une distribution de personnages dont le destin importe avec suffisamment d'évolution pour qu'au final on se dise : ça c'était une aventure!