Cette série documentaire est vraiment bien. En plus de raconter par le menu le parcours d'Aurélien Cotentin, Orelsan elle raconte plein d'histoires.
Peu de temps avant le doc, je regardais Play d'Anthony Marciano (lire ma critique), et ce documentaire, Orelsan : Montre jamais ça à personne semble être cette fiction cinématographique dans la vraie vie. En effet depuis qu'il est adolescent Clément Cotentin suit son grand frère avec une caméra vidéo et film tout le temps même ce qui au premier abord n'a pas vraiment d'intérêt mais qui 20 ans après donne une série d'anecdotes débiles qui aurait sûrement été oubliée si elles n'avaient pas été filmées. Des anecdotes ou des chutes à roller.
Donc Montre jamais ça à personne raconte l'histoire d'un petit frère qui ferait n'importe quoi pour traîner avec son frère et ses potes et la caméra est son prétexte.
Le documentaire raconte une histoire d'amitié, des histoires d'amitiés.
Car la première amitié raconté c'est celle de Skread avec ses potes glandeurs au moment où il signe avec une major car il les entraîne avec lui.
Et puis Orelsan qui restera fidèle coûte que coûte avec ses potes Gringe, Skread et Ablaye.Aujourd'hui encore Skread fabrique la plupart de ses sons, Ablaye fait toujours les backs et Gringe dès qu'il le peut.
La série nous raconte une belle histoire d'amitié, comme il en existe peu et surtout dans le show-biz, j'ai envie de dire.
Et il y a la famille d'Aurélien. Il y a une interview de sa maman où couchée sur le canapé du salon elle parle de son fils à un moment où son avenir semble incertain et ses mots sont très touchants.
C'est amusant comme même la famille d'Aurélien ne sait pas ce que leur fils (ou frère) a en lui. toute la famille est surprise par les talents d'écriture d'Orelsan. Clément est surpris par la présence de son frère sur scène.
Grâce au film Comment C'est Loin nous connaissions Janine Cotentin, la grand-mère d'Orelsan. Nous la voyons dans le film chanter à table (lors de fête de famille) ou aux USA, comme toutes les grands-mères elle est belle touchante.
En revenant sur le parcours d'Orelsan, le documentaire revient forcément sur la polémique qui a accompagné la première tournée de l'artiste lorsque la bien-pensance à lu le texte de Sale Pute et à fait d'Orelsan un monstre pire que Nordahl Le landais et Emile Louis réunis. C'est dingue de ne pas voir le second degré dans le titre incriminé. C'est dingue de refuser au rap le droit à la fiction. Akhenaton qui intervient à ce moment dans le doc avait déjà vécu ces foudres de la bien-pensance pour son titre Éclater un type des Assedic. Je pense que cet effet est accentué car le rap reste dans la tête de beaucoup de la musique nègre, comme l'a dit Henry de Lesquen ou le pense ce xénophobe de Z:
Je pense que le rap est une sous-culture d'analphabètes.
Personne n'a jamais fait ce procès à Johnny Hallyday le texte de Requiem pour un fou est pourtant aussi hard-core que sale pute comme nous le rappelle Navo
Je n'étais qu'un fou, mais par amour Elle a fait de moi un fou, un fou d'amour
[...]
Je l'aimais tant que pour la garder, Je l'ai tuée
Celui qui est décrit à l'assemblée comme un affront à la République est touché de plein fouet et ce met à déprimer. C'est grâce à sa famille et à ses amis qu'il va reprendre du poil de la bête.
La série nous montre un Orelsan glandeur certes mais qui au final est un perfectionniste qui bosse comme un dingue.C'est pour ça qu'il va réussir, la pugnacité finit toujours par payer. Il va le raconter par le biais des Casseurs flowteurs et son titre si facile:
Si c'était si facile, tout le monde le ferait
Qui tu serais pour réussir où tous les autres ont échoué ?
Oublie tes rêves prétentieux
Redescends sur terre
Ou tu n'en reviendras jamais
C'est vraiment ainsi que je comprends ce titre, Si tu veux réussir quoi que ce soit, il faut persévérer et ne jamais baisser les bras.
Il le dit aussi, plus clairement dans Notes pour trop tard
En gros, tous les trucs où les gens disent : "Tu perds ton temps"
Si c'est ça que tu veux faire
Faut qu'tu t'mettes à fond d'dans et qu'tu t'accroches longtemps
Hier, Orelsan, on lui crachait dessus, aujourd'hui, avec la sortie de cette série il est invité sur tous les plateaux TV et ce n'est pas parce que les chiennes de garde sont devenus plus sympathiques.
Il a surtout une plume et ses textes sont souvent très bons et nombres de ses textes introspectifs sont excellents. La série montre aussi que son complice Skread est un grand producteur et beaucoup de ses instrus restent gravés longtemps dans la tête. Je pourrais citer le son d'Inachevé ou Si facile. Car même si le son le plus connu d'Orelsan, La Terre est ronde est signé Fred Savio, la plupart des grands sons sont de Skread, le complice de toujours.
J'ai adoré Montre jamais ça à personne, j'aime beaucoup Orelsan, la série est sûrement une des meilleurs séries que j'ai vues en 2021. L'ensemble de la série donne un nouvel éclairage aux différents titres d'Orelsan et transforme à tout jamais l'écoute de ses titres.