Itinéraire d'un enfant gâté

Saison 1 : 7/10

Saison 2 : 4/10

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Saison 1 : 7/10

Ben c'est correct. Moi qui n'en attendis pas grand chose. Moi qui suis souvent réfractaire aux séries, c'est Orelsan, un artiste que je n'écoute pas, qui me rapporte une série sympa.

Bon, je reproche principalement le teasing qu'ils font régulièrement en fin d'épisode et qui devient super pénible notamment dans les deux derniers épisodes, parce qu'il n'y pas plus grand chose à raconter, que la série s'emble s'éterniser inutilement. Je reproche également le fait que ce soit parfois trop court, qu'on voudrait en savoir plus sur tel ou tel point.

Mais pour le reste, c'est quand même bien foutu : on sent qu'il y avait beaucoup de matière, et ils ont vraiment pu en profiter pour construire cette série docu, créer ainsi des liens entre différents épisodes. C'est fascinant de découvrir par exemple que de vieux textes débordent déjà d'idées plus récentes de l'auteur, c'est ça le cerveau, la créativité humaine.

On trouve de chouettes situations, des trucs assez étonnants. Avec des réactions convenues mais appropriées on va dire. L'on ressent du conflit, le petit gars n'ayant pas percé du jour au lendemain, il a dû se construire ; il est bien aussi de suivre, en plus de ses tatonnements, ses erreurs ! Cela permet de parler aussi d'autres thèmes secondaires, tel que l'image qu'un artiste doit renvoyer, le monde du showbizz etc. Certains sous-thèmes sont moins pertinents, comme le parcours de Gringe, même s'il est un peronnage intéressant, le fait de s'attarder si longuement sur lui à la fin, ça casse le rythme, surtout que les autres personnages n'auront pas eu le même traitement.

La mise en scène jouit pleinement de ces archives ; les interviews récentes sont moins intéressantes visuellement, contrastent forcément avec ces images prises innocemment à l'époque. Le montage est globalement réussi, avec une voix off du frère qui fonctionne bien. Seul le dernier épisode est vraiment chiant à regarder, et aurait dû être ramené à 15 minutes max.

Bref, ça se suit bien. Bon, je trouve que ça donne une image du rap assez bobo, image qui se confirme avec tous les artistes récents ; je me demande ce que pensent vraiment les rappeurs d'hier de cette nouvelle vague qui bouffe le star system?

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Saison 2 : 4/10

Quelle déception ! Cette suite est arrivée bien trop tôt.

En effet, pour la première saison, le frangin a pu piocher dans toute une vie de rushes, puisqu'il filme Orelsan depuis qu'ils sont petits. Il y avait donc de quoi constituer une belle œuvre sur son parcours. Cette suite manque cruellement de matière, se focalise uniquement sur la conception d'un disque.

En soi, l'idée n'est pas mauvaise, mais il ne se passe rien. Et cela se sent dès le premier épisode. Orelsan est confronté au mythe de la page blanche, cale, doute ; son frère ne sait pas trop comment filmer ça, alors il laisse tourner et juxtapose ses commentaires. Il entrecoupe de scènes vides avec des interviews de collaborateurs proches ou éloignés qui ne font que le complimenter sur son génie, c'en devient vite gênant.

Les épisodes suivant sont un peu plus riches mais restent inégaux, flirtant entre les anecdotes inutiles et quelques passages plus intéressants sur la conceptions d'un disque. Mais les deux aspects peuvent frustrer : certaines anecdotes auraient pu mener à des séquences plus prenantes, comme le petit passage dans le studio de Pharrell Williams, qui est bien trop vite expédié (je crois que ça ne dure que 3-4 minutes) tandis que les phases de conceptions manquent d'approfondissement.

Les questions et commentaires du frangins sont déconcertants de naïveté, une naïveté qu'on ne comprend pas étant donné qu'il a déjà suivi son frère auparavant, alors jouer à celui qui ne comprend pas, qui ne sait pas quelles sont les étapes, donne l'impression qu'il joue la comédie, que ce n'est pas sincère. On perd en authenticité. Si c'est sincère, on se dit qu'il est idiot, si ce n'est pas sincère on se demande pourquoi vouloir jouer à ce jeu alors qu'on veut tout simplement suivre Orelsan dans son parcours.

Il y a aussi cette impression que l'auteur/frangin veut réunir le monde de la première saison pour faire plaisir aux fans ; quand dans le deuxième épisode, l'ex-rappeur devenu romancier intervient, c'est complétement déconnecté du reste, on se demande pourquoi il a fallu aller le revoir à part faire du fan service. Et du fan service, c'est exactement ce qu'ils font quand Orelsan le rappelle plus tard pour faire un titre (et par la même occasion confirmer sa présence dans la seconde saison). D'ailleurs on notera que Ablaye ne sert pas à grand chose dans cette saison malgré son omniprésence lors des entretiens.

Niveau mise en scène, c'est correct mais loin d'être aussi touchant que la première saison. Parce que le réalisateur fait ses images dans l'optique d'une suite, les archives sont très rares. Parce que cette seconde saison manque de recul : pour la 1ère, il prenait des vieilles images dont il était moins attaché, il pouvait mieux concevoir son montage et mieux réfléchir à son propos. Ici, on sent qu'il est trop pris par ses images, son projet, c'est très premier degré, très frontal, et il manque parfois un complément, des images qui permettent de prendre de la distance avec ce qui est montré et qui permettrait de sortir de l'ovation permanente ; d'ailleurs il ne fait pas dire grand chose aux stars qui ont accepté de participer au film (et qui ont collaboré avec Orelsan) : elles ne font que répéter combien Orelsan est génial et combien ça a été un honneur pour elles de collaborer avec lui. Les interviews sont tournées de façon très académique, sans inspiration.

Bref, on s'emmerde un peu quand même durant cette seconde saison qui n'aurait jamais dû voir le jour ou en tous cas pas aussi vite...