C’est fascinant la manière avec laquelle je suis passée d’une lubie passionnée pour cette série à l’indifférence la plus totale en l’espace de trois saisons.
La première saison est une réelle pépite car elle se concentre sur le dilemme de Claire partagée entre son monde des années 40 et l’Ecosse du XVIIIe siècle agrémentés du folklore local, de fantastique et de fond historique intéressant (car j’ignorais alors tout de la période). Bien que les passages narratifs ainsi que le personnage de Claire étaient exaspérants (trop lisse, peu intéressant), l’ensemble était très plaisant et original. L’intrigue tient en haleine et garde un bon rythme malgré quelques longueurs. La romance est facile, prévisible, digne d'une fanfiction wattpad mais se laisse suivre niaisement et reste très sympathique.
La seconde saison est alors dans la même lignée, complétant la série dignement, mais celle-ci aurait dû être la dernière. L’évènement central de la fameuse bataille de Culloden qui préoccupe les personnages depuis le début aurait été un final fracassant par la fameuse thématique des mécaniques inéluctables du temps qui écrasent des personnages impuissants...
Malheureusement pour la série, sans cette ligne principale, elle se perd dans les détours et autres rebondissements improbables qui rendent la série sans saveur voire ennuyante au possible. On dirait qu’ils essayent à tout prix de dépeindre l’ensemble de la période. Les personnages traversent alors la France, une étape intéressante justifiée par leur mission, mais encore la Jamaïque (avec la thématique du commerce, des colonies, superstition locale) et l’Amérique (question de l’indépendance, esclavagisme, sort des Indiens…) après de multiples péripéties dramatiques : ennemis, naufrages et épidémies. Ce qui me perturbe c’est que c’est traité à partir des deux personnages principaux rendant le tout poussif et improbable. La série semble tenter de se justifier et de se poursuivre péniblement, cela se sent et dessert la série.
La quatrième saison est sans saveur, une suite d’épisodes quelconques et une saison qui se termine en ne répondant même pas à l’enjeu principal qui pousse au départ de Brianna. Des personnages devenus plats et prévisibles par leur morale et valeurs nobles, ils sont si parfaits que cela manque cruellement de relief. Brianna et son monde des années 60 représentaient encore un réel enjeu et intérêt par sa relation conflictuelle avec sa mère par rapport à son père. Seulement l’ouverture qu’elle engageait devient aussitôt insignifiante et inintéressante.
Mon enthousiasme initial de découvrir un bout d’histoire écossaise et de voir un ensemble visuel convainquant (costumes, paysages…) s’est mué en un désintérêt face au tour du monde de deux tourtereaux que le sort sépare sans relâche, un dérivé de reconstitution historique lisse et moralisatrice sur le monde politique et social du XVIIIe siècle.