Un drame familial puissant, construit et déchirant

Mini-série espagnole sortie fin 2020, il s’agit de l’adaptation du roman éponyme par Fernando Aramburu pour HBO Europe, qui s’est rapidement imposée comme un nouveau classique et une des meilleures séries ibériques à ce jour, loin devant la fameuse maison de papier… Disponible en France sur Canal+.

Qu’est-ce que ça raconte ? ????

Les conséquences des actes terroristes menés par l’ETA depuis la mort de Franco jusqu’en 2011 et qui vont déchirer particulièrement deux familles voisines dans ce village industriel reculé du pays basque espagnol.

Pourquoi c’est top ? ????

C’est le genre de série dont on devine la qualité rien qu’au générique, signe annonciateur d’une réalisation irréprochable. Un drame puissant, construit et déchirant qui relate plus de trente ans d’autodestruction. Au cœur se trouvent deux matriarches séparées par cette guérilla urbaine qui prend un grave tournant quand les pertes deviennent humaines. Et on se rend très vite compte qu’il n’y a que des perdants dans ce conflit identitaire. La série montre savamment comment certaines stigmatisations inhibent tout débat public et les conséquences que ces polarisations engendrent. Qui plus est quand les institutions politiques et religieuses gangrènent la situation pour servir leurs propres intérêts. Ainsi l’histoire se réécrit à mesure que les ragots imposent leur vérité et c’est une terrible illustration des dangers irréversibles de la désinformation. Diffamation, chantage, assassinat. La violence est une impasse bien réelle et c’est dur de l’observer.

Côté casting on salue la performance des acteurs qui naviguent haut la main entre les deux temporalités, pour un rendu saisissant qui s’inspire du polar non pas dans sa quête du coupable mais dans sa recherche plus difficile encore du pardon. Et l’émotion n’a d’égal que la fierté de ces personnages qui avancent chacun à leur manière dans une vie où même les victimes ont perdu leur innocence. Et en s’attardant sur deux familles, c’est deux fois plus de relations complexes, de quotidiens traumatisés et de blessures non cicatrisées que Patria porte brillamment à l’écran. La mini-série prend le temps de montrer l’ensemble des points de vue et sort alors d’une représentation binaire d’un conflit encore très récent et douloureux. Bouleversant.

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