Patrick Melrose : l’histoire d’un type qui appartient à une famille dysfonctionnelle. On pourrait conclure hâtivement que les problèmes qu'il rencontre tiennent à son histoire familiale et à son enfance. C'est un mythe de notre époque post-psychanalytique.
Heureusement, ce n’est pas ce qui se dit dans la série. On peut tout aussi bien penser que Melrose s’imagine avoir des problèmes parce qu’il a été traumatisé. Alors qu’il a une propension aux addictions pour d’autres raisons. Pourquoi pas génétiques. Ou encore encouragée par sa situation sociale privilégiée, qui l’invite à chercher des plaisirs immédiats – certainement pas à lutter. Ou que sa toxicomanie et plus généralement son comportement erratique ont plusieurs facteurs, sans qu'il ne soit possible de discerner la cause prépondérante de son mal-être.
Évidemment, Cumberbatch (= Melrose) joue à l’excès le personnage. Parfois. Mais il est bon. J’étais décidé à quitter à la fin du premier épisode qui ne fait guère de sens. Un soupçon moins à la fin du deuxième. Comme la série n’en compte que cinq, j’ai persévéré, et bien m’en a pris. En fait, le thème n’est certainement pas l’influence des traumas infantiles à l’âge adulte. C’est le questionnement des enfants (certains ? tous ?) sur leurs parents, y compris à l’âge adulte. Avec cette difficulté qu’ils ont à en juger avec objectivité du fait de l’attachement qu’ils leur portent. Questionnement que la mort des parents soulage en faisant disparaître tous les enjeux. Aussi cruel que cela puisse paraître, faut-il parfois souhaiter la mort de ses parents ?
La série se déroule dans un milieu plus qu’aisé. L’occasion de faire du Voici, sinon du Point de Vue / Images du Monde dans un registre grinçant. L’accent est mis sur la morgue qui règne dans ce monde, négligeant les points positifs : il n’y a pas que l’héritage qui permette d’y accéder, il y a aussi l’intelligence et même le talent.
Mais un séjour dans un château en région bordelaise, lorsque les figues s’écrasent sur le sol de la cour à la fin de l’été, cela ne se refuse pas : atmosphère…