Je commence par mon refrain habituel sur le dévoiement du titre espagnol "Déjate llevar" en une daube globishisante à la portée du spectateur débile pour lequel on nous prend - et ça finit par être vexant, à la longue. Il y avait des tas de moyens de rendre en véritable anglais voire, soyons fous, en français raisonnablement usuel cette idée de lâcher prise sur laquelle toute l'histoire est fondée. Mais non, les "communicants" et autres "merchandiseurs" préfèrent nous asséner des simplifications américanisantes grotesques qui, à mon sens, desservent le propos. Mais on dirait qu'il va falloir faire avec encore un bon moment tant la tendance ne faiblit pas. Ma tolérance, si. Bref. Voilà donc une mini-série espagnole de bonne facture, bien interprétée et correctement réalisée qui semble avoir 20 ans de retard : on dirait la fille adultérine d'une soirée arrosée entre Ally McBeal, Sex and the City et The L Word. Rien de bien neuf, donc, dans ce trio de nanas trentenaires aux prises avec le décalage entre leurs aspirations et leur vie quotidienne. L'une se faire lourder par son fiancé juste avant le mariage, l'autre prend la pilule en cachette de son mari pour éviter de se retrouver avec un troisième lardon quand sa carrière pâtit déjà de ses deux premières maternités, et la troisième est une artiste en mal de reconnaissance qui peine à devenir pleinement adulte. On pourrait les trouver pénibles si elles n'étaient pas éminemment sympathiques parce qu'espagnoles. Et ça change tout. Elles dégagent cette énergie ibérique qui ferait passer n'importe quelle tambouille indigeste pour des tapas en terrasse en bord de mer, et je suis arrivée au 8ème épisode non sans m'être dit à maintes reprises que ça ne cassait pas des briques et que ce traitement à la Dr. Ruth du sexe m'horripilait un peu mais néanmoins contente comme si j'avais passé huit soirées d'affilée au bar du barrio à discuter avec des copines un peu immatures pour qui j'avais finalement la plus grande indulgence.