Un pilote tonique de 72mn, doté de gros moyens pour te capter, cher téléspectateur, photos et couleurs très soignées, deux belles gueules sur le haut du casting, un générique original entravé d'une faute de goût – cet énorme BWÂÂ qui éructe en fin de séquence — et un twist final, voilà qui servira d'introduction à cette série prétentieuse.
Passé ce pilote assez surprenant et rythmé, on aura droit à un peu de pan-pan-pan gratiné à la sauce cyberpunk — la veine authentique recèle un potentiel scénaristique certain, mais réussit rarement son passage à l'écran — et d'être rapidement paumé, comme la protagoniste, mais sans que ce scénar ne sache tirer parti du mystère. Ne restera donc plus qu'à faire des suppositions sur ce monde et sa technologie. Et en attendant la suite, de s'ébahir avec des effets spéciaux pas forcément nécessaires, là pour assurer du remplissage.
Les dialogues vont ensuite connaître un étirement assez appuyé dans le sens de la longueur dans une série de concours de prétention et d'infatuation égotique.
Alors oui, ceci en partie justifié par les restes d'une aristocratie amorale, problématique et raciste, ce qui pave le fond du discours et pour nous servir quelques méchants très très méchants, ceci pour notre plus grand malaise : les discussions ouvertes à propos de leur "-cratie" ne convainquent pas et ce manichéisme forcé finit par sonner comme un discours adressé à des enfants. Un gros coup de biseau qui aplatit encore des personnages qui n'avait déjà pas énormément de relief, et dont la constante des interactions se trouve être le conflit permanent. Ne pas s'étonner, donc, si le destin collectif des personnages du "Périphérique" est tragique, mais je suis prêt à parier que tout finira bien pour ces personnages principaux, qui seront récompensés juste pour avoir participé à la narration, tandis que les antagoniste seront dépecés vifs un à un.
Le gros problème des séries de ces dernières années est que l'extrême traitement et la calibration des images digitales produit des films visuellement très "attractifs" avec un choix élaboré de palettes et de radiances, beaucoup de grain — il faut bien, vu le blé que les gens se sentent obligés de jeter pour se payer la prochaine catastrophe écologique que sont les télés en 4K — et qui, appuyés d'effets spéciaux peuvent tout à fait compenser le manque d'imagination des réalisateurs ou les pauvres performances d'acteurs lisses qui jouent sur des fonds verts, quand ce ne sont pas des marionnettes en 3D ou des IA...
C'est l'heure de l'Apocalypse et je la regarde dans mon canapé avec des chips
Alors je ne dis pas que dans Peripheral, on ait manqué d'imagination, celle de William Gibson surtout, mais — et c'est décapsulé dans les premières minutes pour être éventé au deuxième épisode — c'est à propos de voyage dans le temps, d'histoire alternative et de post-apocalypse, et d'espionnage corporatiste et d'avatars et ...
Là, il faut se taper plusieurs fois sur le front en se demandant comment il est possible qu'à l'écriture de l'adaptation on ne puisse pas voir que l'assiette est déjà en train de déborder avec deux thèmes et que ça va dégueuler si on en rajoute encore ? D'où vient ce besoin de gaver le spectateur d'images ? Car quitte à jeter de la confusion dans les esprits, autant que ça serve le récit, non ? Pour brouiller les pistes, ou alors le laisser en imaginer lui-même quelques-unes. Tenter d'épaissir le mystère dans une mise en scène qui a autant de clarté ne parvient au bout du compte qu'à accrocher au fond de la casserole.
Le jeu des acteurs ? Bof. Il doit y avoir comme quelque chose d'absent dans leur direction, que l'esthétique poussive de la violence ne pourrait rattraper qu'avec humour, mais on est pas chez Tarantino.
Que deviennent les millions d'heures de séquences tactiques de "call of" ?
Et donc ma critique vise à calmer quelques enthousiasmes et signaler que The Peripheral est une série qui mérite un coup d'œil distrait, qui ne prend aucun risque, perd du temps, manque sa cible en préférant un traitement superficiel pour séduire un public d'ado, et qui avec ce manque de subtilité, traîne comme une espèce de mauvaise odeur, sans doute laissée par le "BWÂÂ" à l'ouverture.
Bilan : 6.6 pour le pilote, 5.0 pour les épisodes qui suivent.