Le cul entre deux chaises
Un informaticien milliardaire de génie a conçu une machine capable d'espionner la planète entière et de prévoir l'implication de telle ou telle personne dans un meurtre, qu'elle en soit l'auteur ou la victime. Mais le gouvernement ne l'utilise que pour lutter contre le terrorisme. Notre informaticien décide donc de détourner les données pour sauver les petites gens, avec l'aide d'un ancien agent de la CIA qui désire se faire oublier.
Le concept de Person of Interest est particulièrement d'actualité à l'heure où l'on fait tout un foin de l'affaire d'espionnage de la NSA (quoique, le soufflé est déjà retombé ; il faut dire que personne n'était vraiment surpris). Notre pirate surdoué peut tout savoir sur tout le monde, et lui et son partenaire d'action jouent les anges gardiens dans ce que l'on devine être un travail de Sisyphe : après tout, ils ne peuvent pas être partout tout le temps, et se contentent de sauver Manhattan, ce qui n'est déjà pas si mal.
Les premiers épisodes annoncent tout de suite la couleur : Person of Interest n'est pas crédible pour deux sous et se situe plus du côté série-blockbuster que série d'auteur. Notre cher ex-agent de la CIA est aussi discret qu'un clown lors de ses filatures et de ses infiltrations et à peu près toutes les enquêtes suivent la même trame narrative : sortie d'un numéro correspondant à un citoyen, espionnage de ce dernier pour déterminer s'il va tuer ou être tué, puis phase d'action avec aide des victimes, qui parfois se révèlent être les méchants, mais en général le spectateur l'a déjà deviné avant.
L'intérêt de Person of Interest (haha) réside finalement dans son second degré, avec son duo principal pseudo mystérieux mais aux répliques pince-sans-rire sympathiques pour qui sait les apprécier. Les deux inspecteurs qui interviennent par la suite sont aussi bien campés par des acteurs convaincants.
On regrette néanmoins que la série, partant d'un concept ambitieux, se vautre dans la facilité, avec des fils rouges sans intérêt, des intrigues à dormir debout et des personnages secondaires parfois à la limite du risible. C'est dommage, il y avait moyen de rester accessible tout en proposant quelque chose de plus intelligent.
On se console avec la mise en scène relativement originale, faisant intervenir la "machine-espionne" pendant les plans de transition, les scènes d'action sympathiques et les quelques flashbacks s'attardant sur la genèse du système de surveillance et le passé de nos héros. À ne pas prendre trop au sérieux.