Ma critique sera un peu longue, puisque j'ai suffisamment vite enchaîné les 80 premiers épisodes, pour essayer d'en dire le plus, tout en ne révélant pratiquement rien, pour ceux ne l'ayant pas vu. Un exercice un peu complexe.
Un potentiel qui se révèle
Ne nous mentons pas, Person of Interest est au départ une série procédurale, ou chaque semaine nos personnages principaux (Finch et Reese au départ) vont sauver une personne. Mais un peu comme Fringe en son temps, PoI dès le premier épisode impose un univers avec suffisamment de potentiel, pour qu'on laisse une chance à la série. Et on espère donc, que l'on sera récompensé assez rapidement de notre patience.
Au départ, on se contente de quelques bribes de flashbacks révélant l'Histoire de la machine et du passé des personnages. Les épisodes moyens, anecdotiques, sont très présent sur le début. Mais cette tendance s'atténue peu à peu. Certains fils rouges apparaissent dès la moitié de la première saison, certains personnages récurrents à l'univers, apportent un petit plus indéniable. Bref, la série s'améliore et le final de la première saison est de bonne facture. Le potentiel est là, et les scénaristes ont décidés de ne pas le gâcher.
Les intrigues du jour persistent toujours, certaines s’avèrent au fur et à mesure des saisons, de plus en plus souvent liées aux fils rouges. Et quels fils rouges ! Parce qu'à ce niveau là, vous ne serez pas déçu, Person of Interest, en déroulent plus d'un, les entremêlent, gonfle son univers, les enjeux, la réflexion aussi. Au départ semblant partisane d'un état « surveillant » tout le monde, pour le bien de tous, devient plus nuancé, révèle autant les bénéfices que les travers. Élevant le débat, sur les IA, sur l'humanité.
Maintenir une tension sur 23 épisodes par saison
Les saisons se construisent généralement sur deux arcs, avec l'un d'entre eux se terminant au milieu de la saison, et le second, développé avec parcimonie au début s'accélère et se conclu à la fin de la saison. PoI s'avère très efficace pour conclure celles-ci, avec dès la première saison, une volonté de faire monter les enjeux quelques épisodes avant sa fin et d'en apporter toujours une conclusion à semi-ouverte. Chaque année, les enjeux sont plus élevés et l'avenir de nos personnages paraît chaque fois un peu plus incertain (mention spécial au final de la saison 3, quoi que le final de la saison 2 ne déméritait pas non plus). Rappelons tout de même que PoI est une série de network, qui doit produire plus de 20 épisodes par an. Le parti pris de conclure un premier arc au milieu de chaque saison, s'avère être une recette payante, puisque la série réussie à maintenir suffisamment de tension tout au long de sa saison. Je ne peux que féliciter les scénaristes pour le premier acte de la saison 3 (meilleur saison jusqu'ici), et de noter que l'épisode 11 de la saison 4 était vraiment excellent. Bref, PoI, tente de limiter le nombre d'épisodes bouche-trous. Il y en a toujours, mais avec le format proposé par la série, elle les limite.
Une mise en scène intelligente
Je voudrais souligner les quelques perles de la mise en scène de Person of Interest. La réalisation d'abord très propre, ce qui est à souligner pour une série de network. Les scènes d'actions sont vraiment excellentes. Je n'ai jamais autant pris de plaisir à voir des gens se faire péter des genoux, se faire tirer dans les épaules, voir des gens utiliser des lances roquettes. La série en a fait sa marque de fabrique, en agrémentant chaque épisode de ces moments de pures testostérones. Et franchement ça marche, j'en redemande, et au final, on s'en fiche un peu que ça ne soit pas très réaliste et que les personnages se remettent toujours trop facilement d'une balle dans le bide.
La vraie marque de fabrique de la série, ça reste tout de même la façon dont la machine fait partie intégrante du processus de narration. Les épisodes nous sont introduits par la vision de la machine, les transitions passent par sa vision, son fonctionnement. Parfois elle annonce, au détour de quelques plans « à l'intérieur de la machine », les dangers imminents. D'un processus de narration, la machine est aussi au sein même de la narration. Il y a beaucoup de chose à voir dans ce procédé. Même si honnêtement, je ne cherche pas vraiment à le voir. Certes Person of Interest est plus intelligente qu'elle n'y parait, mais je suis surtout attachée à la destiné des personnages, qui sont intimement liés à la machine.
Des personnages atypiques (Spoiler sur la présence de deux personnages apparut au cours de la saison 1 et 2)
La force de la série, c'est aussi de proposer des personnages complexes et atypiques. Dans PoI, presque tous les personnages ont des fausses identités. On les appelle Reese, Finch, Shaw, mais finalement, on ne saura jamais leur vrai nom. On n'est vraiment sûre d'une chose, leur prénom, et encore. S'ils ont de fausses identités, c'est aussi parce qu'ils sont tous recherchés, considérés comme mort... Ils ont en effet tous un lourd passé, qui fini toujours pas les rattrapé. Finch est le créateur de la machine, dont le peu de personnes connaissant son existence, ne doivent apprendre l'existence de son créateur. Reese un ancien militaire et agent de la CIA, est considéré comme mort au début de la série. Shaw un ancien agent du gouvernement qui s'occupait des numéros pertinents est elle aussi considérée comme morte. Root, quant à elle, est une ancienne tueuse à gage. La paranoïa de tous les personnages est donc tout à fait compréhensible.
Ils ont aussi tous des codes moraux assez différents. Reese, doit se défaire au départ de ses habitude de tueurs, mais reste un homme violent, qui, même s'il vise toujours les épaules et genoux, n'hésite jamais à sortir son arme et agir. Shaw est une version encore plus difficile de Reese, puisque se diagnostiquant comme une sociopathe, n'a aucun remord à tuer. Elle se plie surtout aux demandes de Finch. Qui quant à lui est la boussole morale de chacun, puisque c'est celui qui croit le plus en la vie de l'humanité et au « bien ». Et c'est bien parce qu'il a transmis à la machine que « chaque vie compte », que celle-ci a pu, peu à peu, faire comprendre cela à Root. Celle-ci est tout de même, pendant un long moment, une frappadingue sans pratiquement aucun code moral. Le surnom que lui donne Fusco, « Cuckoo's Nest », n'est pas à oublier.
Chaque personnage évolue aussi au contact des autres, des événements et de la machine. Reese, un homme brisé et un peu pathétique, trouve un but à sa vie grâce à Finch et est inspiré par la détermination de Carter. Celle-ci, reste toujours la plus droite de tous les personnages, mais va apprendre à faire confiance. Finch, au contact de Root, questionne constamment sa propre création, son existence, son code moral. C'est surement les débats les plus intéressants. D'autant plus qu'au passage, Michael Emerson et Amy Acker restent les meilleurs acteurs de la série. Root est celle qui évolue le plus au cours de la série, de part sa relation avec la machine, ses discussions avec Finch et sa relation avec Shaw. Cette dernière reste un loup solitaire, qui pourrait partir quand elle le souhaite, mais finit par avouer que finalement, il y a des gens qui comptent suffisamment. Fusco quant à lui, passe d'un flic ripoux, au grand héros, qui se préoccupe des autres et fait preuve d'un grand courage. Une évolution construite au fil du temps et qui fait de lui un personnage emblématique de la série.
L'essentiel peut-être dans Person of Interest, c'est que la machine, aurait eu toute sa place dans « des personnages atypiques », et c'est bien ça, la force de cette série.
PS : En dehors de Shaw j'entends ;).
PS2 : Pour plus de précision sur mon avis par saison, je vous invite à parcourir mes listes par année :
Saison 1 : http://www.senscritique.com/liste/Top_13_series_2011_2012/76908
Saison 2 : http://www.senscritique.com/liste/Top_series_2012_2013/136301
Saison 3 : http://www.senscritique.com/liste/Top_series_2013_2014/267828