Teenage Revolution !

Les espagnols squattent nos écrans depuis quelques temps maintenant. Et on ne va pas se mentir, ils s'en sortent souvent avec brio ; surtout en ce qui concerne le Cinéma, pour ma part.

Avec Physique ou Chimie, ils s'attaquent au format "Serie".

Au début, je n'y croyais pas tellement. Les premiers épisodes enchaînent les clichés de façon plutôt impressionnante, tous les personnages, qu'ils soient profs ou élèves, semblant incarner un stéréotype bien précis. Fort heureusement, avec 7 saisons a son actif, la série a bien eu le temps de développer ses personnages. Des personnalités hautes en couleur, a la fois touchantes et fortement agaçantes (bah oui, les ados c'est chiant), qu'on prend un malin plaisir a suivre durant pas moins de 77 épisodes. Bien évidemment, il y a eu quelques baisses de régime. Maintenir une histoire aussi inexistante durant sept saisons sans lasser le spectateur, c'était un pari risqué, et pour cause, certaines intrigues sont un peu tirées par les cheveux et tombent légèrement dans la surenchère. Mais au final, qu'importe. Ces dernières ne sont qu'un prétexte pour travailler sur les relations que les personnages entretiennent entre eux, ce qui constitue en soit le véritable scénario. Les histoires d'amour se font et se défont a toute allure, les amitiés que l'on croyait incassables se brisent sans un au revoir, et les plus improbables se forment sans qu'on ai le temps de les anticiper. Et ça, c'est bon. Finit les éternels amours d'adolescent cucul qui durent toute la vie : ici, on a droit a des dialogues crus, des histoires pour la plupart réalistes, et des emmerdes a foison. Certains personnages ne seront pas ménagés, et c'est tant mieux. Ceux que l'on croyait bons ne le sont pas forcément, ceux que l'on croyait mauvais se révèlent au contraire bien plus sympathiques ou alors encore plus salauds qu'on ne l'avait prévu. La série joue au yoyo avec les émotions du spectateur en même temps que les protagonistes. Tous les personnages, qu'ils soient secondaires ou principaux ont leur moment de gloire et interagissent entre eux sans s'enfermer toute une saison dans le même cercle d'amis.

En abordant des thèmes parfois durs avec beaucoup de justesse comme l'alcool, les drogues, le racisme, l'homosexualité, la pédophilie, ou les complexes physiques propres aux adolescents, le ton de la série se veut a la foi cru, drôle et parfois bouleversant. En alternant entre des ambiances tantôt bon enfant, glauques, ou romantiques, rien n'est surjoué, tout est foutrement juste et sincère. Mention spéciale aux jeunes acteurs, qui portent la majeure partie de la série sur leurs petites épaules, en plus de leurs aînés et professeurs, qui ne sont pas en reste, loin de là. J'ai cependant pris plus de plaisir a suivre les péripéties des jeunes, celles des adultes ayant du mal a me toucher (bah oui, j'ai que 16 ans, mais j'y repenserais quand j'aurais pris quelques années dans la gueule), certains professeurs restant tout de même très attachants comme Blanche, Irène et Rock, qui sont de loin mes préférés. Pas de mauvaises personnes, mais pas des saintes ni-touches non plus, ils sont chacun bourrés de défauts plus ou moins ridicules et parfois handicapants, ce qui les rend a l'instar de leurs cadets, diablement réalistes et donc attachants (ou pas). Parmi les élèves, Joy, Fred,Paula et Gregory sont mes "petits chouchous" si je puis dire, Greg' étant considéré au tout début de la série (et pendant pas mal de temps) comme le caïd insupportable, fouteur de merde, raciste et homophobe (la totale, quoi), mais qui, sans avoir fait disparaître tous ces nombreux défauts, parvient au fur et a mesure a sortir de sa carapace de sale petit enculé de merde (ne mâchons pas nos mots) pour devenir plus humain et moins typé "p'tite racaille sans sentiments". Paula étant celle sur qui on peut compter, avec un caractère bouillonnant et une langue bien pendue, on retrouve chez elle cette fausse innocence propre aux adolescents, et qui la rend de surcroît très séduisante (cela n'engage que moi, bien évidemment) et sa relation avec Gregory au cours de la saison 4 se révéle très intéressante et pour ne pas changer : fichtrement touchante. Joy et Fred forment quant a eux un des duo les plus innatendus de la série, l'un étant la tête de turc de ses camarades car il est homosexuel, et l'autre étant considéré comme "la salope du bahut". Leurs démonstrations d'affection l'un envers l'autre, qu'elles soient verbales ou physiques, font toujours chaud au coeur et transpirent la sincérité. Individuellement, ils se trouvent aussi être deux gros calibres en matière de personnages, chacun possédant un caractère fort et sans hypocrisie, tout en franchise et en humour. Fred étant a mille lieux du cliché de l'homo efféminé et accro a la mode comme on a pu l’apercevoir dans Glee (série que j'affectionne particulièrement malgré tout), il m'aura fait rire a maintes reprises, et même beaucoup ému. Joy, que je ne pouvais pas saquer au début, a fait ses preuves en tant qu'amie loyale et sincère, et malgré ses conquêtes sexuelles plutôt impressionnantes, est certainement le personnage le plus droit et sincère de la série.

Bien évidemment, 7 saisons en se concentrant uniquement sur les histoires de coeurs de ses protagonistes, la série n'aurait pu que plonger. Fort heureusement, ce n'est pas le cas. Certaines situations sortent donc carrément de leur contexte, et versent parfois dans la violence pure et dure (qu'elle soit physique, psychologique, ou les deux a la fois). Et bien évidemment, on ne pouvait décemment pas garder tous les personnages en vie. Non, ce n'est pas un spoiler. Sept saisons sans que personne ne crève, c'est franchement pas crédible, surtout si on veut garder de l'audimat ! Certains départs un peu précipités constituent pour moi LE point faible de la série. Surtout quand ils sont aussi mal choisis que dans la saison 7 ( celui là je l'ai encore en travers de la gorge...).

M'enfin bon, tout ce qu'il faut retenir après avoir visionné Physique ou Chimie, c'est : que la vie est parfois crue, parfois amère, souvent dure et quelques fois sans issue. Mais ce serait con de s'arrêter a une analyse aussi pessimiste, car Physique ou Chimie, c'est aussi et par dessus tout : beaucoup de tendresse, des liens indestructibles, et de l'humour a foison. Un cocktail détonent qui, a l'instar de la vie, contient de bons, comme de mauvais moments. Et que malgré tout, on est obligé de faire avec.