Plus belle la vie
2.2
Plus belle la vie

Série France 3, TF1 (2004)

Quand le quotidien devient plus absurde qu'un roman de gare

Plus belle la vie, c’est un peu comme si on te proposait de vivre en direct les aventures d’un quartier marseillais où les intrigues avancent aussi vite qu’un escargot sous sédatifs. Tu penses entrer dans une série qui te parle de la vie de tous les jours, de petites histoires de voisinage, mais en réalité, tu te retrouves piégé dans un feuilleton où tout semble pouvoir se produire… sauf de l’intérêt.


Imagine un soap opera qui se déroule dans un décor aussi marseillais que la bouillabaisse, mais avec des intrigues qui oscillent entre des disputes de couple dignes de répliques entendues dans un bus et des complots machiavéliques où même les criminels semblent s'ennuyer. Le Mistral, ce fameux quartier fictif, devient alors le théâtre de tout et de rien : des meurtres mystérieux (toujours résolus après 50 épisodes de soupçons ridicules), des histoires d’amour improbables, des secrets de famille tellement secrets que même les scénaristes semblent les avoir oubliés.


Les personnages, quant à eux, sont un festival de clichés ambulants. Entre l’ado rebelle, l’homme politique véreux, le chef de police intègre mais un peu paumé, et la commère de service, c’est une véritable parade des stéréotypes, comme si on avait réuni tous les archétypes possibles pour les enfermer dans ce petit coin de Marseille. Et ne parlons pas des dialogues. Ah, les dialogues… Ils sont parfois si plats qu’on pourrait les confondre avec une recette de soupe à l’eau tiède. Entre les discussions sur la dernière rumeur du Mistral et les réflexions profondes du genre "Tu crois qu'il m’aime encore ?", tu te surprends à rêver d’un rebondissement qui te sortirait de cette léthargie scénaristique.


Les intrigues, elles, semblent avoir été écrites en mode "pilotage automatique". Un jour, on te parle d'une histoire de vol au marché, et le lendemain, on est dans une enquête policière complexe où les indices sont aussi bien cachés que les talents de certains personnages pour l'acting. Tout cela est entrecoupé de scènes de repas en terrasse et de séances de bronzette, parce que bon, c’est Marseille, il faut bien qu’on sente le soleil, même quand il n’y a rien à raconter.


Le pire dans tout ça, c’est le rythme. Plus belle la vie est diffusée à la chaîne, avec un épisode chaque jour, ce qui donne l’impression que l’intrigue avance au rythme d’une tortue en vacances. Chaque fois que tu penses que quelque chose va se passer, tu te rends compte que ce "quelque chose" n’arrivera que dans trois semaines, et encore, si les scénaristes se rappellent qu'ils ont laissé une intrigue en suspens.


Visuellement, la série n’est pas particulièrement marquante. Les décors sont ce que tu t’attendrais à voir dans n’importe quel studio télé à petit budget : des bistrots, des appartements sans âme, et une place du Mistral où tout le monde semble se croiser au même moment, comme s’ils étaient les seuls habitants d’un quartier fantôme. Les cadrages sont fonctionnels, sans grande créativité, comme si la caméra était là pour juste enregistrer, sans réelle passion derrière.


Cependant, malgré toutes ces faiblesses, Plus belle la vie a su créer une communauté de fans qui se délecte de ces intrigues sans fin. Il y a quelque chose d’étrangement réconfortant dans cette banalité exagérée, une sorte de plaisir coupable où tu te retrouves à regarder, même si tu sais que tu aurais pu passer ce temps à faire autre chose de plus constructif… comme regarder de la peinture sécher, par exemple.


En résumé, Plus belle la vie est un feuilleton qui tente de capturer le quotidien avec une touche de drame, mais qui finit par ressembler à une longue attente pour un rebondissement qui ne vient jamais. Si tu cherches des dialogues percutants, des personnages profonds ou une intrigue haletante, tu seras déçu. Mais si tu es du genre à apprécier les soaps où tout est prévisible, où les secrets de famille sont aussi explosifs qu’un pétard mouillé, et où tu peux rater 30 épisodes sans avoir l'impression d'avoir loupé quoi que ce soit, alors bienvenue au Mistral.

CinephageAiguise
3

Créée

le 14 oct. 2024

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