Pourquoi, mais surtout contre qui ?

Nous aurions sans doute préféré que Camille Etienne et Solal Moisan nous disent plus clairement contre qui ils se battaient plutôt que pourquoi - ce que tout le monde comprend aisément. Nous aurions sans doute préféré que le film soit axé exclusivement sur la fonte des glaces, sans interludes de danse contemporaine et sans séquences sur les pourtant dramatiques inondations intervenues en Belgique l’été dernier. Malgré ces écueils qui auraient pu être éviter, force est de constater que le film remplit trois fonctions essentiels du septième art : parler de soi, délivrer un message, et montrer l’invisible. Pourquoi on se bat évoque brièvement l’enfance de Camille Etienne, dans un village non loin de Bourg Saint Maurice où était diffusée cette première projection dans le cadre du Festival des Arcs. Le documentaire délivre aussi un message d’engagement à cette génération, en montrant l’exemple par ce voyage en Islande sur un voilier, expérience humaine qui a permis aux deux réalisateurs de saisir avec encore plus de finesse l’urgence. En matière de montrer l’invisible, l’entretien de la glaciologue mêlé aux images infrographiques permettent également une médiation sur la préoccupante fonte des glaces et sur les effets du délitement du permafrost, composé organique enfoui sous la glace. Pourquoi on se bat ? Parle ainsi à toutes les générations, en favorisant cette médiation nécessaire sur la transition écologique, médiation sans cesse sublimée par la juste voix off de Camille Etienne et la sobre direction photo de Solal Moisan. Une médiation qui devra sans nul doute user davantage du cinéma pour emmener les foules vers ce pari du XXIe siècle. Camille Etienne, n’est plus seulement le « haut parleur » des causes écologiques qu’elle embrasse, mai en devient désormais projectionniste.