Prenez garde à Batman, c’est un peu comme si tu décidais de refaire la légende du Chevalier Noir, mais en troquant la cape et l’atmosphère gothique pour un rendu 3D tout droit sorti d’un jeu vidéo des années 2000. Tu te dis, "OK, c’est Batman, ça va forcément être cool". Mais après quelques épisodes, tu te rends compte que, bien que Gotham ait toujours son lot de criminels et de mystère, l’ombre du justicier en capuche manque un peu de son mordant habituel. Disons que l’éclat de la chauve-souris est resté quelque part dans les pixels.
L’un des choix audacieux de la série, c’est de laisser de côté les méchants emblématiques comme le Joker, le Pingouin ou Double-Face pour se concentrer sur des antagonistes moins connus, comme Professor Pyg et Mister Toad. C’est courageux, certes, mais est-ce que ça fonctionne ? Pas vraiment. Si l’idée de renouveler la galerie de méchants est louable, on ne peut s’empêcher de se dire qu’on aurait bien échangé ces personnages de seconde zone pour un petit tour de Joker déjanté. Au lieu de cela, tu te retrouves face à des vilains qui, bien que bizarres, ne te donnent pas cette montée d’adrénaline à laquelle tu t’attends dans une série Batman.
Et Batman lui-même ? Eh bien, notre bon vieux Bruce Wayne est toujours aussi sérieux et bourré de gadgets, mais il manque ce petit quelque chose qui fait de lui l’icône torturée qu’on aime. La série veut nous montrer un Batman plus jeune, plus agile, et surtout plus high-tech, mais en troquant l’ambiance sombre et pesante de Gotham pour une esthétique 3D un peu trop propre. C’est comme si quelqu’un avait passé un coup de polish sur tout ce qui rendait Gotham inquiétante et mystérieuse. Le résultat, c’est une version aseptisée de la ville, où même les ombres semblent avoir été soigneusement rangées.
Visuellement, la série a opté pour une animation en 3D, un choix qui ne plaira pas à tout le monde. Si certains apprécieront l’aspect moderne, d’autres (et ils seront nombreux) regretteront le charme de l’animation traditionnelle. Les mouvements des personnages manquent parfois de fluidité, et tout semble un peu trop lisse pour un univers aussi sombre que celui de Batman. Les combats, bien que dynamiques, perdent de leur impact à cause de cette esthétique rigide, et tu te retrouves à regarder une chorégraphie plus qu’un combat véritablement intense. Pour une série où l’action devrait te tenir en haleine, ça fait un peu mal.
L’autre gros changement, c’est le partenariat entre Batman et Katana. Oui, Katana. Pas Robin, pas Batgirl, mais une nouvelle coéquipière qui, bien que sympathique, peine à s’imposer comme un véritable sidekick iconique. Leur relation manque un peu de cette alchimie explosive que l’on attend dans un duo, et bien que Katana soit badass à sa manière, elle ne parvient pas à combler l’absence de Robin ou d’Alfred dans l’action.
Et Alfred, justement, est un autre point de débat. Dans Prenez garde à Batman, notre bon vieux majordome troque son rôle de conseiller sage pour celui d’un ancien agent secret surentraîné, prêt à dégainer au moindre danger. Alors certes, Alfred en version "James Bond" peut surprendre et même intriguer, mais il perd un peu de cette douceur paternelle qui faisait de lui le pilier émotionnel de Bruce. Ici, on se demande presque si Alfred ne pourrait pas faire le boulot de Batman à sa place, ce qui, avouons-le, casse un peu la dynamique classique.
Côté intrigue, la série propose des épisodes plutôt corrects, mais rien qui ne fasse vraiment vibrer les fans de longue date. Les arcs narratifs manquent de profondeur, et tout semble trop rapide, trop léger pour le monde de Batman, où l’on s’attend à des dilemmes moraux complexes et à des intrigues tordues. Ici, les mystères sont résolus sans grande difficulté, et tu te retrouves à attendre ce moment où la série va vraiment décoller… mais il ne vient jamais.
En résumé, Prenez garde à Batman est une tentative courageuse de moderniser le Chevalier Noir, mais elle se prend les pieds dans le tapis en voulant trop s’éloigner des éléments qui font de Batman une icône. Entre l’esthétique 3D qui ne convainc pas, des méchants qui manquent de panache et une intrigue qui survole trop les choses, on reste sur notre faim. Si tu es fan de l’univers, tu y trouveras peut-être quelques moments intéressants, mais pour l’ombre menaçante de Gotham, mieux vaut retourner vers d’autres adaptations plus marquantes.