/!\ ATTENTION : CE POST CONTIENT DES SPOILERS DES SAISONS 1 À 7 /!\


J'ai commencé à regarder Pretty Little Liars à l'âge de 14/15 ans. Je ne dirais pas que j'avais un goût particulièrement affiné pour choisir mes séries à cette époque, mais je n'avais pas non plus mauvais goût en la matière. J'étais dans la moyenne, tout comme cette série.
À l'époque, vu ma tranche d'âge, je pense pouvoir dire que je faisais partie du public type de cette série pour ados. J'ai grandi en suivant les aventures des quatre protagonistes et la logique voudrait qu'aujourd'hui encore je sois le public type de cette septième saison. Comment expliquer alors ma consternation à chacun des épisodes que je visionne ?


Pretty Little Liars, au départ, c'est l'histoire de quatre amies qui se sont perdues de vue à la suite de la disparition d'Alison, la meneuse du groupe. Au début de la série, un ans plus tard, le cadavre de ladite Alison est finalement retrouvé et chacune des quatre anciennes amies commencent à recevoir des messages signés de la lettre « -A » menaçant de révéler des secrets que seule Alison semblait en mesure de connaître. Chaque fille a sa propre histoire et des secrets particuliers. Aria sort avec l'un de ses professeurs, alors même que son père a eu une liaison avec l'une de ses élèves. Spencer, la première de la classe enivrée par la compétition, sort en réalité avec le petit ami de sa sœur Melissa. Emily, la fille d'un militaire, est homosexuelle. Et Hanna, la beauté du lycée, était autrefois boulimique.
Bien sûr, ce sont des secrets d'adolescentes ! Des petits secrets qui dans l'univers clos du lycée revêtent souvent une importance disproportionnée. Et c'est précisément parce que les drames des quatre protagonistes ne sont pas plus impressionnants que nos propres déboires quotidiens que l'on comprend le calvaire que devient pour elles ce chantage permanent. On s'identifie nécessairement plus ou moins à l'une d'entre elles, selon les problèmes que soi-même on a rencontré au lycée. Comme elles, on en veut à Alison, quand bien même on se doute que les messages ne proviennent pas d'une morte. Au travers des flash-back des une et des autres, on découvre à quel point cette amie était étouffante et manipulatrice : on la voit rabaisser Hanna, laquelle se sent éclipsée et perçoit peu à peu Alison comme un modèle de beauté ; se servir des sentiments d'Emily pour expérimenter ses premiers baisers ; dénigrer le sérieux de Spencer ou encore émettre des jugements malvenus sur le père d'Aria.
Mais on apprend aussi qu'aucune d'elles n'est réellement irréprochable. Sous l'impulsion d'Alison, toutes ont participé à une mauvaise blague lors de laquelle elles ont incendié la cabane de Tobby, l'outsider du lycée ; incendie qui a rendu aveugle Jenna, la cousine de ce dernier.


Au fil de la série, on découvre également les personnages secondaires. La plupart n'échappent pas à quelques stéréotypes, mais tous parviennent à leur manière à nous parler. L'inquiétant Tobby se révèle sensible dans son amitié avec Emily. Lucas, le geek par excellence, se plie en quatre pour la jolie Hanna qui ne le voit que comme un ami. Paige s'en prend physiquement à Emily afin de refouler son attirance pour cette dernière. Caleb fait figure de type louche jusqu'à ce qu'Hanna découvre qu'il est à la rue.
La série parvient durant les 2/3 premières saisons à jongler avec les suspects, sans en accuser aucun mais en soulignant les attitudes louches de chacun. Qui harcèle donc les quatre amies ? On suspecte tantôt Jenna, par soif de vengeance, tantôt Melissa qui sortait avant avec le frère d'Alison, tantôt Lucas dont Alison se moquait autrefois.
Finalement, après deux saisons, la coupable est démasquée : il s'agit de Mona, ancienne « ringarde » du lycée prise pour cible par Alison et devenue après sa disparition la meilleure amie d'Hanna. Un peu dérangée et profondément traumatisée par l'époque où elle était victimisée, le harcèlement constitue pour elle autant une vengeance qu'un moyen de se sentir influente dans la vie du groupe d'amies qui autrefois la rejetait.


Alors que l'histoire semble terminée, la série embraye avec une troisième saison. On est heureux de retrouver nos quatre amies et on se plie au jeu en suivant leurs nouvelles aventures. Cette fois, Mona a été placée en hôpital psychiatrique, hors d'état de nuire. Mais non seulement les filles font de nouveaux face à un mystérieux corbeau, et en plus elle se retrouve confrontée à Red Coat, le sosie d'Alison. Serait-elle encore en vie ?
Alors que l'intrigue des deux premières saisons demeurait relativement cohérente, l'idée qu'Alison est effectivement en vie commence à émerger et à déstabiliser. Alison finit bel et bien par refaire surface – saison 4 ou 5, je ne me rappelle pas bien … – et on apprend qu'une soi-disant Sara disparue en même temps qu'elle aurait été enterrée à sa place. Là, ça commence à être dur à avaler, mais on admet l'erreur parce qu'on apprécie toujours la série. Autre retournement : on apprend que Jason, le frère d'Alison, est en fait le fils que la mère de cette dernière a eu du père de Spencer. L'intrigue familiale frôle le manque d'inspiration, mais encore une fois on passe outre pour poursuivre sereinement la série.


Et puis vient la saison 5 – j'ai envie de dire : « la saison où tout dérape ». On sait maintenant qu'Alison a fui car elle était elle-même la cible d'un harcèlement quotidien et qu'elle a trouvé de l'aide auprès de son amie Cece , après avoir, selon les bons conseils de Mona, décidé de se faire passer pour morte. À l'époque, le corbeau devait être Mona, mais quelqu'un semble encore être sur la trace d'Alison. Afin qu'elle puisse refaire surface publiquement, ses amies tentent de trouver celui ou celle qui se cache derrière tout ça et finissent par être kidnappées et enfermées dans « la maison de poupées » : un immense bunker enterré au beau milieu de la forêt où il est presque impossible de les retrouver. L'intérieur est composé de salles semblables aux pièces d'une maison de poupée. Chacune des filles dispose de sa propre cellule où elle est quotidiennement torturée.
Si le concept semble relativement sympa pour un thriller, voire un film de S-F, il apparaît complètement hors-sujet dans la série. Le ton n'est plus le même. Les producteurs ont craqué ! Oui, car avant tout, du strict point de vue de la crédibilité, ce kidnapping de masse et cette séquestration ne collent pas. Sérieusement, qui dispose d'un bunker géant aménagé sous la forêt ? Imaginez le prix de la construction, seulement celui de l'aménagement ! Oui, car l’infrastructure dispose d'un sacré système de surveillance et même un petit geek très calé sur le sujet aurait besoin d'une fortune pour mettre cela au point. Or, à ce moment-là dans la série, parmi la liste des suspects, aucun ne semble être assez fortuné pour mettre un tel dispositif en place.
La défiance ultime de toute logique se poursuit quand le quatuor est libéré de la « maison de poupées » en même temps que Sara, cette même Sara qui est supposée être enterrée à la place d'Alison. Alors qui est dans le cercueil ? Eh bien là, j'avoue que je sèche. Il est possible que depuis le temps j'aie simplement oublié, tout comme il est possible que l'explication ait été tellement tordue qu'elle n'a pas atteint mon cerveau.


Tenez-vous bien maintenant car l'heure de la révélation arrive. Au beau milieu de la saison 6, voilà que -A est démasqué ! Il s'agit de Cece. Cece est en réalité Charles, le frère d'Alison et de Jason interné par ses parents parce que... parce qu'il portait des robes. Charles s'est évadé de l'hôpital psychiatrique, s'est réfugié chez sa tante, la sœur jumelle de la mère d'Alison, a changé de sexe, est retournée en psychiatrie sous le nom de Charlotte où elle a rencontré Mona dont elle a repris le jeu, dans le but de... se venger et faire partie d'une certaine façon de la vie de sa sœur (Alison) dont elle a toujours envié le sexe.
Bon, déjà,là, vous avouerez que les motivations sont contestables. D'une, quand est-ce que des parents décident d'interner leur fils pendant presque 10 ans juste parce qu'il aime porter des jupes ? Quand est-ce que des psychiatres acceptent cet internement ? Et à quel moment la transsexualité transforme quelqu'un en sadique narcissique ? …
Mais ce n'est pas tout ! Car nous apprenons ensuite que Charles/Charlotte n'est en fait pas le frère mais le cousin d'Alison, c'est-à-dire le fils de Mary, la sœur de la mère d'Alison, qui a été confié à son oncle et sa tante car Mary était – attention suspense ! – internée en hôpital psychiatrique ! Oui, ça commence à faire beaucoup. Et Pretty Little Liars donne vraiment l'impression que tous les gens qui passent par un service psychiatrique sont des dégénérés profonds. Dont les transsexuels. Merci l'évolution des mentalités !
Entre temps, la fameuse Sara s'est avérée être de mèche avec Charlotte et, en fait, on ne sait pas trop pourquoi...


Là, on se dit que la série pourrait s'achever avant de partir complètement en cacahuète. Mais nous ne sommes qu'au milieu de la saison 6. Et – surprise ! – voilà qu'on fait un bond de 5 ans dans le temps. Bon, d'accord, ça fait 6 ans que les demoiselles sont lycéennes et le public a grandi. Alors décider de faire un bond dans le temps pour clore la série, ça paraît à la base justifié, c'est supposé rendre les protagonistes plus matures et rapprocher leurs préoccupations de celles du public. En effet, les adolescentes de 15 ans (dont moi) qui regardaient la saison 1 ont à présent 20 ans et ne voient plus vraiment les apparences chères aux yeux des lycéens comme un impératif.
Même si on reste sceptique, on entame la seconde moitié de la saison 6 et on est satisfait en ayant l'impression que les protagonistes sont plus posées et plus réfléchies que dans la saison précédente. Alison est revenue à Rosewood et essaye comme elle peut de se réintégrer en travaillant comme professeur dans leur ancien lycée. Chacune des autres est partie faire sa vie et voilà qu'elles se retrouvent toute à l'occasion du jugement pour la remise en liberté de Charlotte qui a été suivie et soignée. Malgré quelques hésitations, personne ne s'y oppose et toutes s'entendent – au moins en apparences – pour pardonner à leur ancien bourreau.
Seulement, le lendemain matin, Charlotte est retrouvée morte et les filles deviennent la proie d'un nouveau maître chanteur qui exige que le meurtrier se dénonce et, si le meurtrier ne se trouve pas parmi elles, qu'elles le retrouvent, sans quoi elles paieront à sa place.
La seconde moitié de la saison 6 et la saison 7 sont d'un ennui mortel et d'une incohérence sans pareil. Alison épouse le docteur de Charlotte, lequel se révèle être un imposteur qui tente de la faire passer pour folle pour la coller – devinez où ! – dans un service psychiatrique ! Le faux docteur est finalement accidentellement renversé par Hanna en essayant de prendre la fuite. Et, alors même que les autorités savent que le mari d'Alison est un criminel et surtout alors même qu'il s'agit d'un accident, la petite bande de copines décident d'enterrer le corps et de faire croire que le bonhomme est en fuite afin d'éviter à Hanna la prison. Entre nous, en disant la vérité, elle n'y aurait certainement pas passé plus d'un mois ou deux. Ça leur aurait évité bien des ennuis. Et nous, ça nous aurait évité l'ennui de cette dernière saison. Pour le gain de maturité des personnages, on repassera ! À quoi cela servait-il de faire un bond de 5 ans dans le temps si c'était pour qu'elles réagissent toujours comme des gamines irresponsables ?!
Et puis, comme ça fait longtemps qu'on n'a pas eu droit à un petit drame familial, on nous apprend du même coup que Spencer est en fait la fille de Mary – donc techniquement la demi-sœur de Charlotte – car son père a eu un enfant avec elle en croyant coucher avec la mère d'Alison (sa jumelle). Avis à ceux d'entre vous dont le copain ou la copine a un jumeau : surtout, ne vous trompez pas ! Sérieusement... Le désespoir me gagne... D'ailleurs, quitte à rester dans les raisonnement psychiatriques d'avant-guerre, j'ai oublié de mentionné (parce que si je détaille tout, on sera encore là demain !) que dans une saison précédente Spencer avait fait un petit séjour en hôpital psychiatrique. Très certainement héréditaire... Merci PPL. Merci l'évolution des mentalités !


Bref, la saison 7 de Pretty Little Liars, c'est une poignée d'épisodes pendant lesquels on tourne en rond ; pendant lesquels on nous ressort tous les suspects des précédentes saisons en essayant de la manière la moins subtile du monde de nous convaincre que cette fois c'est eux les coupables ; pendant lesquels les protagonistes finissent de perdre le peu de personnalité qu'il leur restait ; et pendant lesquels on a envie de se faire un nouveau vernis ou de jouer à la console pour aider à passer le temps.


Alors que je m'apprête à regarder le dernier épisode de cette torture audio-visuelle – et donc que ma délivrance est à portée de main – je me rends compte qu'il dure 1h30. UNE HEURE TRENTE ! Sérieusement ? Dans l'épisode précédent, nous avons déjà appris que Mona avait plus ou moins accidentellement tué Charlotte. Donc la boucle est presque bouclée et il ne reste finalement plus qu'à découvrir qui est le dernier maître chanteur de la série, après Mona, après Charlotte, et qui justement entend venger la mort de cette dernière.
Soyons francs. En lançant cet épisode, je ne m'attends pas à l’apothéose. Je ne m'attends pas à ce que la série que j'appréciais tant étant plus jeune retrouve soudainement un niveau convenable après presque 3 saisons de dérive totale. Mais j'espère timidement un final satisfaisant et un minimum cohérent.


Alors, l'épisode commence. Alison a changé de coupe de cheveux et carrément de tête. Mona observe la joyeuse petite bande libérée de « -A » et alors qu'elle croupie dans une cellule d'HP digne d'une prison chinoise, A.D vient lui rendre visite. Soit elle est effectivement dans une prison chinoise. Soit les HP à Rosewood sont les moins bien surveillés de toute l'Amérique !
On commence à retrouver de vrais personnages avec leurs propres problématiques : Alison et Emily qui remarquent une bande de jeunes lycéennes qui persécutent l'une de leurs camarades – tiens, PLL 2.0 ? – Aria qui doit confesser sa stérilité à Ezra la veille de leur mariage, Hanna qui essaye de prendre soin de son amie Mona même si tout le monde pense qu'elle fait fausse route.
On retrouve brièvement mais avec grand plaisir les mères des quatre protagonistes, auparavant très présentes dans la série mais complètement effacée depuis le bond dans le temps. L'épisode se déroule à peu près bien jusqu'à ce que Mona retourne sa veste et kidnappe Spencer – kidnapping 2.0 – pour la confier à Mary Drake dans un espèce de sous-sol glauque – Doll House 2.0 ? La gentille maman de Spencer s'est évadée de prison mais ce n'est pas tout, car nous découvrons du même coup l'existence d'Alex Drake, la sœur jumelle de Spencer. Alors là, chapeau ! Nous sortir une jumelle de nulle part au dernier épisode de la série, c'est ridiculement osé ! Et pas du tout original... Mais la petite scène de confusion du pauvre Wren qui pense parler à Spencer vaut quand même le détour.
Du coup voilà que c'est la sœur jumelle de Spencer qui se fait passer pour elle afin de venger la mort de sa sœur Charlotte. Tout le monde suit toujours ? Bon, en soi l'idée n'est pas si mauvaise que ça. C'est juste que malgré les flash-back exposés pour nous dire : « Eh, regardez ! Vous auriez pu le deviner ! » il n'y a réellement que la scène de l'aéroport avec Wren qui faisait paraître Spencer suspecte et justement à l'époque on avait bien rigolé en se disant : « Ça y est, maintenant Spencer a une sœur jumelle ! ». Non et puis sérieusement, c'est quoi tous ces enfants abandonnés qui arrivent à se procurer des bunkers blindés total high-tech en mode oklm ? Et le fait qu'Alex s'en remette à Mona, on en parle ? Non, parce que c'est quand même Mona qui a tué Charlotte. C'est donc d'elle qu'Alex est supposée vouloir se venger, à la base... Pretty Little Liars, c'est l'art de vouloir nous pondre des personnages psychologiquement torturés tout en étant incapable de les écrire de façon cohérente.
Bon, finalement tout est bien qui finit bien. À cela près qu'on ne sait absolument pas ce qu'il advient d'Alex après son arrestation. Mona s'en va vivre dans un mini-stéréotype de la France ultra flippant. Je préfère penser que la scène qui montre Mary et Alex prisonnières n'est que le fruit de son imagination. Mais quand bien même tout cela n'a lieu que dans la tête de Mona, ça sous-entend qu'elle demeure incapable de dépasser ses troubles, d'évoluer, et on reste donc sur une vision très négative des troubles comportementaux ; comme si c'était absolument incurable, ce qui me paraît assez réducteur.
La série s'achève sur une scène finale à la fois très peu originale et assez inattendue. Addison et son groupe de copines font du camping dans une grange – à croire que c'est une mode dans ce pays ! – et Addison est portée disparue au milieu de la nuit. L'idée de l'histoire qui recommence n'est pas mauvaise en soi mais tout est trop similaire au premier épisode de Pretty Little Liars : le même nombre de filles, des profils plus ou moins identiques aux précédentes protagonistes, une soirée en tout point identique à celle durant laquelle Alison avait disparu et SURTOUT mot pour mot les mêmes répliques : « She's gone », etc...


Je prie pour que ce soit juste une petite feinte finale des scénaristes et non le commencement d'une pseudo-suite sur une autre bande d'adolescentes. Auquel cas je ne suivrai pour rien au monde cette nouvelle série dont le potentiel avoisine le néant. Les scénaristes ont déjà donné tout ce dont ils étaient capables dans cette série et malheureusement ils sont même allés beaucoup trop loin. En pensant donner au spectateur de l'originalité, ils lui ont durant les trois dernières saisons livré des intrigues non seulement tirées par les cheveux mais aussi totalement prévisibles. Je reste déçue de voir ce qu'une série au départ très sympathique est devenue au fil du temps, mais néanmoins soulagée de constater que ce dernier épisode a été légèrement au-dessus du reste de la saison et que ce massacre scénaristique semble bel et bien terminé.

Rodreamon
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le 15 juil. 2017

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Cliffhunter ➳

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