Très bonne surprise !
C'est une série en une seule saison (26 épisodes), idéale pour apprendre les bases du baseball. Les personnages sont équilibrés, le scénario est cohérent. Les thèmes ? Amour, sport, amitié,...
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le 9 nov. 2011
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Princess Nine est un anime étonnant à plus d’un titre. Il suffit de jeter un coup d’œil à son équipe pour s’en persuader : un réalisateur mythique, surtout connu pour ses comédies romantiques pendant les années 80 (dont Cynthia ou le Rythme de la Vie), un compositeur chevronné spécialisé dans la musique symphonique et qui en fera ici un usage somptueux, mais une histoire imaginée par un ingénieur du son, et scénarisée par quelqu’un officiant habituellement comme producteur. Cela donne une impression similaire à un projet comme Patlabor : celle d’un anime conçu par des collègues de travail alors qu’ils œuvraient sur une autre série, et qu’ils ont finalement réussi à concrétiser. Même si en l’occurrence, ils ne paraissent pas bénéficier d’un budget exceptionnel.
La série nous parle de baseball, mais pour une fois pratiquée par des lycéennes. Et il ne s’agit en rien d’un simple gadget, juste là pour faire joli ou pour introduire du fanservice, mais d’un authentique parti-pris narratif. Non seulement, nos héroïnes vont devoir se dépasser pour survivre dans un monde d’homme et prouver qu’elles y ont leur place, mais cela autorise aussi l’équipe à jouer la carte sentimentale bien plus que dans n’importe quelle autre série sur ce thème ; à ce titre et considérant le passif du réalisateur, il s’agissait du choix le plus pertinent possible. Par rapport à la majorité des œuvres mettant en scène des sports collectifs, chaque joueuse est détaillée, caractérisée, nous connaissons son parcours et nous éprouvons de l’empathie pour elle ; la constitution de l’équipe prend du temps (plus d’un tiers de la série), mais le voyage en vaut la peine. Tandis que dans une série comme Kuroko no Basket, alors que les équipes ne comptent que 5 joueurs sur le terrain (contre 9 au baseball), nous ne connaissons vraiment que les deux héros, à la rigueur leurs deux principaux ainés, mais cela n’ira jamais plus loin ; il y a toujours au moins un joueur, dans leur équipe, dont nous nous foutons royalement. Et ce n’est pas gênant dans la mesure où il ne compte même pas : seule la victoire importe.
Ici, à l’instar de Ace wo Nerae, la victoire importe moins que l’épanouissement personnel des joueuses. Ce qui ne les interdit pas de gagner, d’ailleurs le scénario reprend énormément de poncifs du shônen sportif. Ainsi se crée rapidement une situation étrangement paradoxale : le déroulé parait prévisible en raison des poncifs en question, mais en même temps, la série semble capable de nous surprendre à tout instant, ou de dresser un obstacle insurmontable sur leur chemin. La courte durée de l’anime (26 épisodes), par rapport au temps nécessaire pour composer l’équipe, interdit la moindre certitude quant aux événements qui ne manqueront pas de survenir.
D’un point de vue purement technique, l’animation souffre de son inconstance, avec pas mal de réutilisations de séquences ou de passages avec un mouvement minimaliste, sans doute par souci d’économie avant d’en arriver aux scènes d’action. Dans un autre registre, le chara design, passé de mode, surprendra les spectateurs connaissant mal les productions de l’époque. Beaucoup plus digne d’éloges, les compositions orchestrales de Masamichi Amano (aussi responsable de la bande-son de Giant Robo), recourant largement à la musique classique, accompagnent à merveille chaque plan de la série, leur donnant parfois un sens épique qui pourrait paraitre disproportionné, si cela ne donnait pas un résultat tout simplement grandiose.
Malheureusement, la série souffre aussi de défauts qui l’empêchent de rester constamment aussi bonne qu’elle le devrait.
Déjà, le scénariste a tendance à maintenir le suspens autour de certains enjeux de manière extrêmement artificielle. Exemple-type : Ryo ou Izumi vont voir la mère de cette-dernière pour obtenir des informations nécessaires, mais celle-ci leur rétorque que le moment de les leur fournir n’est pas venu, et que cela ne ferait que nuire à leur entrainement ; alors que c’est justement l’absence de ces informations qui les perturbe !
Autre problème : l’image public. Soit quelque chose d’apparemment tellement important au Japon, que certains protagonistes n’hésitent pas à en sacrifier d’autres sans penser aux conséquences.
En fait, ces deux défauts ont la même origine : le scénariste donne énormément d’importance à l’extra-sportif. Au début, lors de la constitution de l’équipe, cela apparait avant tout comme un atout, puisque cela change des autres séries sur le baseball, mais l’apparition de nouveaux enjeux dramatiques en plein milieu vient par opposition perturber la dynamique mise en place jusque-là.
Heureusement, Princess Nine n’en dispose pas moins de nombreux atouts. La plupart du temps, le mélange entre sport et sentiment passe merveilleusement bien, ménageant même nombre de scènes touchantes ; cela fonctionne d’autant mieux que nous éprouvons de l’empathie pour les personnages. Du sport, la série retire la soif de vaincre, la volonté inébranlable, et une recherche bienvenue dans les antagonistes. Rajouter à cela une musique capable à elle-seule de rehausser l’attrait d’une séquence, et quelques pointes d’humour efficaces, et vous obtenez un anime tout-à-fait recommandable.
Sauf qu’il n’aurait pas dû être seulement « recommandable » ! Il existe réellement un écart qualitatif énorme entre les deux moitiés de la série. La première présente des personnalités fortes, met en avant leur potentiel, et fait progressivement monter la pression ; mais au moment où tout cela aurait dû exploser, le scénariste nous prend à rebours pour se focaliser sur de nouveaux drames, qui apparaissent comme autant d’obstacles à l’exploitation de ce qui nous avait été présenté jusque-là comme le potentiel du titre.
Concrètement, la première moitié est remplie de moments forts – sublimés par la musique – de rivalités, de non-dits, de personnages à découvrir, chaque épisode est un ravissement prouvant avoir assimilé le meilleur de la série sportive et de la comédie romantique. Par rapport à ça, les égarements de l’héroïne, durant la seconde moitié, énervent plus qu’autre chose. Le point positif, c’est que nous sommes toujours surpris, que l’anime ne suit jamais les rails que nous attendons. Seulement, concernant certaines des surprises en question, le scénariste aurait mieux fait de s’abstenir.
Pour autant, impossible de qualifier Princess Nine d’échec, tant ses débuts réservent des épisodes passionnants, qui prennent aux tripes. Mais de potentiel gâché, oui, sans aucun doute.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste [Les Incontournables] Les animes sportifs (baston inclue)
Créée
le 29 avr. 2015
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