Princess Principal appartient à ces animes qui me posent problème, à la fois dans ses intentions de base mais aussi dans son évolution. Toutefois, n’allons pas trop vite en besogne, et commençons par le commencement.
L’histoire se déroule au début du XXème Siècle, dans une Angleterre steampunk nous rejouant la Guerre Froide et la séparation des blocs. Tout comme Berlin en son temps, Londres cristallise les tensions et ressemble à un véritable nid d’espions, où se multiplient les actions secrètes jouant sur l’équilibre des forces et risquant de tout faire basculer à chaque instant. Les auteurs ne cachent pas cette filiation historique, comme l’atteste le nom de famille de l’héroïne : Le Carré, d’après le célèbre romancier spécialisé dans les récits d’espionnage.
Entre l’espionnage et le steampunk, Princess Principal dispose d’une base extrêmement solide. D’autant plus que le studio a soigné la direction artistique avec une Londres magnifique. L’animation et la réalisation ne sont pas en reste : c’est du beau travail, un plaisir à regarder. La série se situe clairement dans le haut du panier des productions japonaises. Enfin, comment ne pas succomber en écoutant la musique signée Kajiura Yuki ?
Ceci étant, la première chose que nous remarquons en regardant Princess Principal, ce sont les héroïnes. Et déjà, il y a un problème. A la différence de tous les autres personnages de la séries, elles ont un physique de « loli » très enfantin, qui fait tâche dans le paysage. D’autant plus quand nous découvrons leurs âges respectifs : la plus âgée a 20 ans, Princess et Ange 17 ans, et si ce n’est pas précisé pour les deux plus jeunes, elles doivent avoir environ 15 ans chacune. Elles ne les font pas du tout. Et c’est assez représentatif de l’animation nippone, depuis maintenant de nombreuses années, d’avoir des personnages excessivement juvéniles sans que cela ne soit justifié en aucune façon par le scénario.
Pourtant, si nous laissons de côté leur apparence quelques instants, les héroïnes sont excellentes : elles ont toute un passé complexe, une personnalité unique, et des compétences à mettre à profit pour le bien de leurs missions. Elles sont attachantes et les suivre dans leurs aventures s’avère de fait très agréable.
Chaque épisode possède sa propre histoire, à l’exception de l’habituel double épisode de fin. Petite particularité : ils sont dans le désordre, faisant que certains personnages vont et viennent au gré des histoires, puisque certaines se déroulent avant qu’ils aient tous été introduits. Le début de chaque épisode indique le numéro de la mission, ce qui permet au pire de les remettre dans l’ordre chronologique, même si cela n’apporte sans doute pas grand chose de plus. A noter que certains numéros sont assez élevés, signe que le studio s’est donné de la marge pour insérer dans la chronologie des récits inédits lors d’une éventuelle seconde saison.
Malheureusement, et c’est sans doute là le gros point faible de Princess Principal, les histoires sont très inégales. Elles peuvent se diviser en deux catégories : celles focalisées sur l’espionnage, et celles où l’espionnage ne sert que de prétexte pour évoquer le passé des protagonistes, voire – à un moment – pour les confronter à un problème de société. Celles dédiées à l’espionnage se trouvent plutôt au début de la série, et ce sont aussi celles qui, de loin, fonctionnent le mieux ; elles sont dynamiques, trépidantes, et mettent en avant les capacités de nos héroïnes dans un monde fait de faux-semblants et de trahisons où le moindre faux-pas leur sera fatal. Un régal qui permet à la première moitié de la série de s’imposer comme une des meilleures du cru 2017. Vous l’aurez compris, cela se gâte par la suite, avec une forte proportion à jouer la carte du tire-larmes (mention spéciale à un épisode 6 dépourvu de subtilité).
Princess Principal aurait pu être un très grand anime, et il l’est certainement lors de ses premiers épisodes. Lesquels justifient donc à eux-seuls que nous regardions cette série. Mais à trop vouloir explorer le passé larmoyant des héroïnes par la suite, il se perd en chemin et n’arrive plus à se montrer aussi jouissif qu’à ses débuts, malgré un double épisode final revenant à l’action et l’espionnage. Une semi-déception qui ne doit toutefois pas nous faire oublier les qualités techniques et le potentiel de la série.