Profit
7.7
Profit

Série FOX (1996)

Quand un psychopathe en costard te donne envie de mettre ton âme en vente… avec une petite ristourne

Profit, c’est la série qui t’emmène dans les recoins les plus sombres de l’entreprise moderne, là où les contrats se signent avec du sang invisible et où les réunions de direction ressemblent à des matchs de gladiateurs. Sauf qu’ici, au lieu de glaives et de casques, on utilise des téléphones, des agendas secrets, et des manipulations psychologiques dignes d’un thriller machiavélique. Et au cœur de ce labyrinthe de magouilles et de dossiers confidentiels se trouve Jim Profit, le héros (ou plutôt l’antihéros) le plus diaboliquement charismatique que la télévision des années 90 ait jamais pondu.


Jim Profit (interprété par un Adrian Pasdar qui te file des frissons avec son regard perçant) est un genre de Gordon Gekko version super-vilain : un homme sans âme, sans scrupules, et surtout sans limites. Son objectif ? Gravir les échelons de Gracen & Gracen, une multinationale impitoyable, en écrasant tout le monde sur son passage. La particularité de Jim, c’est qu’il ne se contente pas de manipuler son entourage pour obtenir une promotion. Non, il joue avec les émotions, les secrets les plus sombres, et les faiblesses de ses collègues comme un compositeur joue une symphonie. Sauf qu’à la fin de cette mélodie, il ne reste que du silence… et quelques cadavres métaphoriques.


Ce qui rend Profit si fascinant, c’est que Jim est un personnage totalement amoral. Dans un monde où la plupart des séries te montrent des héros luttant pour un bien plus grand qu’eux, Profit t’emmène dans un univers où la seule chose qui compte, c’est le pouvoir. Jim est prêt à tout pour l’obtenir, et il le fait avec une élégance machiavélique qui te pousse presque à l’admirer… avant de te rappeler que ce type est un monstre. Il est tellement charmant que tu te surprends à te demander : "Est-ce que c’est si mal, au fond, ce qu’il fait ?". Réponse : oui, absolument, mais il le fait avec tellement de style que tu ne peux pas t’empêcher de regarder.


La particularité de Profit, c’est que Jim n’est pas seulement manipulateur : il est littéralement un sociopathe. On découvre dès le début qu’il a grandi dans des circonstances pour le moins troublantes (tu te souviens de cette image inoubliable de Jim vivant littéralement dans une boîte en carton, et non, ce n’est pas une métaphore), et que son enfance chaotique a fait de lui l’homme sans morale qu’il est aujourd’hui. Et pourtant, cette backstory ne le rend pas plus sympathique, mais elle donne une explication à sa froideur chirurgicale et à son besoin pathologique de contrôle.


Chaque épisode est un nouveau jeu de manipulation. Jim ne se contente pas de tirer les ficelles : il les crée, les enroule autour de ses collègues, puis tire doucement, les laissant se débattre dans un piège qu’ils ne voient jamais venir. Il manipule les relations professionnelles et personnelles avec un talent de marionnettiste. Il joue avec les désirs et les faiblesses des autres, les entraîne dans des spirales destructrices, et se tient ensuite à l'écart en regardant tout s'effondrer, avec un sourire en coin.


Le décor de Profit est à l’image de son protagoniste : froid, austère, et terriblement clinique. L’univers de Gracen & Gracen est composé de bureaux gris, de lumières artificielles et de couloirs sans âme, ce qui ne fait qu’accentuer l’impression que cette entreprise est une machine à broyer des vies, un lieu où l’humanité s’évapore entre deux réunions PowerPoint. Et Jim s'y déplace comme un prédateur dans la jungle, exploitant la moindre faiblesse, guettant la moindre opportunité. Il est à la fois le serpent et le jardinier, prêt à tout empoisonner, mais avec suffisamment de distance pour rester inattaquable.


Et que dire des autres personnages, qui se retrouvent, volontairement ou non, pris dans la toile de Jim ? Ils ne sont pas nécessairement idiots ou naïfs, ils sont juste dépassés par l’intelligence froide de leur collègue. Qu’il s’agisse de sa patronne, Joanne Meltzer, ou de ses collègues, tout le monde semble avoir une longueur de retard face à la machine implacable qu’est Jim Profit. Ce n’est pas que ses adversaires sont faibles, c’est juste que Jim joue à un jeu auquel personne d’autre ne semble comprendre les règles. Il transforme chaque conversation, chaque sourire, chaque poignée de main en une arme potentielle.


Ce qui rend Profit si captivant, c’est son ton résolument noir. La série ne fait pas dans la dentelle, ni dans la morale. Il n’y a pas de leçon de vie, pas de message optimiste à la fin de chaque épisode. Il y a juste ce constat : dans un monde de requins, le plus gros mange le plus petit. Et Jim, c’est le grand blanc des eaux troubles de l’entreprise. Pas de rédemption possible ici, juste la montée inéluctable d’un homme qui, sans cœur ni scrupules, conquiert un empire à coups de manipulations.


Malheureusement, Profit n’a pas eu le succès qu’il méritait à son époque, peut-être parce que la télévision des années 90 n’était pas encore prête pour un personnage principal aussi foncièrement mauvais. Aujourd’hui, dans un monde où les Breaking Bad, Sopranos et House of Cards ont prouvé que les téléspectateurs adorent suivre des antihéros sans foi ni loi, Profit serait sans doute une série culte. C’était une série en avance sur son temps, avec un personnage principal qui ne cherche pas à te séduire… et c’est peut-être pour ça qu’il finit par te fasciner.


En résumé, Profit est une plongée glaciale dans un monde où l’ambition et la manipulation sont des valeurs cardinales. Jim Profit est un antihéros parfaitement diabolique, un sociopathe en costume cravate qui te rappelle que dans le monde de l’entreprise, l’humain est une denrée périssable, et le profit, la seule chose qui compte. Un classique sous-estimé, que tu devrais regarder... mais seulement si tu es prêt à passer du temps en compagnie d’un homme qui ne recule devant rien, même pas devant toi.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 16 oct. 2024

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