Lorsqu'Alain Prost apparaît au début de ce documentaire, c'est un silence qui s'installe. Quelques photos, comme pour ne retenir que l'essence d'une carrière. Tenter de comprendre et d'expliquer les couleurs d'une passion étrangère à sa vie. Ce destin de passage, et ces rêves qui semblaient appartenir à son frère, Daniel. Freinés, presque gênés malgré lui, et qui, peu à peu, se sont accélérés jusqu'à l'envahir.
Le jeune Alain Prost, dans ce kart d'enfant, découvre alors ce drôle de manège qui tourne au fil du temps, l'emporte vers le bonheur de s'imposer. Grisé par l'ivresse de la vitesse et des virages qui s'enchaînent, pour une aventure et des sensations qui ne le quitteront plus jamais.
De victoire en victoire, de trophée en trophée, Alain Prost se révèle dans chaque grondement de moteur. Avec toujours le souci d'apprendre le mécanisme d'une mécanique bien huilée, tel un professeur.
Peut-être le souvenir d'un père modeste et travailleur, d'une mère combative, qui sourit toujours devant les cabrioles de ces turbulents galopins, sans oublier cette grand-mère pleine de douceur, masquant une tragédie secrète à travers les yeux remplis d'amour pour ses petits-enfants.
Une famille, loin du monde des courses automobiles, qui observe ce jeune homme et son histoire insolite, qui trace sa route parmi les meilleurs. La Formule 1, ses échecs et ses leçons. Un pilote prometteur, précis, intelligent, un artisan des circuits. Le talent est là, on ne peut l'ignorer.
Mais la route ne livre ses clés qu'au moment voulu. C'est à présent le temps des rivalités et du respect, avec Niki Lauda, son coéquipier chez McLaren. Un homme et sa philosophie de vie, qu'Alain Prost apprend à apprécier. Un pilote hors normes, différent, revenu des cendres de l'enfer après son terrible accident. Ainsi que tous les coups tordus et les mensonges, en dehors et à l'intérieur des pistes. Un environnement qui l'obligera à s'éloigner de son pays, notamment après l'expérience foireuse aux côtés de René Arnoux chez Renault.
Pour enfin, l'instant de réflexion sur ce sport automobile, ses conséquences, le jour du Grand Prix du Canada en 1982, où Ricardo Paletti percute sa Renault et décède.
Dans l'asphalte s'écrit alors un spectacle insensé. Des types un peu fous, lancés comme des balles, dans ces engins, faisant l'expérience d'un crash-test dans une lutte acharnée, pour qui la vie résiste miraculeusement là où la mort s'invite brutalement. Ceci afin d'améliorer chacun de leurs passages, tour après tour, le progrès et sa folie. La sécurité, dans le but de dompter ce cœur qui bat un peu trop vite, un peu trop fort.
Au fond, dans chacune de ces compétitions, Alain Prost n'aura eu de cesse de piloter aux côtés de son frère, son image et ses larmes qui, lentement, ont choisi de renaître, pour le faire souffrir et partir. Ces rêves qu'il a cueillis, saisis, presque malgré lui, sans les avoir un jour envisagés, et qu'il a choisi de vivre tout près de cette force si fragile. Toujours de plus en plus haut sur les podiums, jusqu'à en devenir deux fois champion du monde en 1985 et 1986 avec McLaren. Transformant le manque en victoire.