L’univers carcéral est un thème souvent exploité dans le septième art, qu’il soit fantasmé ou à l’inverse traiter de façon réaliste, rare sont les œuvres qui explorent ce qu’il se passe une fois libéré. C’est ce point de vue qu’a décidé d’explorer Tony Marchant avec son Public enemies.
Loin de vouloir s’attarder sur un cas précis, l’auteur préfère faire une analyse générale du système de réhabilitation. Pour cela, on suit donc le vécu de deux personnes se situant de chaque côté de la justice : d’un côté un agent de probation reprenant son emploi après une faute professionnelle, de l’autre un détenu fraîchement libéré.
Pour mieux décrire les limites de cette méthode d’insertion sociale, l’histoire se concentre principalement sur le parcours d’Eddie. On s’attache ainsi à cette être essayant de se reconstruire une vie après 10 ans d’enfermement. Un choix judicieux étant donné que les difficultés ne proviennent pas de son rejet de la société mais plutôt l’inverse. Ce constat est renforcé par les moments que l’on passe avec Paula. Déchirée entre la loi qu’elle doit faire appliquer et le lien social qui doit être créé, ses choix sont d’autant plus difficiles à prendre qu’elle doit refaire ses preuves. En découle des rencontres oscillant entre complicités et décisions professionnelles, l’exercice est loin d’être facile mais le réalisateur réussit à retranscrire de façon convaincante cette équilibre fragile.
Loin de vouloir livrer une œuvre sociale, l’auteur dilue son message dans une intrigue bien ficelée et semée d’embuches. Rien d’extraordinaire mais juste ce qu’il faut pour capter l’attention du spectateur et ainsi "divertir" tant en faisant réfléchir.
Son point fort est de dérouler le récit en se concentrant sur les relations qui lient chaque personne à Eddie. Entre les parents de la victime, le juge de probation, le gérant de l’hôtel, une employée d’un magasin, ses anciens amis et le reste des habitants le reconnaissant, notre homme risque d’avoir un retour aux sources assez mouvementé. Les différents personnages importants sont bien mis en place et, ressentant énormément d’empathie envers notre ex-taulard, chaque confrontation nous fait forcément réagir.
Un sentiment de désespoir plane tout au long de la série. On est affligé par les attitudes et décisions des habitants de la ville. On est consterné par la politique d’insertion mise en place, celle-ci ne fait qu’attiser le côté asocial de ces personnes en liberté conditionnelle. Cette constatation ne fait que renforcée notre empathie envers Eddie.
On notera aussi la structuration de l’histoire de façon à montrer l’évolution des différents personnages. Celle-ci va jusqu'à recréer une scène identique à une autre de départ permettant de souligner le changement de personnalité d’un des protagonistes.
Une bonne surprise réussissant à se démarquer des nombreuses séries policières actuelles par son soin apporté au message qu’il véhicule et sa volonté à questionner le spectateur. On est souvent ému ou indigné par les situations décrites, un gage de qualité car cela signifie que l’auteur parvient à rendre vivant son histoire.
Une jolie découverte donc que l’on ne peut que conseiller aux spectateurs désireux d’un peu d’originalité.