Soyons clair: il n'y aurait eu quasiment aucune chance que je me penche sur cette série de moi-même sur la foi de son seul synopsis ou bien de ses designs, si celle-ci n'atteignait pas assez constamment les sommets des classements consacrés à la japanimation.
C'est cela qui a surtout excité ma curiosité, aussi avec la promesse d'avoir affaire à une série de magical girls plus mature et même (allons-y franchement) moins bêbête que les autres (oui, j'avoue, même à 10 ans à regarder le Club Dorothée en mangeant mes céréales, Sailor Moon c'était pas trop ma came).
Bien que j'aie eu un tout petit peur pour moi (et pour mon temps si précieux) au visionnage des tous premiers épisodes (avec un point de départ assez banal pour le genre et un chara-design tout moe qui fait tout sauf mature à première vue), cette série s'est effectivement révélée, au fur et à mesure, intéressante et prenante. Car oui, une des grandes qualités que l'on peut attribuer à ce titre est bien de monter (doucement mais sûrement) en puissance au fur et à mesure des épisodes. La noirceur, surtout psychologique (rien de bien goret là-dedans, on reste dans de la série compatible avec les plus jeunes), s'insinue peu à peu dans les rapports entre les personnages et, (spoiler)
même si on se doute bien que cette peluche tête à claques qui attribue leurs pouvoirs aux puella magi est plus que louche,
on se laisse gentiment surprendre par les évolutions du scénario,
avec des développements à base de boucles temporelles (décidément, ce thème est partout ces dernières années!)
qui m'ont rappelé la conclusion de la très sympa (mais méconnue) série Sadamitsu le destructeur, qui explorait elle plutôt les codes des sentai et se révélait elle aussi au final plus sérieuse et complexe qu'elle n'en avait l'air à première vue.
Autre point fort de la série, qui frappe d'entrée, c'est la beauté des décors urbains (plus que des chara-designs, beaucoup moins à mon goût...) et surtout des espèces de mondes parallèles où agissent les sorcières et au sein desquels ont lieu la plupart des combats - au superbe rendu à base de papier découpé (?), donnant une véritable sensation d'étrangeté et de malaise.
Enfin, le scénario d'ensemble est bien ficelé, parvenant à faire finalement converger tous ses fils en un tout globalement cohérent, sans zones d'ombre majeures. Il y a également des choix narratifs pour le moins originaux et intéressants:
il est ainsi surprenant (dans le bon sens du terme) que l'héroïne, qui donne son titre à la série, n'accepte finalement de devenir une puella magi qu'au tout dernier épisode! Cela crée un sentiment d'attente bienvenu qui n'est d'ailleurs pas étranger à la montée en puissance progressive de l'ensemble.
Si je n'avais qu'une seule critique à émettre envers cette œuvre (outre son chara-design douteux), ce serait sans doute la trop grande "promiscuité" de son champ d'action : alors que le scénario se permet des développements impliquant l'univers dans son ensemble (!), l'essentiel de l'action se concentre quant à lui sur, genre, 1 km² dans un coin quelconque du Japon (aussi énervant que ces films américains où toutes les invasions extraterrestres semblent systématiquement se concentrer sur les plus grandes villes U.S.)...Le défaut quasi-consubstantiel à tout shônen / shôjo, consistant à jouer sur les fantasmes de puissance infantiles et égocentriques de ses spectateurs / spectatrice ("une jeune fille tout ce qu'il y a de plus banal peut se retrouver, en un claquement de doigts, détentrice de pouvoirs surpuissants, etc."), est ici un peu trop ostensible, voire quelque peu dissonant avec le reste du propos, nuisant à la crédibilité de l'ensemble.
La conclusion tend également un peu trop à mon goût à l'happy ending ; la série aurait sans doute mérité une réponse plus à sa mesure, c'est-à-dire un peu plus sombre. A la fin, tous les morts ne sont pas vraiment morts, les extraterrestres-peluches ne sont pas si méchants - juste un peu insensibles - et Madoka veille gentiment sur ses amies à travers toutes les dimensions spatio-temporelles...
Mais malgré ces quelques bémols, il s'agit cependant d'une bonne série, solide, avec des partis pris narratifs et graphiques originaux et intéressants (encore une fois les arènes des sorcières!), qui vaut assurément le coup d'oeil ; même si la série s'adresse sans doute plutôt à des grands ados / tous jeunes adultes, il y a tout de même de quoi satisfaire des vieux grincheux comme moi! ;-) Pour preuve, je pense que je jetterai un coup d'oeil au 3e film tiré de la série, qui en prolonge le scénario.