Puppet Princess
7.3
Puppet Princess

OAV (2000)

Cet OAV n'est pas connu, je suis tombé dessus par hasard, et j'ai trouvé ça pas mal du tout. Daté de 2000, l'animé tire nettement du côté de la fin des années 90 pour son style. Cet OAv serait lié au manga Karakuri circus, mais ce manga où il est question de trains ne se déroule pas à la même époque que le présent OAV.
Ici, nous sommes à la fin de l'ère du Japon féodal, 1570-1600, puisque Takeda Shingen est nommé, ainsi que des horloges en provenance du Portugal et même d'Espagne, encore que les références sont sans doute partiellement incohérentes pour fixer une chronologie précise. Takeda Shingen est mort en 1573 et les portugais ont découvert le Japon en 1543, tandis que les espagnols en étaient exclus. Le Japon était réservé aux marchands portugais et à la mission jésuite. Les espagnols et autres ordres religieux n'ont fréquenté le Japon qu'un petit temps entre 1590 et 1600 en gros. Nous avons des ninjas selon la version fantasmée populaire du vingtième siècle et un pays ravagé par les guerres entre seigneurs qui veulent étendre leurs domaines.
Dans ce cadre, une jeune princesse orpheline qui porte sur elle un immense panier (source d'inspiration probable pour Kimetsu no yaiba, dont l'action se déroule 300 ans plus tard au moins, vers 1914) part à la recherche d'un grand ninja nommé Ratoh et elle rencontre un survivant d'un groupe de ninjas qui se dit l'un de ses disciples et lui explique que Ratoh est mort. Ceci dit, ce ninja a déjà été attaqué par des ninjas immortels et s'en est sorti, c'est l'unique survivant de son groupe, et ces ninjas l'attaquent à nouveau en présence de la jeune fille. Et c'est là que tout bascule, la fille est une marionnettiste qui actionne un ninja géant qui bat les ninjas immortels en un rien de temps, lesquels étaient finalement eux-mêmes des pantins mécaniques.
La fille et le mystérieux ninja vont s'allier pour prendre leur revanche contre le seigneur qui a tué le père de la princesse, volé des pantins et surtout qui les a copiés, en a fait de nouveaux, en martyrisant des enfants, car il existe un lien entre les pantins et les enfants, entre un des pantins et la princesse elle-même.
Le début de cette alliance est l'occasion de voir la fille se confier et expliquer sa relation compliquée à son père, son sort tragique, de voir aussi le ninja allié être partagé entre son égoïsme et ses scrupules.
Puis, ce sera toute la partie du récit consacrée à l'ultime combat avec ses finesses tactiques, ses surprises, rebondissements, révélations.


J'émettrai toutefois une réserve sur la révélation un peu mal venue que le ninja est bien Ratoh. C'est un peu lourd et ça crée du coup une ambiance où il y a deux super héros face à l'unique méchant qui du coup sera débordé, cela aussi fragilise aussi tout ce que nous avons appris sur la complexité du caractère de ce ninja. Mais, son caractère nécessaire vient de ce que Ratoh a une capacité à créer des illusions à partir de ce qu'il a déjà vu. Du coup, ça fait bien dans le scénario le côté du deuxième héros improbable qui va tout arranger après une première phase avec l'histoire de la fille et de son pantin, ça fait un peu ficelle scénaristique qui sauve le combat si on peut dire dans cet animé à marionnettes, mais le ninja anonyme ne pouvait bien sûr pas révéler un tel pouvoir en fin d'animé sans dévoiler une identité véritable plus en conformité avec son talent. C'est un peu l'aspect du scénario pas évident à changer d'un coup de plume mais qu'il aurait fallu revoir.


Maintenant, il y a une belle mise en forme esthétique dans cet animé. Le début est comme on dit en vue subjective, on sent qu'un personnage regarde une scène atroce, on apprendra assez tard qui c'est et ce qu'il voit (même si on peut deviner). On a des panneaux coulissants d'un couloir d'ancien palais japonais, du sang, des flashs façon clair de lune bleuté mais violent, un gros plan sur un oeil. Puis on a aussi une très forte image avec des masques de visages bleus qui souffrent et grimacent et toute une distribution théâtrale sur fond noir. Il y aura plusieurs moments où les gens, dans les scènes dures, ont des yeux blancs sans pupilles avec des contours angulaires. On a beaucoup de grosses dents carrées sur plusieurs têtes de personnages qui font vraiment dans le macabre et l'inquiétant, et une surprise c'est le visage de la jolie et innocente princesse, encore enfant, quand elle voit l'assassin de son père s'emparer d'une poupée. Elle est cachée à sa vue bien qu'exposée à la lumière orangée des flammes et on a un plan saisissant sur son visage avec les yeux qui pleurent, des traits marqués et durcis par la douleur et les dents qui claquent. On n'est pas dans la représentation désolante du kawai, on a vraiment le visage torché par le drame, même si la fille est jolie et kawai pour le reste de l'épisode.
On a aussi des dessins qui font estampes anciennes, etc., quand parle la voix off. Cette voix off participe à l'ambiance de conte d'un temps incertain.
Parmi les autres choses que j'ai pu admirer dans l'animé, on a aussi l'attaque initiale des pantins contre les ninjas. Les ninjas plantent leurs shurikens dans ce qu'ils ignorent être des pantins, ils vont les croire immortels, car atteints les mystérieux ninjas se relèvent et profitent de la surprise pour abattre plus facilement leurs proies. Mais ces mystérieux ninjas se relèvent dessinés en silhouettes noires et avec des mouvements du corps un peu désarticulés, ce qui annonce sans nous le dire le motif des pantins mais crée aussi l'ambiance de morts qui reviennent à la vie tels des zombies. Un ninja immortel apparaît tête à l'envers pendouillant à une branche d'arbre, le corps désarticulé, et achève l'avant-dernier humain. C'était un beau passage.
Je ne vais pas tous les relever, mais je me rends compte aussi qu'il me faudrait rechercher le moment où dans les animés ils ont commencé à mettre des bulles de bande dessinée pour un soupir ou une pensée d'un personnage, ce truc s'est développé dans les animés de ces vingt dernières années, on a aussi l'astuce d'indiquer des choses à voir par une flèche (ce qui était déjà exploité dans Dragon Ball GT quand les héros sont cachés dans l'herbe), ou l'astuce de mettre un visage en miniature pour qu'on sache qui parle sur une image distincte qui ne représente pas le personnage. Dans Karakuri ni Kimi, on n'a pas la flèche ou le visage en miniature, mais au début de l'animé (cela revient à la fin symétriquement), l'héroïne marche avec son lourd panier sur le dos, elle trébuche et avant qu'elle ne tombe on comprend qu'elle a vu une fleur et veut simplement éviter de marcher dessus, et on le voit par la direction du regard de la fille sur la fleur, mais aussi parce qu'une petite bulle de BD apparaît avec non du texte mais un dessin grossi de la fleur, puis on a une seconde bulle avec un soupir représenté. Toute cette action est accompagnée par la voix off qui découvre comme nous ce qu'il se passe, s'étonne de voir la fille trébucher, se tait pendant la suite de la scène, puis reprend en désignant l'héroïne comme pure et innocente.
Il y a d'autres petits trucs esthétiques qui m'ont bien plu. L'animé aurait pu avoir huit étoiles, si je n'étais pas chiffonné par ce petit détail dont je parle dans le cache spoiler plus haut.

davidson
7
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le 23 août 2020

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davidson

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