Ville fictive d’Antioche au Canada, (tournée en nouvelle écosse), cette série écrite par Michael Amo, à mis plus de 10 ans à sortir des boites. Producteur et showrunner, habitué des programmes de télévision conviviaux et tout public, Amo explore les questions d’éthique et de choix pour un homme dévot, Noah Funk (Ryan Robbins) nouveau pasteur de sa communauté, pris entre ses convictions et le crime, en lutte contre un baron de la drogue. Voulant débarrasser sa communauté de ce fléau, il se retrouvera impliqué dans le trafic et en prise avec le policier local Bronco (A.J.Buckley), pour l’aspect sympathique et plutôt rafraîchissant.
Curieusement l’idée est bien trouvée puisque ces communautés sont peu connues et la série table sur une ambiance lente où rien ne se passe vraiment, chacun vaquant à ses occupations entre vie de famille, prières et aides à la communauté..
Michael Amo se sert pour son intrigue, des événements réels survenus au Mexique dans les années 80, où la pauvreté a conduit des mennonites russes au trafic de drogues à travers la frontière américaine, pour des cartels mexicains.
Il pose ses protagonistes dans une petite ville entourée de champs où chacun se déplace en carriole, où le téléphone portable n’existe pas et où les passions n’ont pas de prise. Entre décors ruraux et urbains, Michael Amo évoque ses racines, entre traditions et modernité - les mennonites refusant toute technologie- et rappelle à notre société contemporaine et aux difficultés de communication.
Ses grands-parents eux-mêmes mennonites ont immigré au Canada après la révolution russe et la langue allemande parlée dans la série, est une tradition perdue depuis la seconde guerre mondiale et la haine des allemands.
De très belles couleurs et des cadrages de Ken Girotti franchement réussis. Quelques scènes empruntent à « breaking bad » où l’ambiance et le physique de Ryan Robbins semblent être un gros clin d’oeil à la série, entre vie campagnarde et soutien à sa famille.
Malheureusement, tout se déroule avec un manque tel de dynamisme que dès le premier épisode l’ennui guette et malgré l’envie de voir plus loin, l’ensemble se dote de dialogues plats et de prières à tous les plans. Aucune tension sur les scènes d’action et une narration si prévisible que le suspense est quasi inexistant.
La volonté de ne pas jouer sur les ficelles habituelles (peu d’action et de rebondissement), n’offre, du coup, aucune surprise. Un manque de caractérisation des personnages tous sans relief, font que l’ensemble est peu prenant. Mêmes les quelques scènes sympathiques, ou de décalage, se retrouvent noyées dans le manque de rythme. Les situations arrivent aussi rapidement qu’elles seront réglées, avec facilité et vite expédiées, avec une temporalité malmenée. Sans approfondir ni les personnages ni les drames, bien peu complexes et souvent improbables, des acteurs tout autant clichés que leurs jeux sont appuyés. A presque chaque épisode un rituel mennonite (ordination, baptêmes…) malheureusement encore une fois, ces scènes sont peu marquantes. Le tout, laisse bien peu de place finalement à l’empathie pour les uns et les autres.
Le final renvoie à la « foi » et aux choix pour un personnage en quête de rédemption. Ce qui en ressort finalement reste que tous sont heureux comme ils sont et lutteront jusqu’au bout contre le mal. L’éducation des enfants, la famille, la sécurité et les valeurs pour un message universel qui est bien trop appuyé ici.
Un hymne à un mode de vie qui en oublie son intrigue, et qui manque cruellement d’enjeux.