La vérité est ici ?
Parmi les nombreux assassinats ayant marqué les années 60, celui de Malcolm X n'est pas le plus médiatique. Or, il suscite autant de controverse que le meurtre du président Kennedy, de son frère...
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le 29 mars 2020
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Que ce soit, West of Memphis d'Amy Berg, en passant par le documentaire Making a Murderer, de Laura Ricciardi et Moira Demos ou encore Un coupable idéal du cinéaste français De Lestrade, tous s'accordent à dénoncer les méthodes de la justice et la facilité avec laquelle les affaires sont classées. On peut donc y voir un sorte de préquel de la mauvaise volonté.
L'occasion donc de pointer les failles de la justice américaine, du FBI et des enquêtes policières pour brosser quelques moments de la vie de Malcolm X jusqu'à sa mort le 21 février 1965. Ici l'afro américain vient rajouter au peu de foi du travail de la police américaine et de la manipulation, menées par Hoover et ses services... sans remord et sans gêne, notamment les interventions de l'adjoint du procureur d'une condescendance à toute épreuve, ou la proposition de surveillance par la police qui sera évidemment refusée par Malcolm ne pouvant accepter d'aide de ceux qui les terrorisent quotidiennement.
On navigue alors entre racisme, droits de l'homme et lutte du gouvernement à maintenir une société sous sa coupe sans prendre de risque avec un Africain aux velléités de justice sociale.
Malcolm X déchaîne les passions et notamment celle de Abdur-rahman Muhammad, inconnu au bataillon si ce n'est qu'il avait 3 ans ce 21 février 1965. En quête de reconnaissance pour son héros, il traque la vérité, coûte que coûte et depuis des dizaines d'années sur son assassinat. Employé touristique, sans formation mais acharné, on peut d'ailleurs être surpris de la facilité avec laquelle il trouve les failles et qu'en même temps cela lui ait pris autant de temps. Un découpage qui n'hésite pas à revenir sur certaines situations pour en introduire de nouvelles mais le condensé de ces mêmes situations, donnera l'impression d'une grande facilité d'exécution. Un résultat à la hauteur de ses attentes, puisque ce documentaire mis en ligne par Netflix permettra de rouvrir l'enquête et de tenter de réhabiliter par la même occasion, deux innocents envoyés en prison. Norman Butler (Muhammad Abdul Aziz) et Thomas Johnson (Khalil Islam) (qui n'étaient pas sur les lieux et ne correspondaient pas aux profils...) Un seul des cinq assassins présumés, Thomas Hagan connu sous le nom de Talmadge Hayer (Abdul Halim Mujahid), aura avoué et tenté d'innocenter les deux accusés à tort, sans succès.
Abdur-rahman mènera sa propre enquête, trouvera des alliés et se confrontera au silence des membres de la Nation de l'Islam, ne souhaitant pas remuer cette sombre affaire. La communauté n'est donc pas dupe, et sous prétexte que la foi aura mis le tueur présumé sur le droit chemin, William Bradley (Mustafa Shabazz) ne sera jamais inquiété et la justice restera du domaine d'Allah. On peut alors rester perplexe sur quelques échanges totalement décalés avec la réalité, le sens commun et autres dialogues de sourds. Cela a le mérite de mettre en lumière la difficulté de pointer les responsabilités et les petits arrangements entre amis.
A l'aide de rencontres, d'intervenants ayant connu Malcolm X, d'images d'archives, on découvre son personnage un tantinet charmeur et remonté, frondeur et revanchard, aux discours fédérateurs où l'ironie et l'humour ponctuent ses interventions. Malcolm s'éloignera de son mentor et du mouvement Black Muslims, pour donner une direction politique à son combat pour les droits civiques. Elijah Muhammad, suspecté d'avoir eu un rôle dans l'assassinat, nous paraît comme un homme à la volonté de pouvoir qui ne souffre aucun rival. Son statut de créature divine en prend tout de même un coup, lorsqu'il vantera les préceptes de la non violence et inculquera les bonnes manières, tout en prenant quelques libertés plus terre à terre concernant les nourritures terrestres.
Malcolm en particulier risque de décevoir dans le flou qui accompagne son portrait. On attend plus de profondeur sur son rapport à l'Islam et ses appels à l'action, passant de la vindicte à plus de sérénité, ou son souhait de fédérer toute religion, race et minorités confondues, dans son combat pour la liberté, sans bien arriver à déterminer le bonhomme.
Si ce n'est un traitement pourtant bien rythmé et bien mené, l'ensemble s'avère peut-être trop linéaire pour terminer sur une morale d'éducation maladroite, passant le propos un peu sous silence, sentiment renforcé par la mise en avant de l'enquêteur tout du long mais l'intérêt du sujet et son traitement restent plaisants avec 6 épisodes de 40 minutes environ, pour se laisser guider sans voir le temps passer.
Martin Luther King en 1964 ou encore Fred Hampton pour le moins connu en 1969, les émeutes de Détroit en 1967, les Etats Unis excellent dans une image tronquée libertaire, où depuis plus de 100 ans les afro américains attendent encore le 14ème amendement...
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Créée
le 27 févr. 2021
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