Fin de partie
Rabbits est une interférence, quelque chose qui, au temps de sa conception, n'a pas lieu d'être. Et pourtant cela est, et de la manière la plus paradoxale qui soit. En adoptant la forme théâtrale,...
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le 13 sept. 2016
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Rabbits est une interférence, quelque chose qui, au temps de sa conception, n'a pas lieu d'être. Et pourtant cela est, et de la manière la plus paradoxale qui soit.
En adoptant la forme théâtrale, et la privant de ce qui la rend vivante - la présence d'un public, témoin d'un instant - nous confrontant à une oeuvre qui a été actée sans témoins autre que ces créateurs, Lynch ne prédit en rien une évolution formelle; il fait de la double mort d'un théâtre acté sans spectateurs son oeuvre: une pièce morte. Et cette mort est d'autant plus sinistre, qu'elle n'est jamais montrée.
Les gestes sont lents. Et la parole semble indépendante des corps, étrangère, décalée.
Tout est question de décalage, que ce soit les rires, applaudissements enregistrés, comme si notre pièce morte faisait mine de ne pas l'être, comme si son drame voulais être comédie.
Ce qui fait que Rabbits est un paradoxe, une oeuvre dont le concept n'aurais normalement pas lieu d'être, est que son mouvement interne va toujours à l'encontre de lui même, que chacun de ses composants est doublé systématiquement de son contraire.
Ce que Rabbits est, et ce qu'il raconte, est une impasse.
Toute mesure du temps est prohibée; il n'y a pas de début, ni de fin à proprement parler, pas d'évolution visible, pas de trame. Parfois, des pas étrangers qui résonnent derrière la porte, un téléphone qui sonne longuement, et la pluie, que l'on devine au dehors, tombe sans répit.
C'est dans ce temps gelé que surgit l'horreur indescriptible qui s'encre profondément dans l'étreinte du silence.
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le 13 sept. 2016
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