Si American Horror Story proposait une vision de l'hôpital psychiatrique totalement décomplexée, tant visuelle que musicale avec son médecin chef joué par l'excellente Jessica Lange, c'était aussi tous les acteurs fétiches de Ryan Murphy, en très grande forme qui assuraient le show....et que l'on retrouvent dans les séries Feud et Pose pour les plus jouissives. Nous aurons ici le plaisir ou pas, de retrouver Sarah Paulson et quelques autres en seconds rôles ou Guest stars, avec Rosanna Arquette et Amanda Plummer qui nous avez tant ravit dans Pulp Fiction.
Pour ce détournement du personnage de Mildred Ratched, de Vol au dessus d'un nid de coucou, et de ce faux préquel, on peut s'interroger sur l'intérêt de l'adaptation si ce n'est de déconstruire l'image féminine du film pour un hommage à la lutte contre le patriarcat sous toutes ses formes. On aura du mal à y trouver des pistes à l'évolution de Nurse Ratched, si ce n'est la froideur de son actrice, qui est peut-être le bémol de l'exercice. Egalement productrice elle en profite pour appuyer le message LGBT par sa présence, mais reste bien malheureusement dans son confort et joue de ses expressions si connues aujourd'hui que la redite finit par déranger.
Un hymne féministe évidemment qui rappelle que suivant les époques, du film à aujourd'hui la série, la vision évolue pour une mise en perspective salutaire du personnage si honni joué par Louise Fletcher, mais un moment de flottement quand même pour le créateur qui semble se reposer sur ses acquis. La série accuse des longueurs même si on apprécie encore la mise en avant de ses thèmes chers. Le droit à la différence et le droit des femmes, l'exclusion et la violence des échanges pour la lutte ordinaire.
Entre soupçon horrifique et folie dévastatrice, jeux de caméra et narration découpée, c'est toujours un melting-pot de couleurs pour brosser les ressentis de ses personnages, parfois à outrance et le fond se dilue à profit des défauts récurrents de Murphy à mettre en avant une multitude personnages accessoires. D'une jeune infirmière psychopathe (Alice Englert), pour un clin d'œil à Bonnie and Clyde, bien raté pour le coup, de l'humour macabre pour le fils handicapé (Brandon Flynn) d'une Sharon Stone dans tous ses états et aux chouettes coordonnés vestimentaires , en passant par une patiente (Sophie Okonedo) aux multiples personnalités se révélant également une meurtrière en série, et ses hommages cinématographiques quant à eux n'atteindront pas l'excellence de ses précédents travaux. On hésite entre le plaisir des yeux et l'overdose.
Mais ce sera alors la bonne idée d'une nouvelle arrivée dans l'environnement joyeusement délétère de Murphy, par le jeu parfait et décalé de Judy Davis nous assurant les meilleurs moments d'un affranchissement jubilatoire, victime d'un système dont la sortira Ratched. L'infirmière est donc revue et corrigée et les hommes brossés comme simples pantins soumis à la vengeance dévastatrice d'une Mildred bien remontée qui entre sauver son frère et chambouler l'ordre établi, passera par diverses évolutions nous laissant un peu déphasé par ses envolées romanesques. Cynthia Nixon et Jon Jon Briones tirent leur épingle du jeu, mais quel regret pour le grand absent, Evan Peters. Avec ses performances dans American Horror Story il aurait certainement excellé dans le rôle du frère meurtrier - (trop) bien choisi avec l'acteur Finn Wittrock -.
Pour conclure le tout on reste perplexe sur un retournement final pour le moins décevant dans la relation fraternelle et pour craindre la seconde saison à venir.
Mais sait-on jamais avec Murphy.