Ratz, diffusé sur Teletoon+ en 2003, c’est un peu comme si vous aviez pris Tom et Jerry, ajouté une bonne dose de non-sens, puis embarqué le tout sur un cargo en pleine mer où les lois de la physique et de la raison sont laissées à quai. Suivez les aventures de Razmo et Rapido, deux rats plus barrés qu’une boussole sans aimant, qui transforment chaque jour sur ce bateau en une suite de catastrophes improbables, toujours pour notre plus grand amusement... ou désarroi.
Le concept est à la fois simple et complètement farfelu : Razmo, le bricoleur un peu génie (mais souvent à côté de la plaque), et Rapido, le rat hyperactif qui vit pour l’adrénaline (et les pizzas), vivent sur un cargo. Jusque-là, rien d’anormal… si ce n’est que ces deux-là transforment leur existence de clandestins en une espèce de fête foraine de la débrouille, où chaque épisode devient une nouvelle excuse pour repousser les limites de l’absurdité.
Rapido, c’est le rat que vous ne voudriez pas avoir comme colocataire : il est impulsif, vit à 100 à l’heure, et a toujours une idée encore plus folle que la précédente. Sa devise pourrait être : "Pourquoi réfléchir quand on peut courir dans le tas ?" Son camarade Razmo, lui, est plus posé, plus réfléchi, et adore inventer des gadgets qui – spoiler alert – finissent souvent par provoquer plus de problèmes qu'ils n’en résolvent. Le duo fonctionne sur la classique opposition entre le cerveau et les muscles, sauf qu’ici, les deux sont aussi perdus l’un que l’autre dans leur quête de divertissement à bord de ce navire géant.
Et ce cargo, parlons-en ! C’est bien plus qu’un simple bateau, c’est une sorte de terrain de jeu géant pour nos deux rongeurs qui passent leur temps à déjouer les lois de la gravité et du bon sens. Que ce soit en improvisant des courses de caddies dans les couloirs, en se prenant pour des pilotes d’avions de chasse sur des caisses de marchandise, ou en construisant des inventions dignes d’un dessin animé de Tex Avery, tout semble possible et, surtout, rien ne semble vraiment avoir de sens. C’est un peu comme si le capitaine du bateau avait abandonné toute forme d’autorité et laissé les deux rats diriger le navire à coups de pizza et de skateboard.
Visuellement, Ratz a un style simple, presque minimaliste, mais efficace. Les décors sont répétitifs (on est sur un cargo, après tout), mais c’est justement ce décor restreint qui pousse les créateurs à se montrer inventifs dans les situations absurdes que vivent Razmo et Rapido. L’animation est rapide, avec des mouvements exagérés, souvent à la limite de l’hystérie, ce qui colle parfaitement à l’énergie frénétique de Rapido. Les couleurs vives et les designs cartoonesques renforcent ce sentiment d’être dans un monde où tout est possible, et où les rats sont les rois.
Cependant, malgré son potentiel comique, Ratz a aussi ses limites. Le format répétitif – Razmo et Rapido provoquent une catastrophe, essaient de la réparer, et en créent une autre encore plus grande – peut devenir un peu lassant à la longue. Les gags, bien que parfois très drôles, manquent souvent de profondeur, et la série repose presque entièrement sur le chaos orchestré par les deux héros. À force de courir dans tous les sens, Ratz donne parfois l’impression d’une comédie sans véritable destination, un peu comme ce cargo qui semble naviguer éternellement sans jamais atteindre un port.
Côté personnages secondaires, il n’y a malheureusement pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le capitaine et l’équipage, qui pourraient être d’intéressants contrepoints à la folie des rats, restent des silhouettes de fond, à peine esquissées. On aurait aimé voir un peu plus d’interactions entre Razmo, Rapido, et le monde extérieur, pour donner un peu de contraste à cette folie constante.
L’une des forces de la série, cependant, c’est sa capacité à faire rire avec des situations complètement absurdes. Les inventions de Razmo, par exemple, sont un festival de gadgets improbables qui ne manquent jamais de provoquer des catastrophes hilarantes. On a l’impression que chaque épisode est une nouvelle occasion pour les créateurs de tester les limites de ce qu’on peut faire avec deux rats, un cargo, et une imagination débridée.
Mais au-delà du fun, Ratz manque parfois de cette petite étincelle émotionnelle qui permettrait de vraiment s’attacher aux personnages. Razmo et Rapido sont amusants, mais ils manquent de cette profondeur qui rendrait leurs aventures plus mémorables. On les suit pour les gags, mais on ne s’investit pas vraiment dans leurs "problèmes", car tout est traité de manière si légère qu’il est difficile de vraiment s’impliquer.
En résumé, Ratz est une série qui mise tout sur l’absurde et l’énergie frénétique de ses deux héros. C’est un joyeux bazar maritime où les lois de la logique sont jetées par-dessus bord, au profit de courses-poursuites délirantes et d’inventions qui déraillent. Si vous aimez l’humour cartoonesque et les situations sans queue ni tête, Ratz a de quoi vous divertir. Mais attention, comme tout bon fast-food télévisuel, à consommer avec modération si vous ne voulez pas finir avec une indigestion de paillettes et de pizza à la dérive.