Sujet intéressant, mais un récit qui n'a aucune cohérence interne et qui est beaucoup trop verbeux

La note une étoile était trop sévère, je passe à deux. Le sujet est intéressant, il y a des choses originales, et même si ce n'est pas parfait il y a parmi celles-ci l'épisode de transition, le 13ème avec son récapitulatif, côté décalé en phase avec le thème même de la série.
Quatre dessins de personnages sont au-dessus du lot. Meteora, profil froid, n'est pas toujours en beauté dans le dessin, mais j'en ai repéré plusieurs où sa coiffure, ses yeux, l'harmonie paisible des traits, la fixité du regard, la relation entre la coiffure et les yeux, j'y trouve une alliance superbe de beauté et de profondeur d'être. Plus classique, la fille à cheveux rouges a aussi quelque chose d'expressif exceptionnel, elle a une sympathie communicative, une qualité extrême du regard qui dit toute la gentillesse bienveillante. Ses yeux bleus sont très travaillés, le regard se construit bien sûr aussi avec certains plis de la bouche, et je la trouve une réussite remarquable. Je ne parle pas de beauté tout court de ces personnages, je parle de ce qui en émane. La magical girl, en principe, je n'aime pas, mais ses mouvements, un certain style, ses chaussures, sa façon d'arquer les genoux, je ne sais pas, il y a un truc qui fait qu'elle n'est pas enfermée dans le gnangnan de sa condition. Enfin, la fille démoniaque avec l'habit noir d'élève est une réussite sur de nombreux points, un peu moins dans ce qu'elle dit, mais dans son profil de dessin, ses mouvements, etc., elle est impressionnante.
La série pourrait être intéressante. Des personnages imaginaires deviennent réels et ce qui leur permet de s'incarner c'est l'approbation du public. Le problème, c'est que le personnage fictif principal n'est qu'un essai amateur d'une jeune fille qui s'est suicidée tant elle a été conspuée, rejetée, par jalousie, mais son personnage aurait eu sa vie propre dans des productions d'amateurs. L'idée, c'est de justifier sa puissance par le fait que ce soit un personnage n'appartenant à aucune histoire déterminée, mais inévitablement on nous fait avaler des couleuvres sur la vie de ce personnage sur le net, d'autant qu'au départ le héros principal, les créateurs, tous se demandent bien d'où elle sort.
Bref, plusieurs personnages apparaissent dans ce monde et se battent entre eux, deux clans se forment, avec juste une méchante en électron libre, la seule qui tue, mais l'auteur a à coeur que vous lui donniez son approbation quand, après ses meurtres sanglants, elle aide un peu le héros à sa façon et selon ses raisons.
Le clan du mal est donc dirigé par cette femme isue d'un projet amateur, elle veut détruire le monde pour venger son créateur grâce à une collision entre le monde réel et les mondes imaginaires. Des héros vont se perdre chez elle dont une chevalière particulièrement bornée. Evidemment, avec un sujet aussi difficile, arrive ce qui doit arriver. On attend les explications, le suspense est là, mais les explications, ça ne vaut pas tripette.
La vraisemblance n'est pas au rendez-vous. Les personnages du camp du mal ou l'électron libre, à un moment donné, on sait que les mois défilent, donc on se dit qu'ils doivent faire du dégât. Non non non ! Si pour combattre le Mal, il faut un délai de quelques mois, ces gens à problèmes pendant ces quelques mois ils se fondent dans la masse, ils ne font pas parler d'eux. Nada !
Pour contrer le Mal, on a des approbations de personnages nouvellement inventés ou bien on a un personnage dont un dessin inédit permet de créer un nouveau potentiel, et c'est instantané. Ouais, je lance le dessin sur internet, trois secondes après ouais je vois qu'une page est déjà consacrée à ce dessin et à ce petit scénario qu'ils n'ont pas eu le temps de lire...
Sur la cause du Mal, on a une histoire bateau sur le harcèlement du créateur qui s'est suicidé. Ben, tiens ! Et le méchant échappe donc à tout contrôle, sauf que pour le vaincre ben évidemment qu'on va mettre en scène quelque chose de lié au suicidé. Ben, tiens ! Et c'est gnangnan au possible.
On a droit aussi à des créations qui grondent leurs créateurs : "ouais, pourquoi tu me fais vivre dans un monde tordu, tu la prends en compte ma souffrance!", etc., etc. Problème ingérable, les créateurs ne peuvent que s'excuser en précisant qu'ils ne se doutaient pas que ça se passait ainsi, puis surtout renoncer. Evidemment, la série n'affronte pas cette logique implacable qu'elle a initiée, elle choisit l'inverse : ouais, on veut continuer de raconter des histoires intéressantes pour enrichir le monde. D'accord ! Super ! Trop intelligentes les articulations du récit ! Ces créateurs ne sont de toute façon pas l'occasion d'une mise en abîme réaliste, le dessin animé n'arrive pas à trouver sur quel registre jouer, donc on a des créateurs de mangas, de jeux vidéos ou d'animés qui sont eux-mêmes de la fantaisie, avec un bouffon caricatural créateur d'un truc pour adultes et avec une femme auteur qui sort des répliques à la manière des héros de ses récits.
Bref, ça n'a ni queue ni tête, tout en étant malgré tout intéressant par certaines données mises en place. C'est mal fait et comme d'habitude on lance un sujet difficile à traiter mais on ne se plie pas à ses contraintes, on force le passage pour dire ce qu'on a envie de dire...
J'allais oublier. Qu'est-ce que ça bavarde dans cet animé ! Purée, on peut faire 22 épisodes avec des personnages autour d'une table qui boivent le café et refont le monde.