Ken et Barbie dans l'univers d'Ikéa - Ou comment ruiner un bon concept
Adorant l'anticipation, et la science-fiction en général, je suis toujours un peu déçu dans le sens où finalement ces thèmes ne me semblent pas hyper porteurs puisqu'ils donnent souvent des films un peu concons avec des histoires pour le moins boisées.
Je n'ai pas connaissance d'un vrai bon film/bonne série avec pour thème central, des androïdes/humanoïdes/clones/robots en tous genres.
Alors c'est avec une certaine curiosité que j'attendais les deux épisodes diffusés chaque jeudi depuis 6 semaines par arte. En fait le piège, c'est que les deux premiers épisodes sont franchement excellents, tout y est.
Des personnages intéressants, un contexte d'anticipation réaliste à la Gattaca (et de superbes décors), avec un univers très proche au nôtre, mais quelques subtilités qui l'en distinguent, et surtout un truc hyper troublant, fascinant et assez flippant :
Les "Hubot" sont d'un réalisme saisissant, chapeau à l'équipe de maquillage qui a réussi à faire passer de vrais acteurs pour des robots aux yeux exorbités, et à la peau plastifiée, on n'est pas loin de la fameuse "vallée dérangeante" http://fr.wikipedia.org/wiki/Vall%C3%A9e_d%C3%A9rangeante .
Et puis on sent surtout que les créateurs de la série n'auront pas de tabou et qu'ils vont aborder toutes les problématiques inhérentes au genre, dont la plus importante, la plus polémique : la question des relations sexuelles.
Je suis peut-être tordu, mais dès le départ je me suis demandé si ça allait partir dans des délires chelous, entre l'ado blondinet et sa robote Anita, l'oncle gâteux et sa madame doubtfire flippante, entre autres...
En fait tout reste très sage, très convenu (alors certes l'ado craque, mais il est simplement "amoureux" et avoue dans une scène totalement bidon à un psy qu'il est transhumainphile, bref n'importe quoi), voire très conformiste.
Et puis on se rend compte très rapidement qu'il y a de sérieux problèmes d'écriture, entre un nombre invraisemblable de flash back ratés,redondants et fatigants, une tonne de personnages qui sont sous-exploités et qui n'ont rien d'autre à foutre que de rester planqués dans des greniers tout en rechargeant leurs batteries : ce sont notamment les robots rebelles inévitables qui veulent s'affranchir de leur condition, et dirigés d'ailleurs par une nana carrément charismatique Eva Rose (une sorte d'équivalent de Jessica Hyde d'Utopia), mais malheureusement sacrifiée sur l'autel de l'inutilité.
Je ne parle même pas de ce personnage absurde de la flic (et malheureusement central) qui dès que l'on apprend qu'elle n'est pas humaine, se met soudainement à se comporter n'importe comment.
Je ne m'étendrai pas non plus sur les gonzesses en kiff sur leurs ken en plastiques qui tiennent des discours étrangement similaires aux pro mariage gay (attention, je ne dis pas ici que je suis contre le mariage gay du tout, et je n'abonderai jamais de ma vie dans le sens des abrutis qui l'ont assimilé à la zoophilie, inceste ou je ne sais quelle connerie! Mais c'est hyper marrant de voir la similarité des arguments employés pour lutter contre la discrimination) qui sont heureuses d'avoir enfin un homme à leur écoute.
Mais à un moment donné, le rythme à la Derrick commence à être hyper assommant, surtout qu'en plus de tourner en rond, le scénar part totalement en couille dans les derniers épisodes, pour tendre vers une sorte de simili-polar totalement foireux en plus d'être incompréhensible, avec des retournements de situations aberrants, des histoires fumeuses de code, de bots en colère, alors que la série aurait très bien pu se baser sans problème sur la vie de tous les jours, et la cohabitation entre humains et robots (et ce qui reste au bout du compte les seuls éléments assez intéressants de la série). Pourquoi donc recourir à ces artifices de thrillers en carton-pâte, venant d'un coup ringardiser l'ensemble de l'entreprise en sous-série M6 ?
Alors on te soulève plein de questions, on te tue plein de personnages principaux, et hop à la fin les scénariste te torchent tout ça avec un "je rentre à la maison" du robot Anita. J'ai rarement eu le sentiment d'avoir été autant arnaqué sur un season final.
D'où l'importance de matter une série jusqu'au bout, et de ne pas se laisser influencer par des prémices prometteurs.
Après il y a de bons comédiens (je retiendrai l'oncle sénile, et Roger le gros bourru anti-robot, mais pas si méchant et avec un coeur gros comme ça, et ce même s'il sombre dans une romance risible), une ambiance sympathique, une belle photo, et puis au moins j'aurais appris à dire merci en suédois : Tak !