Vous avez peut-être vécu cette expérience où un escroc habile (conseiller bancaire, VRP...) vous vend un produit formidable, une occasion à ne pas rater, innovant, de bonne qualité, à prix cassé, etc... Et puis quand vous vous retrouvez tout seul avec le truc entre les mains, vous vous dites qu'en fait ça ne vous sert à rien, que ce n'est pas si intéressant et qu'au final, vous avez l'impression de vous être fait avoir ?
Eh bien, c'est un peu le sentiment que j'ai devant la série "Reckoning".
Au départ, le pitch était prometteur ; dans le cadre d'une série de meurtres, on suit deux personnages, un policier et un prof, dont l'un des deux est un meurtrier en série, mais on ne sait pas lequel. D'abord, les deux personnages sont campés dans leur environnement, ce qui permet de présenter plusieurs personnages secondaires plutôt intéressants, avec un fond intrigant. Puis la réalisation distille des indices ambigus qui orientent les soupçons alternativement vers l'un ou l'autre. Donc, pour ma part, j'étais plutôt bien accroché.
Et puis, au fil des épisodes, rien n'évolue vraiment. La mécanique du doute qui pointe la culpabilité des deux personnages principaux alternativement se répète inlassablement, au point de commencer à lasser, justement. Et puis, on se dit que quel que soit le meurtrier, les deux ont quand même de gros problèmes psychologiques ou mentaux ainsi que de vraies difficultés de communication. Les péripéties vécues par leur environnement (familles, collègues...) prennent beaucoup de place pour pas grand chose. Enfin, le jeu des deux acteurs principaux (surtout Aden Young), à force d'accentuer l’ambiguïté de leur personnage, devient un peu répétitif et indigent.
En fin de saison, la "vérité" finit par se dévoiler, et sans divulgacher, j'ai eu l'impression de m'être fait balader pour aboutir à une conclusion sans surprise et qui était pratiquement évidente dès le début. Quelque chose de très malaisant se dégage même de cette fin de saison, où les démons des deux personnages finissent par s'envoler comme par magie (grâce à de la bave de crapaud pour l'un d'entre eux !!!) et avec un relent assez infect d'anti-féminisme.