échec et mat
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le 18 mars 2024
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Joueur d'échecs depuis belle lurette, je flaire chaque série ou film sortant sur le sujet. C'est une addiction profonde. Un besoin. "Rematch", je l'ai avalé d'une traite. 6 épisodes de 45 minutes chacun. Alors évidemment mon œil acéré y a vu plein de défauts afférents aux échecs-même, à l'instar de Queen's Gambit, on en fait des tonnes pour pas un rond. Mais contrairement à QG, Rematch est selon moi, beaucoup plus technique. Les non-connaisseurs vont VITE être perdus. Perdus entre les aspects très techniques des échecs ET du langage informatique.
La série nous plonge en février 1996 quand Gary Kasparov joue sa toute 1ère rencontre avec Deep Blue. Il gagne le match (au meilleur des 6 parties). Il y a bien quelques flashbacks quand il était gamin et quand il a joué contre Karpov en 1984/85 pour le titre de champion du monde, mais l'essentiel se concentre sur la période 1996/97. Ce moment où il était au sommet du monde des échecs. J'étais ado et je m'en souviens très bien, de même que son match contre Karpov en 1990 quand j'étais minot. Ma passion est née ce jour-là. Elle ne m'a plus quitté. Bref.
L'acteur qui incarne Kasparov est convaincant et l'actrice qui joue sa mère l'est encore plus. Cette passion fusionnelle qui a toujours suivi Gary. Ayant perdu son père quand il était enfant, sa mère est dès lors devenu à la fois son manager, sa mère et son mentor. Dur. Ainsi dans Rematch on voit l'omniprésence de sa "mama" comme il l'appelle. Présence essentielle pour lui dans la série comme dans la réalité.
Historiquement la rencontre avec IBM "Deep Blue" est un tournant capital dans les échecs, le début de la fin selon moi. Car aujourd'hui les humains n'ont absolument AUCUNE chance face aux logiciels d'échecs. AUCUNE. Juste pour situer, les meilleurs joueurs du monde ont au environ de 2750/2800 ELO alors que les meilleurs IA dédiées aux échecs sont autour de 3400/3500 ELO. Un gouffre abyssal d'écart. En 1997 Deep Blue n'est était qu'aux balbutiement de l'IA, un embryon. Juste voir la taille de la machine (une armoire normande), une mémoire vive dérisoire par rapport à aujourd'hui et 32Core, c'est risible.
Les enjeux pour IBM étaient bien plus grands que ceux de Kasparov. Enjeux de bourse, de réputation et de sommes englouties pour mettre en place ce projet démentiel (selon les sources, plusieurs centaines de millions de dollars). Je vous ferai grâce des coups fourrés de la société US pour gagner ce "rematch", car c'est très bien expliqué dans la série.
Pour parler du fond de la série, elle est objectivement compliquée à appréhender pour un non-initié. Très compliquée même. Niveau échecs, ça parle technique tout le temps. Perso ça me va car je pige. Mais les autres ? impossible de suivre. Je ne critique pas cette approche, je situe juste le propos. Au niveau réalité historique de ce match ET de la vie de Kasparov (je suis un fan ULTIME de Gary), ca tient bien la route de manière générale. L'acteur sauve beaucoup les meubles. Sa façon d'incarner Kasparov, ses mimiques, sa façon de bien positionner les pièces avant la partie, sa montre posée sur la table, son côté un brin dandy/sportif, un égo surdimensionné (comme tous les champions), mais surtout une volonté inextinguible de vaincre, de trouver les failles, d'anéantir la psychologie de l'autre. Et dans Rematch il en est question souvent. Deep Blue est certes une IA, mais elle est gérée/programmée par des humains, et ces mêmes humains sont friables, nerveux, fragiles et font des erreurs.
Dans l'ensemble j'ai trouvé cette mini-série assez fidèle et somme toute correcte. Quelques passages savoureux (sa simultanée à Wall Street par exemple) viennent donner une fraîcheur à un ensemble complexe comme je le disais précédemment. Mais le titre de la série ne rend pas hommage à ce moment historique pour les échecs et les Hommes.
En définitive, ce qu'on peut mettre au crédit de Rematch, c'est au moins la possibilité que peuvent avoir les gens de se plonger au cœur de ce qui restera la 1ère confrontation entre l'Homme et la Machine.
Créée
le 29 sept. 2024
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