Rewind

Thèmes : Famille / Amitié / Années 1980-1990 / Corée du Sud
Bromance : 100% / Féminisme : 60 % / Romance : 30 % / Paternalisme : 0% *

Séoul, 1988. Les Jeux Olympiques vont avoir lieu et Deok-seon fait partie des quelques lycéennes choisies pour être porte drapeau. Elle a 18 ans et vit dans un quartier où vivent cinq familles proches les unes des autres et où elle passe son temps à fréquenter un groupe de jeunes de son âge. Il y a Sun-woo, Dong-ryeong, Jeong-hwan et Taek. Ils sont cinq et ont grandi ici, ensemble, dans les années 80... En 1988, ils ne sont plus des enfants mais ils ne sont pas tout à fait des adultes non plus. Reply 1988 suit donc ces jeunes et leurs familles respectives sur quelques années charnières de leurs existences...

J'avais déjà vu le Reply 1994 qui m'avait moyennement plu (gentil mais un peu longuet et au scénario un brin limité) donc je ne m'étais pas précipité sur les autres Reply de la série. Mais ça faisait un moment que le 1988 me faisait de l'oeil avec son casting (surtout Choi Moo-sun, Ra Mi-ran, Ko Gyung-pyo et Ruy Hye-young) et je me suis lancée.

Je ne regrette pas : Reply 88 est supérieur de très loin à 94. Beaucoup plus attachant, beaucoup plus tendre et mélancolique, avec des personnages -et des comédiens- je suis obligée de le dire, bien supérieurs à ceux de 94. Le casting est nombreux, mais aucun personnage n'est laissé de côté. Chacun est intéressant, drôle, émouvant. C'est tout un microcosme qui vit au rythme de ce petit quartier, qui s'entraide et qui se retourne sur tous les autres avec bienveillance.

La chaleur et la tendresse dégagée par la série sont exceptionnelles. Nous voilà embarqués pour 20 épisodes dont les durées oscillent entre 1h30 et 1H50. A aucun moment je n'ai souhaité accélérer. Tout passe bien trop vite en réalité. Ces 20 épisodes se déroulent comme la vie, simplement. C'est juste paisible, amusant, aimant, mélancolique. Ca fait du bien.

L'autre facteur qui fait de ce Reply ci un opus supérieur à 94 (et sans doute à 97, même si je ne l'ai pas encore vu), c'est l'époque dépeinte. Les jeunes sont nés auteur de 1970-71, au moment où le pays commence sa croissance économique après des décennies de souffrance. La fin des années 80 est une période de progrès importante pour le pays, dont les JO d'ailleurs, mis en avant au début de la série, font partie. Il est nettement plus intéressant d'avoir situé la série à cette période là et d'avoir également impliqué "politiquement" un des personnages (les manifestations au cours des premiers épisodes).

Autre chose qui m'a beaucoup touchée, c'est le fait que le drama laisse une place aussi importante aux parents qu'aux enfants. Les adultes sont immensément touchants et attachants, autant voire davantage que les jeunes. C'est une autre génération, qui a vécu d'autres choses, comme la génération encore avant eux était différente. Et les relations entre les générations sont également au coeur de la série.

Le reproche que je pourrais faire, c'est d'avoir encore là aussi (idem 94 et 97) présenté les personnages jeunes de la série dans leur quarantaine (en réalité, la série est plutôt un long flashback). Honnêtement, j'ai trouvé les scènes du "présent" sans charme et sans intérêt, surtout que les personnages sont interprétés par d'autres comédiens dont le physique n'a rien à voir avec celui des autres acteurs. Ces scènes (heureusement peu nombreuses) m'ont dérangée. Et comme dans 94, l'idée semble être pour les scénaristes de maintenir le suspense sur le mari à venir de Deok-seon...

Hyeri -qui interprète le personnage principal, Deok-seon et qui est la narratrice de l'histoire- est parfaite. Elle a ce côté parfaitement naturel et pétillant. Elle n'en fait jamais trop, elle est mignonne sans être follement belle (Go-ara dans 94 ne collait pas au rôle : même enlaidie d'une étrange perruque, elle était bien trop jolie, et puis le personnage était nettement moins adorable). Et tous les autres comédiens sont formidables. Mention spéciale à Kim Sung-kyun, qui était déjà dans 94, et qui est ici inoubliable de drôlerie et d'émotion. Et bien sûr Choi Moo-sung, qui est toujours charismatique et tendre....

On sent dans la série tout l'amour que les scénaristes portent à leurs personnages, à cette époque nostalgique, à leur enfance, à leurs amis. C'est une belle série cocon, pleine de souvenirs, de mélancolie, de bonheurs, de moments intimistes. C'est aussi une série hommage à un pays qui a souffert pendant plus de la moité du 20e siècle (si on ne prend en compte que ce siècle ci !). Je trouve que le personnage de Moo-sung est d'ailleurs assez représentatif de la Corée -le pays du matin calme. Il a souffert et souffre encore en silence de la mort de sa femme, il est seul, il se contente de peu, il protège les siens (son fils Taek). Taek, tout en silence et en douceur, avec cette égalité d'humeur qui impressionne, représentant cette nouvelle génération qui va commencer à conquérir le reste du monde à travers sa discipline... C'est assez symbolique.

La série met également en avant le travail scolaire, imprégné dans la culture coréenne, à travers les personnages des jeunes qui sont en permanence un livre à la main, et de leurs parents qui angoissent de ce que sera leur avenir.

Une superbe évocation douce-amère d'une époque révolue, tendre, bienveillante et nostalgique. Comme une photo jaunie à laquelle on s'accroche. Et une belle oeuvre sur l'inexorabilité du temps qui s'enfuit...

*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094