la série qui file à l’anglaise
Ripper street réunit plusieurs atouts pour appâter le chaland:
- le contexte: on se retrouve dans l’Angleterre de la grande époque victorienne, avec ses flics aux chapeaux bombés, ses costumes à carreaux pas toujours faciles à assortir pour les hommes, et ses robes archi seyantes pour ces dames qui mettent en valeur leur plastique si parfaite. Esthétiquement c’est gagné.
- le lieu: withechapel, l’antre de jack l’éventreur qu’on chercher encore vainement, les bas fonds de Londres grouillants de trafics en tout genre, de bordels, d’alcool frelaté, et de cadavres dans le placard. Niveau ambiance, c’est tout bon.
- les acteurs:
Je ne m’explique pas ce qui fait que j’aime voir Mathew Mac Fadyen et son regard de chien battu, j’aime sa trombine mais je n’arrive pas à savoir s’il joue bien parce que j’ai l’impression qu’il tourne toujours un peu autour des mêmes rôles. Il a un air de nounours rassurant qui m’apaise autant qu’il m’énerve. Et pour une fois il a un rôle un peu moins lisse que d’habitude, mais bon son personnage est torturé, ce qui lui permet de nous servir le même regard vide qu’on connait par cœur.
Jérome Flynn (l’excellent bronn de Game of Throne), vient prêter sa “gueule” au bras droit du commissaire en charge des menues besognes, mais par la grâce du scénario il campe le personnage le plus touchant et le plus inattendu du lot.
l’inconnu au bataillon qui joue avec eux n’est pas en reste non plus, on aime le voir à l’écran lui aussi. Déjà parce qu’il est bien de sa personne, mais aussi parce que son rôle de médecin légiste/charlatan/proxénète/homme soumis lui offre une superbe palette de situations.
- les personnages:
On a le chef gentil, propre, réglo, qui ne se salit pas les mains et mène ses enquêtes au mieux, mais dont la vie est obscurcie par une relation compliquée avec sa femme, la perte de leur enfant, et qui se révèle donc moins lisse au fur et à mesure qu’on le découvre.
Son lieutenant est le violent du lot: le bon collègue à qui on peut confier sans problème les tâches les plus ingrates, le bon gars quoi. Pas le plus intelligent du lot, il le reconnait lui-même, mais de loin le plus aimable. Sous ses airs de brute on trouvera un type qui voudrait simplement vivre une vie simple et adorable.
L’improbable médecin légiste: américain, trouvé par hasard, complètement louche sur les bords et dépravé au milieu, à 10 000 km de tout ce qu’on pourrait attendre d’un médecin légiste fiable.
Il entretient une relation tumultueuse avec la tenancière d’un bordel “long suzann”, et ça ça nous donne l’occasion de visiter régulièrement ce lieu typique de l’époque (et de trouver les rares femmes de la série).
Le trio ainsi formé est la pierre angulaire de la série, les premiers épisodes trainent un peu en longueur en nous servant des histoires qui se succèdent comme dans n’importe quelle série policière, et puis quand on commence à suivre une trame globale, à connaitre nos joyeux lurons ça devient bien plus intéressant. Plus on avance plus on a envie d’en découvrir sur notre trio de choc.
L’ambiance générale de la série est marquante:
C’est glauque, c’est vieux, ça pue la corruption et les combines pour s’en sortir le moins mal possible, et puis de temps en temps on voit poindre une parcelle d’humanité, un moment de répit pour nos amis.
Par contre on n’est pas dans une série romantique, donc le peu de rayons de soleils auquel on a le droit est souvent bien vite obscurcis par de sordides découvertes ou revirements.
C’est trépidant, mais à la longue un peu épuisant, on aimerait tant qu’il y ait au moins une personne pour qui ça se passe bien.
D’un autre côté c’est tout à l’honneur des scénaristes de nous montrer que personne n’est épargné, et que chacun doit faire face à ses propres démons et petits tracas du quotidien.
On pourra quand même relever quelques défauts:
les personnages sont tous tourmentés, mais restent globalement toujours dans leurs fonctionnements respectifs, ça tourne en boucle sur le même thème, et c’est particulièrement vrai pour les femmes qui sont assez peu mises en avant.
Les relations entre les personnages évoluent en parallèle, comme si on avait voulu absolument ne pas favoriser un personnage par rapport à l’autre: lui a son moment de bonheur, ok au tour du numéro 2. Ça sent un peu le forcé.
certaines intrigues trainent en longueur, on aimerait être plus surpris par leur déroulé, et à l’inverse être moins tourneboulés quand les scénaristes semblent se réveiller (comme à la fin de la saison 1 qui était joyeusement bordélique)
on aimerait connaitre davantage certains personnages, comme le petit nouveau dont on suit un début d’enquête et puis qu’on oublie pendant 5 épisodes, et même pour nos 3 acolytes, on aimerait les suivre plus, les découvrir autrement que dans leurs registres habituels.
On aimerait vraiment que ça change, et en même temps si ça bougeait, qui nous dit qu’on y retrouverait nos petits?
Une série agréable, même s’il va falloir trouver d’autres ressorts dramatiques pour continuer à nous épater (la fin de la saison 2 était magnifique, surtout dans son traitement de Drake, le personnage qui est devenu en quelques coups le plus percutant de tous).