Je crois que je préfère Guillaume Tell maintenant...
Si vous saviez à quel point je peux haïr cette série. Je la déteste de tout mon cordialement et je suis ébahi d’avoir réussi à en regarder les trois saisons en entier sans jeter péter une durite. Je mérite décidément une médaille et un bouquet de fleurs.
Il y avait tout de même de violents indicateurs que la série allait très vite et très méchamment partir en sucette et cela dès l’épisode-pilote. Robin rentre des croisades avec son sidekick (comprenez souffre-douleur, mais on y reviendra), ils croisent un type et sa fille. Robin et elle se retrouve un peu à l’écart et les voilà qui commencent à se faire du rentre-dedans. Premier indice que ça va mal finir. Parce que oui, Robin est un personnage réellement détestable et si vous ne vous laissez pas avoir par la belle gueule de l’acteur vous aussi vous allez le détester : égocentrique, vaniteux, imbu de lui-même et très, très volage. Pour un héros noble au cœur pur avouez que ça craint un peu. Espérons que les méchants soient à la hauteur.
Et tiens justement, les voilà qui arrivent. Comment les reconnaît-on ? Facile, ils portent du noir. Et du cuir. La team vilain se compose donc du traditionnel Shérif de Nottingham et de son bras droit (souffre-douleur) Guy de Guisborn. Le cast est quasiment au complet, la fête peut presque commencer mais il manque quelqu’un, la seule personne à porter un peu d’espoir dans ce grand kamoulox qui se prépare : Marian. Et je n’exagère même pas, c’est le seul personnage qui a l’air sensé dans cette série : elle trouve que Robin est un grand blaireau boursoufflé de suffisance et totalement dépourvu de subtilité, bref je suis un fan.
Maintenant, le show peut commencer. Et c’est une déception sans cesse croissante. À chaque fois que je me suis dit que les choses s’amélioraient un tant soit peu mes espoirs explosaient en plein vol. Il y a tant de choses qui ne vont pas.
Vous savez, je vois une série ou un film comme une sorte de toupie : la pointe est l’écriture et le corps la mise en scène et le jeu d’acteur. Si le corps est déséquilibré la toupie fera un peu n’importe quoi mais si l’écriture ne marche pas, le film ou la série est condamnée et c’est justement ce qu’il se passe ici.
Du point de vue de la mise en scène, je ne vais pas mentir, je trouve ça mauvais, par moment catastrophique : si au début la série est très clairement cheap et est tournée avec trois fois rien comme budget, il y a quand même des choses que l’on ne peut pardonner : les bruitages merdiques dignes d’un épisode de Tom et Jerry, les images de synthèse dégueulasses, les mouvements de caméras soit fades, soit vomitifs ou des incrustations faites avec les pieds. Et c’est de pire en pire au fur et à mesure que le budget augmente car les réalisateurs sont alors plus audacieux.
Fort heureusement les acteurs ne sont pas mauvais, voire bon, même s’il est très certainement difficile d’en juger vu la qualité de l’écriture. Encore une fois, les acteurs ne sont pas des magiciens, ils ne peuvent pas créer de personnalité ex nihilo. Ils doivent donc compter sur leur seul charisme et bon sang certain en ont (principalement chez les méchants mais pas que) : Lucy Griffiths, Keith Allen, Richard Armitage, Lara Pulver prouvent, ou ont prouvé postérieurement leur talent et je les plains de devoir supporter le poids de la honte d’avoir figuré au casting de cette bouse.
Jusqu’à maintenant, je n’ai pas abordé le point réellement litigieux à mon sens, ce qui m’horripile et me fait sortir de mes gonds : l’écriture scénaristique. Cette série pue tant la paresse intellectuelle et la malhonnêteté que c’en est remarquable. C’est presque un cas à l’école de la mauvaise foi, sans mentir.
Durant la première saison c’est extrêmement léger, on le remarque à peine, si ce n’est à quelques moments où on se dit que c’est quand un même un peu abusé. À ce moment, je me suis dit que l’écriture était assez convenue avec parfois des sursauts de créativité. La deuxième saison commence déjà à sentir le roussi, les créateurs de la série devaient pressentir le naufrage prochain et certains acteurs aussi vu que certains rats ont commencé à se faire la malle après un final joliment n’importe quoi qui voit Marian se faire planter par Guisborn. Ils ont eu raison : la troisième saison est à la limite du soutenable pour quiconque est en pleine possession de ses capacités cognitives et là, je vais être méchant.
Après deux saisons à avoir vu Robin et sa clique entrer dans le château de shérif comme dans un moulin, toujours par le même passage à la con dans des épisodes aussi codifiés que des épisodes de Scooby-Doo (Robin veut voler les deniers du shérif, ils élaborent un plan fumeux, Marian fait un peu de charme à Guisborn pour lui soutirer quelques informations (parce que oui, entre temps, elle lui a retourné sa veste) et les transmettre à Robin, séquence infiltration, ça marche, le shérif pique sa crise, acclamation de la foule en délire), on pourrait croire que l’on a été assez pris pour des cons, et que l’on est, de fait, immunisé contre ce qui va suivre. Ben non.
Marian bouffant les pissenlits par la racine, Guisborn est tout triste et passe du style SM au look émo, Robin renouvelle sa bande de branleur et réintègre Allan qui lui aussi avait décidé de changer de camp. C’est là qu’à lieu l’accident industriel : le prince Jean, Isabella et Kate entrent en jeu. Cela va donner lieu au pire intrigues qui soient avec Isabella qui change tout le temps de camp dans une tentative de créer un personnage manichéen (chose déjà faite avec Allan, la saison précédente, enfin bref…), échec total au final puisque c’est juste une connasse qui sert ses propres intérêts. Bref, Isabella est méchante, mais en fait non, mais en fait si, mais en fait non, mais en fait si. Robin se met à la colle avec Kate genre trois mois après que l’amour de sa vie (vous savez, Marian) soit morte. Le shérif crève, mais en fait non, Guisborn se trouve une nouvelle petite amie mais elle canne elle aussi. Mais c’est pas fini, le pire est à venir.
Le père mort de Robin n’est pas vraiment mort. Et il s’est fait la mère de Guisborn et la mise en cloque. Du coup Robin, Guy et Isabella ont un demi-frère. Et quand il était petit Robin était déjà un sale petit morveux. Il connaissait Guy (mais n’avaient-ils pas dû se présenter l’un à l’autre au premier épisode). Et…Guisborn change de camp et devient gentil à le demande de son pire ennemi alors que s’il avait changé son plan de carrière une saison plus tôt quand la femme de sa vie l’en avait supplié, celle-ci serait toujours vivante. Vous la sentez la fumisterie ?
Bon on va abréger les souffrances de tout le monde : à la fin tout le monde clamse dans une explosion dantesque et Robin sout l’emprise d’un poison mortel plane et voit Marian vient nous faire un caméo cosplayée en Arwen.
Voilà pourquoi je déteste cette série : car elle pense que parce qu’elle se conçoit comme une série populaire elle peut se permettre de pondre à la chaîne des scénarios creux en suivant un modèle, quitte à prendre les téléspectateurs pour des imbéciles. Or ça ne passe pas, le paysage télévisuel anglais regorge d’excellente série et celle-ci n’est clairement pas au niveau. Et le pire, c’est qu’il y avait du potentiel et qu’avec un peu plus de créativité, on aurait pu avoir un résultat correcte, voire bon. Les idées étaient bel et bien là, et elles étaient nombreuses, mais elles n’ont jamais été complètement exploitées. Lorsque la sœur du shérif se fait tuer par Robin, cela aurait pu être un moyen de creuser le personnage de lui faire développer une haine encore plus féroce envers lui, mais il n’en est rien. Il n’en est jamais plus fait mention et le shérif reste ce personnage immature et fantoche que l’on a du mal à redouter.
C’est d’ailleurs un autre défaut de la série : les personnages sont incroyablement lisses et ils se rapprochent davantage de fonctions qu’autre chose. Djaq et Will aurait pu avoir le droit à leur petite romance, mais non. Les doutes et les remords d’Allan auraient pu être plus développés, Munch aurait pu être autre chose que le boulet de service sur lequel tout le monde tape. Quant au triangle amoureux Marian, Guisborn, Robin, il aurait pu être crédible la première saison, mais quand lors de la deuxième Guisborn dit qu’il y avait quelque chose de spécial entre Marian et lui, on a juste envie de lui rire au nez. Pourtant, cette relation avait réussi à humaniser Guy au point de la rendre touchant. Le voir voler au secours de la dame de son cœur et se comporter comme un crétin amoureux sont parmi les seuls moments où j’ai souri devant cette série.
Bref, je ne recommanderais le visionnage de cette série à personne, et en aucun cas aux fans de la Femme ou de Lucas North.