Comment ne pas penser aux “bâtards sans gloire” de Tarantino tant les exploits guerriers des fous furieux qui accompagnent les six épisodes de la mini-série “Rogue Heroes” sont déments. Nous sommes en décembre 1941 à Tobrouk en Libye. La cité, considérée comme la porte de la Méditerranée, est sous les bombardements incessants de la Luftwaffe. À l'intérieur des terres, Rommel et ses hommes, accompagnés par l’armée italienne, gagnent du terrain. Si Tobrouk tombe, il ne restera plus que Malte pour maintenir en vie, la coalition britannique en Afrique du Nord. Malheureusement, durant le prologue de l’épisode final, Tobrouk tombe ! Pour l’heure, planqué au Caire, l’état-major de sa gracieuse majesté le Roi Georges, se fourvoie dans d'innombrables missions, toutes vouées à l’échec. La dernière en date se voit stoppée par une panne sèche géante, en cause un cafouillage hallucinant entre les miles anglais et les kilomètres français !? Le spectateur reste ébahi devant un tel amateurisme, d’autant que la mini-série nous annonce fièrement que les événements les plus dingues sont, pour la plupart vrais ! C’est dans ce contexte que nous faisons la connaissance de l’officier anglais David Sterling (Connor Swindells), un tantinet frustré de ne pouvoir combattre. Celui-ci sera approché par Jock Lewes (Alfie Allen), un gradé gallois, azimuté qui a la riche idée de vouloir parachuter des hommes dans le désert pour prendre à revers les convois allemands. La palme de la folie revient pourtant à l’Irlandais Paddy Mayne (Jack O’Connell), un soldat absolument incontrôlable. Par des concours de circonstances et des collusions improbables - notamment avec l’aide des services secrets anglais et ceux de la France libre, sous les traits d’Eve Mansour (Sofia Boutella à la posture mystérieuse d’une Mata-Hari) - par le biais de fausses vérités ou de vrais mensonges, ce trio hétéroclite deviendra le socle d’une unité fantôme nommée SAS. Après une campagne de recrutement croustillante - l’ombre des “Douze Salopards” n’est jamais loin - l’équipée sauvage a pour mission de détruire au sol, les avions ennemis. Une escouade de paras français viendra bientôt grossir les rangs de cette section qui n’existe pas ! Steven Knight ("Peaky Blinders”), le créateur de la série, et Tom Shankland (“The Children”), le réalisateur, balaient d’un revers de manche, toute trace d’héroïsme pour laisser place à une drôle de guerre, ou plutôt une guerre de substitution. Quand la guerre traditionnelle ne suffit plus, le SAS prend le relais… Durant 6 épisodes d’une heure chacun, “Rogue Heroes” distille une folie furieuse et une irrévérence salvatrice. Le casting de dingue, les dialogues cyniques et ciselés - la VOSTFR permet d’apprécier les différents accents - et les scènes de désert subliment l’ensemble. Quant aux fusillades, explosions et autres scènes d’action, elles font le job, mais “Rogue Heroes” n’est jamais aussi intéressant et puissant que dans ces moments de calme !!!