Hervé Hadmar, avec Romance, fait côtoyer la science-fiction et le romanesque.En replongeant un anti-héros fatigué du vingt et unième siècle dans les années 60. Le point de départ a incontestablement un prétexte narratif qui interpelle. Derrière Alice, la femme fatale de Biarritz, il y a une histoire contrariée et cachée, que le spectateur a autant envie de suivre que Jérémy. Le cadre, reconstituant l’été 1960, est stupéfiant et il est difficile lors des deux premiers épisodes de ne pas l’ignorer. Je trouve que les non-dits subtils de l’histoire constituent une exposition exquise dans cette série. Les découvertes progressives, pas vraiment annoncées, maintiennent un véritable intérêt. Le casting féminin et masculin fonctionne, même si la présence dés personnages prévaut sur leurs dialogues.Vivement la suite. Entre le troisième et le quatrième épisode, le spectateur comprend qui est Alice grâce à la découverte de Jérémy. La méfiance naturelle de la jeune femme s’explique par un passé extrêmement douloureux. Là où l’ensemble pêche un peu, c’est la raison pour laquelle Alice tombe amoureuse de Jérémy. On a du mal à croire à leur rapprochement même si le fils Desforges est le contrepoint idéal pour prouver la vraie valeur de Jérémy. La piste la plus probable consistant à concevoir qu’Alice et le jeune homme cultivent la science de la couverture parmi les autres. C’est leur gros point commun qu’Alice reconnaît instinctivement. Jérémy tombe amoureux de l’histoire de sa dulcinée mais sa prise de contact avec Alice est plus orientée qu’éclairée. Hervé Hadmar choisit cet angle peu flatteur mais change diablement le point de vue en prouvant qu’Alice prend l’ascendant dans l’expérience de la romance. Même si Jérémy est à l’origine idéaliste de son mouvement, la jeune femme la concrétise. Et le final s’annonçant contrarié, que pourra t-il bien encore se passer? Il y a dans l’épilogue de Romance une alternance de bons moments cohabitant avec d’autres moins réussis. Toute la partie où Jérémy veut endosser la peine d’Alice et commettre l’irréparable est à mon sens un écart narratif assez signifiant. Par contre, quand Jérémy se confie à Margaret et fait parler sa raison profonde, le ton devient raccord car le jeune homme ne plane plus et se contente d’être et de réfléchir posément. En suggérant que Jérémy est prêt à faire la part des choses, Hervé Hadmar l’intègre dans l’état d’amour à l’âge adulte. Les dernières minutes du dernier épisode jusqu’au dénouement heureux sont empruntes d’une certaine apesanteur. Alice finit par apparaître,et de se dire que sa manière de posséder le temps pour rejoindre Jérémy, tient du merveilleux où le rationnel n’a décidément aucune place. Une ultime pirouette pour clore cette histoire retorse et mouvementée.