Rougemuraille
7.2
Rougemuraille

Dessin animé (cartoons) Teletoon+ (1999)

"Je suis ce qui est ! Mon épée parlera pour moi."

L'univers de Rougemuraille, à la base une série littéraire écrite par l'auteur britannique Brian Jacques, m'a longtemps fait de l’œil, un peu comme l'avez fait cette page d'un vieux magazine présentant les aventures d'un certain Argaï. Glissé dans un coin de ma tête, cette envie de découverte est restée en hibernation un bon nombre d'année jusqu'à ce que je découvre le jeu Armello et fasse revenir la Fantasy Animalière à sa juste place. Ainsi, je viens de terminer le visionnage de la série d'animation Rougemuraille (Redwall in english please - et en réalité, la série s'appelle Redwall même en version française donc...), création franco-canadienne de toute beauté. Avec cette découverte, couplée à la série Argaï, la prophétie, je deviens de plus en plus sûr que la France a vraiment de quoi proposer des choses extraordinaires dans ce sous-genre, mais passons l'auto-idolâtrie ! C'est donc trois saisons qui nous sont parvenues, adaptées des premiers cycles de Brian Jacques que je n'ai pas encore lu mais ça ne saurait tarder ! Diffusée durant l'intervalle 1999-2001, la série Redwall (on prendra le titre anglais) nous offre un divertissement agréable malgré quelques saleté qui, pourtant, étaient largement effaçables.


L'aventure se découpe en trois histoires (une par saison) en se focalisant sur des personnages bien particuliers et contant les événements qui ont fait trembler les murs de la célèbre abbaye de Redwall. Siège, invasion, esclavage... L'abbaye est convoitée par le plus grand nombre et ses habitants ont croulé sous le malheur plus d'une fois mais c'était sans compter sur trois légendaires souriceaux !
Pas plus de spoil, comme à mon habitude !


Étant donné que les trois saisons sont "relativement" courtes - il faut compter 13 épisodes de 20 minutes approximativement - je me permets de détailler au cas-par-cas les différentes saisons. C'est parti pour la première !



Saison 1 - Redwall



Cette première saison se concentre sur le jeune Matthias, jeune souriceau recueilli à l'abbaye de Redwall suite à l'attaque de son village dont il est le seul à avoir survécu. L'auteur de ce trouble n'est autre que le rat Cluny dit le Fléau qui convoite ardemment l'abbaye. Matthias promet de venger les siens, bras et volonté guidés par Martin le guerrier, fondateur et figure légendaire de Redwall.
Durant 13 épisodes donc, on va suivre le siège de l'abbaye - et je me dois de commencer par ça - qui est une imposante forteresse ! Ce qui donne un aspect des plus "badass" au bâtiment.


Alors, au niveau de l'histoire, force est de constater que cela ne semble pas voler haut : en effet, on a une intrigue relativement simple et un schéma narratif quasi identique pour chaque épisode. En clair, le méchant Cluny prépare un plan machiavélique pour s'emparer de l'abbaye, Matthias est le héros, Matthias parvient à vaincre Cluny et on recommence ; je schématise grossièrement bien évidemment. La construction des épisodes suit la structure d'un conte bon enfant et n'ayant pas lu la moindre ligne des livres de Brian Jacques, je suis dans l'incapacité d'affirmer si cette armature était identique. Néanmoins, cet aspect "bon enfant" est loin d'être lisse. En effet, il ne s'agit nullement d'une série pour enfants dans un univers mignon et rose ; et c'est bien là un des éléments qui m'a choqué (dans le bon sens du terme) : on meurt dans cette série ! Et on meurt beaucoup ! Et pas que du côté de Cluny, les habitants de Redwall passent également de vie à trépas. Et cela aide à l'attachement que l'on éprouve pour les personnages même si, malheureusement, dès qu'un terrible événement survient, il est la plupart du temps expédié en deux temps trois mouvements sans que l'émotion ne saisissent pleinement le spectateur et c'est une sensation rudement dommage... Oserais-je même dire du gâchis ! Car même si on reste dans des directions simplistes, enfantines, les enjeux sont réels, on ressent le danger et on a peur pour nos personnages préférés, peur qu'ils nous quittent bien trop vite et ne survivent pas jusqu'à l'épisode final. Notons également que les stratagèmes de siège, s'ils ne le sont pas tous, sont de bonnes factures, bien pensés et ingénieux, contribuant sans mal à nous immerger dans cet univers animalier.
Ainsi, pour ce qui est des ficelles de l'intrigue, pour le tissage du scénario, on demeure sur quelque chose d'assez basique, voire même aisément perceptible dans l'enchainement des événements - ce qui peut gâcher certains effets de surprise - mais le ton et l'ambiance qui émanent de cette série en fait une création plus mature qu'on ne pourrait le croire au premier abord, abordant des thèmes sombres, n'hésitant pas à montrer des morts à l'écran (certes la plupart du temps, les morts sont dissimulées par un décor en premier plan, un fondu en noir... néanmoins, le bruitage ne laisse que peu d'interprétation possible). Une mention spéciale pour les ouvertures et fermetures des épisodes ! Là où dans Argaï, la prophétie, nous avions un moine-copiste closant les épisodes par un petit quatrain en vers - servant assez bien l'immersion - ici, nous avons les exploits marquants de l'épisode tissés sur une tapisserie. Il faut dire que l'abbaye de Redwall possède une gigantesque tapisserie narrant les hauts faits de Martin le guerrier et voir les aventures de cette première saison (mais également des deux autres saisons) apparaître sous la forme d'une scène tissée est absolument agréable, plaisant et immersif.


Pour ce qui retourne des personnages. Il est tout d'abord important de déclarer que les doubleurs font un travail plus que convenable, jouant parfaitement avec les émotions de nos animaux héros. Ainsi, nous possédons des personnages fort sympathiques dans l'ensemble, plaisants à suivre et vivants. Pour le côté des assiégés, il est intéressant de constater que si tous désirent que Redwall reste leur possession, tous n'entendent pas la défendre de la même façon, à commencer par Matthias. Le jeune souriceau, guidé par l'esprit de Martin le guerrier et hanté par la destruction de son village natal, est bien décidé à affronter Cluny fer contre fer. En héros de la série, beaucoup (trop) de choses reposent sur ses épaules concernant la défense et la préservation de Redwall. Fort heureusement, il peut compter sur ses nombreux compagnons dont Fleur-de-maïs, Constance, Monsieur Taupe et bien évidemment - et ça vaut une mention spéciale - Blaise, le lapin à l'humeur toujours délicieuse et dynamique. A noter que les personnages qui croisent la route de Matthias sont également impressionnants, à leur échelle. Du côté des assiégeants, on demeure sur des figures plus discrètes mais pas moins charismatiques, à commencer par Cluny, aussi cruel que persévérant. Une mention spéciale pour le véritable mais assez absent antagoniste Asmodeus, serpent dénué de manichéisme et qui s'attaque aussi bien à Matthias qu'aux soldats de Cluny.
Dans l'ensemble, c'est un large et appréciable panel de têtes sympathiques que l'on nous présente pour faire vivre cette série.


Concernant le côté graphique de la série, on a quelque chose de regardable. Ce n'est pas magnifique mais c'est loin d'être nul. On remarquera cependant de nombreux faux raccords qui attireront le regard des plus vigilants et quelques plans réutilisés deux-trois fois (majoritairement des scènes de bataille), histoire de ne pas dépenser plus d'argent en proposant des séquences inédites. Mais bon, quelle série ou n'importe quelle création pour petit et grand écran ne l'a jamais fait. Autrement, c'est dynamique, coloré et cela plaira sans aucun doute aux enfants et au plus grand.


Pour ce qui est des musiques, je dois avouer avoir été un peu déçu. En effet, si l'on peut compter quelques mélodies sympathiques, le tout reste assez discret et plutôt oubliable malheureusement...



Saison 2 - L'histoire de Mattiméo



Cette deuxième saison prend place quelques années après le siège de Redwall. On y retrouve les personnages récurrents de la première saison (Matthias en première ligne) ainsi que Mattiméo, son fils. Dans cette saison, les enfants de l'abbaye sont enlevés par Salik, un renard encapuchonné qui a pour dessein de réduire des animaux en esclavage afin d'en faire de la main d’œuvre pour Malkariss qui désire construire une immense forteresse souterraine. C'est ainsi que Mattiméo se retrouve enchainé et au prise du renard. L'originalité de cette saison, si l'on compare avec la première, tient au fait que l'on ne se focalise pas sur un seul et même personnage (du moins pas de manière prononcée) mais sur trois personnages, à savoir Mattiméo au prise des esclavagiste, de Matthias qui poursuit les kidnappeurs de son fils et Fleur-de-maïs, restée à Redwall et défendant l'abbaye d'une nuée dirigée par le général Bec-dacier. En somme, c'est une saison de famille !
Néanmoins, si le découpage est plutôt bienvenu, on se retrouve avec beaucoup trop d'action en même temps, ce qui peut vite mener à une "overdose". Pourtant, chaque tranche est intéressante à suivre et possède son atmosphère bien à elle, même si le côté martial semble revenir souvent.
Ainsi, nous avons un problème d'enchainement et de surplus d'action. Il faut coupler à cela une accélération dans les différentes intrigues. En effet, il faut se concentrer sur trois histoires différentes (qui finiront par se rejoindre en conclusion de saison) et il n'y a pas beaucoup de temps. On se retrouve généralement à proposer des événements résolus la plupart du temps de manière assez spectaculaire et facile ; de nombreux "deus ex machina" semblent usés pour simplifier le déroulement des intrigues et également sauver les héros de situations périlleuses - situations majoritairement provoquées par ces mêmes héros quelque peu inconscients de ce qu'ils font. Et cette sensation est désagréable quand on voit que malgré ça, les événements proposés sont intéressants et propices à l'étoffement. On se consolera en profitant de notre mieux des différentes péripéties, laissant d'anciens personnages refaire surface, pour notre plus grand bonheur. Sauf que, nouveau problème : cette saison garde le même esprit que la première. Ainsi, les "gentils" comme les "méchants" sont susceptibles de mourir au combat. Et dès lors que la vitesse de lecture de l'épisode est exagérément accéléré, il n'y a plus moyen de se sentir impacté par la mort de camarades de route de Matthias. Et c'est dommage, une fois de plus...
En bref, cette deuxième saison voit grand, voire beaucoup trop grand et se perd dans une infinité d'intrigues. Néanmoins, le tout est assez bien agencé pour que réside le plaisir de regarder la série. On regrettera le tempo bien trop pressant malgré les trouvailles scénaristiques intéressants qui, cependant, perdent un peu de leur noblesse à cause de petites stupidités dans le choix que prennent les personnages - cachant des traquenards gros comme des montagnes !


Pour les personnages, force est de constater que si les doubleurs semblent avoir changé pour certaines personnages, ces derniers sont toujours aussi agréables à suivre. On remarquera des évolutions notables et bienvenues et peut-être parfois plausiblement contradictoires. Autrement, c'est un plaisir sans nom que de les retrouver. Pour ce qui est des nouveaux venus, on reste sur de bonnes surprises malgré quelques déceptions côté antagoniste. Sans vouloir spoiler, Salik reste le meilleur grand méchant (même si sa conclusion laisse largement à désirer quand on apprend vraiment tout de lui) contrairement au fameux Malkariss que l'on décrit tout au long de la série et qui nous surprend dès qu'il apparaît (après, en un sens, il y a de la logique dans cette surprise). Aussi, dans les nouveaux personnages, je dois avouer ne pas avoir apprécié Bébé-boule, très jeune enfant recueilli par l'abbaye, qui sert de deus ex machina pour les parties concernant Fleur-de-maïs et qui est d'un insupportable pour ma part !
Une mention spéciale pour le hibou poète, cocasse comme personnage !


Pour le côté graphique, on ne tombera pas dans de la redite mais c'est honorable pour une série de ce gabarit.


Pareil pour ce qui tourne autour des musiques. De bonnes mélodies mais trop de musiques oubliables.



Saison 3 - L'histoire de Martin



Suite aux événements de la deuxième saison, les habitants de Redwall décide de raconter et d'écouter l'histoire de Martin le guerrier et ainsi, nous suivons les premières aventures du souriceau qui donnera naissance à l'abbaye de Redwall. Et non pas que je sois déçu de cette troisième saison mais je m'attendais à beaucoup plus, à mieux. En effet, là où je m'attendais à une explication sur la construction de Redwall, on assiste à un scénario presque identique à la deuxième saison : une intrigue tournant autour de l'esclavage. Bon... Personnellement, je m'attendais à plus. Après, on reste sur une histoire passionnante et dynamique, centrée sur un jeune Martin qui n'a alors d'un guerrier que l'épée de son père et qui tente de libérer des esclaves de la tyrannie de deux bandits ennemis, désirants contrôler une place-forte sur les côtes. Contrairement à la deuxième saison, cette dernière propose une histoire mieux gérée et découpée. On demeure néanmoins sur quelque chose de très enfantin où de nombreux éléments pourtant aveuglant semblent ne pas être pris en compte par les antagonistes majoritairement. Ce qui donne à penser que les méchants sont stupides malgré les nombreuses scènes d'ingéniosité. Pour sur le même principe, cette saison se veut mature et y parvient en faisant tomber de nombreux personnages, quelque soit le camp et pour une fois, les morts sont beaucoup plus prenantes, le tout grâce à une bande son plus mélancolique (et également légèrement plus travaillée). De plus, si la deuxième saison présentait également un siège, force est de constater que cette troisième saison reprend les voies de la première en tournant uniquement autour de la prise d'une place-forte. Et si l'on désire pousser l'analyse plus loin et plus méchamment, il est vrai que le fort est pris et repris un nombre incalculable de fois, au point d'être rapidement lassant et incompréhensible de voir des animaux mourir pour sa conquête.
Une nouvelle saison qui ne manque pas de dynamisme et de sacrifices, qui osera développer des thèmes que les deux premières saisons ne faisaient de survoler brièvement (à tort parfois) et qui - malgré mes attentes faussées - propose une jeunesse de Martin le guerrier à la hauteur des espérances. Néanmoins, il faut le noter, la conclusion de cette saison laisse complétement sur la faim au point où je serais prêt à quémander une quatrième saison pour clore de manière plus travaillée L'histoire de Martin. C'est simple, tout ce qui faisait la richesse de Martin dans les deux premières saisons est complétement absente... On nous montre les prémices d'une légende, et non la légende même, quand bien même les prémices sont agréables et extraordinaires.
Un préquel intéressant qui aurait pu l'être encore plus.


Concernant les personnages, c'est du totalement nouveau. On a le personnage de Martin, à l'image du héros loyal, force brave... Cependant, il y a un petit hic car Martin commence réellement à devenir un guerrier tel que l'on pouvait l'entendre dans les précédentes saisons qu'à partir des derniers épisodes, et encore la conclusion de ce personnage laisse encore plus perplexe, le tout portant à croire qu'il y a des erreurs de personnalité d'une saison à l'autre. Là encore, la direction prise est intéressante mais insuffisante en seulement 13 épisodes ; mais là est mon avis strictement personnel. Concernant les autres personnages, force est de constater que certaines figures prennent des directions admirables pour une série de ce gabarit et proposent des évolutions assez sombres. Néanmoins, cette fraicheur est quelque peu atténuée par la reprise d'animaux déjà existants dans les premières saisons, histoire de ne pas trop perdre les jeunes spectateurs. Alors certes, ces personnages sont attachants mais le fait qu'ils appartiennent exactement à la même race que les personnages récurrents des premières saisons peut être jugé limite. Autrement, nous avons de bonnes idées dans la conception de certains personnages et de certains "peuples", offrant quelques particularités plaisantes.


Pour les côtés graphiques et musicaux, on demeure sur la même longueur d'onde que les deux premières saisons même si l'on peut souligner la présence de mélodies plus prenantes.


La série Redwall est une excellente création malgré des points qui auraient pu être évités et ce, assez facilement. Une création proposée à de jeunes spectateurs avec des visées pour les plus âgés, aux messages honorables, à l'atmosphère très mature voire violente. Un divertissement pour toute la famille et une grande création de Fantasy Animalière qui a su aisément me faire adhérer à son univers et à ses personnages. On pourra regretter des facilités et quelques manques mais on se consolera en démarrant la lecture des œuvres piliers de Brian Jacques afin de replonger dans ce monde merveilleux et animalier qu'est celui de l'abbaye de Redwall.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
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le 11 mai 2020

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PhenixduXib

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