Une série qui prend le temps... de vous faire bouffer votre canapé!
Jamais cette série n'aurait pu être aussi bien réussie sans ce reproche qu'on lui fait souvent : sa lenteur.
Contrairement à un Boardwalk Empire qui n'en finit pas d'être lent (Doc Gyneco sous perf' serait plus extatique, disons-le), on ne s'emmerde pas pour autant dans Rubicon.
Très vite, on sait qu'on a pas affaire à des super-spy survitaminés.
On est à l'API, dans un centre de renseignements et d'analyse privé en contrat avec le gouvernement US.
Cette agence n'a rien d'High-Tech ni de musclé, au contraire... c'est un centre d'analyse, point-barre.
Mais attention, c'est du lourd !
C'est LE centre d'analyse dont on attend les résultats avant de balancer un missile transcontinental sur une école qui pourrait abriter de dangereux terroristes.. le même centre qui aurait sans doute un jour dit "Désolé Mr Le Président, mais on ne trouve pas d'armes nucléaires en Irak.. après hein, vous en faites ce que vous voulez.."
Bref, c'est une agence de l'ombre, dont on ne parle pas, et dont les analyses vont donner le ton de la stratégie politico-militaire US.
Or, pour faire de bonnes analyses, on n'engage pas Capt'n America, mais plutôt une bonne poignée d'intellos, spécialistes de cryptologie, langues anciennes, géo-politique, et tous ces trucs pas vraiment sexy.
Voilà.
Vous commencez à piger.
C'est lent, parce que tout repose sur l'intellect d'une équipe d'analyste.
Dans ces cas là, vous n'avez pas de course poursuite à 120mph, ni de black balèze pour sortir une vanne funky en pleine fusillade.
Non, vous avez des pièces de puzzle qu'il faut remettre en place, éléments qui demandent d'avoir fait, au moins, un doctorat dans l'une des matières précitée.. bref, personne (vous, moi) ne bite que dalle, sauf une fois de temps quand on prend la peine de faire un scène où on reprend tous les éléments.
Ajoutez à cella un scénario vraiment balèze, quelques scènes/tableaux récurrents qui rythme parfaitement bien l'ensemble en permettant de revenir à des choses "connues" (les papote "off de records" sur le toit, le désespoir bureaucratique à chaque scène avec le boss du service, ...), quelques seconds rôles que l'on connaît bien et qui interviennent dans leur rôles habituels, mais servis par une écriture de personnages riches et au petits oignons, et tant d'autres qualités narratives.
Les lenteurs reprochées à Rubicon ne sont pas des erreurs de style, mais je dirais que c'est le résultat d'un travail de fond.
Ces moments où l'on sent le raccourci quand le héros trouve ZE indice, les retournements de situations un peu tirés par les cheveux, ou un mec qui meurt sans trop qu'on sache pourquoi mais c'est pas grave c'était un second rôle t'façon... tous ces moments là ont été remplis, ont un sens, et sont crédibles.
Sans doute trop pour le public US, ce qui explique peut-être son unique saison.
Pour ma part j'ai adoré, parce qu'en dehors de certaines analyses qu'on vous lance en pleine tête sans en avoir compris la moitié, il y'a aussi de petites perles de dialogues et quelques façon de construire une intrigue hors des sentiers battus.
Et il reste une constante du genre : le thriller.
C'en est un vrai, un bon, bref... vous allez bouffer votre canapé.