Run with the Wind
7.9
Run with the Wind

Anime (mangas) NTV (2018)

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Kaze ga tsuyoku fuiteiru (Run with the wind) est l’adaptation du roman écrit par Miura Shion, une auteure que nous avons déjà pu découvrir en 2016 grâce à la très bonne série Fune wo amu. Le sujet est ici tout à fait différent puisque ce nouvel anime se veut être une série sportive dont le sujet principal est l’Hakone Ekiden.


Il convient tout d’abord d’expliquer en quoi consiste ce dernier vu son importance. Par Ekiden, on désigne une course relais de longue distance où des équipes de coureurs, généralement six personnes, parcourent une distance variable, bien souvent un marathon, et s’échangent le tasuki, témoin sous forme de ruban, jusqu’à la ligne d’arrivée.


Si l’Ekiden s’est exporté à l’international, avec une édition annuelle à Bruxelles notamment, ce type d’événements a surtout son sens en tant que phénomène sportif populaire au Japon. On peut trouver régulièrement des courses de fonds organisées un peu partout sur les archipels nipponnes et les courses relais ont en particulier beaucoup d’attrait, ce qui donne lieu à de nombreuses compétitions, avec au sommet le fameux Hakone Ekiden.


L’Hakone Ekiden a la particularité d’être une course réservée aux étudiants universitaires, hommes uniquement, qui forment des équipes de dix personnes et représentent leur institution. Après une sélection au temps et selon les vainqueurs de l’édition précédente, les vingt équipes choisies se réunissent après les fêtes de fin d’année pour concourir et courir environ 200 kilomètres sur deux journées, entre Tokyo (Otemachi) et Hakone.


L’Hakone Ekiden est l’un des événements sportifs les plus suivis du pays. Il est non seulement retransmis à la télévision mais attire aussi plus d’un million de spectateurs le long des routes. Cette course d’un niveau professionnel est une épreuve de douleur et de mental où l’esprit d’équipe et l’accomplissement individuel sont tous deux célébrés ; par des trophées traditionnels ou encore la possibilité d’obtenir un record de temps pour sa section, sans compter des titres divers distribués aux coureurs les plus méritants. Si on ajoute à ça des équipes toujours changeantes, fin d’études oblige, et la longueur particulièrement importante de la course, chaque Hakone Ekiden apporte son lot de retournements de situation et de drama, un véritable rituel donnant naissance à son/ses Philippidès (tragédies malheureusement incluses).


L'Hakone Ekiden est donc quelque chose de spécial, une expérience particulière que Run with the wind réussit à capturer et à nous transmettre. Plus encore, cette série réalise enfin mon souhait de voir l’athlétisme mis à l’honneur. Bien que le medium adore mettre en scène ses adolescents courir contre le vent pour ses climax, la course de fond n’a pour ainsi dire jamais été pris comme thème dans ses séries sportives. Après tout, regarder des coureurs imaginaires mettre leurs guiboles l’une devant l’autre pendant des épisodes entiers doit être ennuyeux à mourir non ? Ce n’est en aucun cas mon impression lorsque je regarde Run with wind tant il sait faire ressentir le dépassement de soi, la sensation de liberté, la tension de la compétition ainsi que la passion des athlètes pour leur discipline.


Une mention spéciale par ailleurs au studio I.G. et leurs efforts louables dans la réalisation d’une animation fluide et de visuels généralement consistants malgré la difficulté de cette entreprise (dessiner une anatomie en mouvement est une tâche difficile). J’ai également apprécié la réalisation sonore pour son attention aux détails (le son des chaussures qui diffèrent selon le niveau des athlètes par exemple) et la musique de Hayashi Yuuki (Haikyuu, Boku no Hero Academia) apporte une nouvelle fois une bonne dose d’émotions et d’adrénaline.


Les 23 épisodes de l’anime ne portent pas que sur l’effort physique et l’Hakone Ekiden en lui-même, bien que fil conducteur central, reste pour l’essentiel un objectif lointain. Run with the wind est aussi l’histoire d’une équipe et de camaraderie. Cette partie de l’intrigue est très classique puisque nous suivons dans cette série Haiji, étudiant de l’université Kansei et passionné de course, qui va passer la première partie de la série à rassembler une équipe de bras cassés, bien souvent au moyen du chantage, afin de les mener à participer à l’Hakone Ekiden. S’ensuit alors développements, nouement de liens, etc.


Le déroulement du scénario n’innove en rien, et le fait que je puisse résumer sa première moitié à « Tu veux courir ? » « Non. » « Ok mais si en fait. » n’est pas très reluisant, sans aucun doute ce qui empêche l’oeuvre d’être un vrai coup de coeur. Avec le recul, je ne peux pas m’empêcher de penser que mettre en scène des étudiants expérimentés en athlétisme aurait été bien plus intéressant et aurait également permis d’éviter les invraisemblances qui découlent de certaines performances. Heureusement, cela ne m’a pas empêché de passer un bon moment devant les premiers épisodes, qui sont remplis de moments de fraternité et autres friponneries pour ce groupe de dix d’athlètes peu conventionnel.


Dresser des portraits complets pour dix personnes dans ce laps de temps relativement court est difficile mais Run with the wind adopte une approche efficace. Tout en donnant, par petites doses, un espace propre à chaque membre afin qu’ils puissent grandir, l’oeuvre engendre les occasions nécessaires pour marquer les amitiés naissantes entre les différents protagonistes, ce qui donne des individus à la fois distincts et soudés.


Bien sûr, le casting de Run with the wind ne serait rien sans des personnalités de départ attachantes. Malheureusement, le constat est plutôt mitigé de ce côté là. Je ne parlerai pas de l’antagoniste Sakaki, qui est un gaspillage de temps mais même le protagoniste Haiji, ce mélange entre tyran et mère-poule, divisera forcément les opinions. Le deutéragoniste Kakeru, coureur pro mais en crise, ne séduit pas tellement au début mais est de loin le personnage avec le plus de maturation et le voir s’intégrer parmi ses équipiers s’avère fort plaisant. Parmi les figures secondaires, les deux jumeaux sont aussi insignifiants qu’Hana, la coach du groupe, mais Musa, étudiant d’échange tanzanien non-stéréotypé, Nico-chan, le vieux redoublant sympa et l’amiable Shindo viennent rééquilibrer la balance. Yuki et King quant à eux piquent suffisamment la curiosité en mettant davantage en scène le facteur universitaire puisqu’ils sont tous les deux aux portes de leur entrée dans le monde du travail et font face à des responsabilités pas toujours compatibles avec la pratique d’un sport.


Enfin, comment ne pas parler de Prince, l’otaku chétif et boulet du groupe ? Au-delà de son sens de la répartie et de son évolution notable en tant qu’athlète, il y a une poésie singulière à voir Prince s’inspirer de ses mangas sportifs préférés pour se surpasser, et devenir lui-même une source d’inspiration pour le spectateur. L’un de mes personnages secondaires préférés de l’année 2019, tout simplement.


La qualité à l’échelle individuelle varie mais en tant qu’équipe, la série s’en sort mieux et montre comment une clique désunie peut se rassembler en une force capable de soulever des montagnes, ou les grimper dans ce cas-ci. Après de longs épisodes d’entraînement et de courses de qualification, Haiji et ses compagnons deviennent la bande ultime d’underdogs que l’on ne peut que supporter face à l’adversité.


En conclusion, Run with the wind est un anime que j’ai franchement aimé. Ecrire à son sujet une année après sa diffusion m’a cependant amené à un constat plus terne que je ne pensais. La première moitié de la série en particulier me paraît maintenant peu mémorable, exception faite de l’épisode 7, au contraire du dernier arc bien plus inoubliable. En conséquence, je me vois mal recommander cette oeuvre mais elle reste ma série sportive préférée de l’année 2019.

Skidda
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le 25 janv. 2020

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