Cette série raconte de manière réaliste l’histoire de Dino Scala, alias le tristement célèbre Violeur de la Sambre qui a violé des dizaines de femmes – 56 seront évoquées lors de son procès mais il y en a sans doute plus – et qui a œuvré tranquillement pendant plus de 30 ans le long de la rivière Sambre, entre la France et la Belgique, en toute impunité, notamment à cause de l’incompétence de la police locale, du manque de moyens, et de la connivence de cet homme avec certains représentants de la loi. L’affaire est affreuse, glaçante, et la série très réussie, même si pas exempte de défauts. Le choix de la mise en scène est downtempo, échappant à toute forme de sensationnalisme, et c’est très bien, et se rapproche beaucoup de celle d’un film comme La Nuit du 12, avec qui la série entretient un vrai dialogue de connivence. Les auteurs ont décidé de réaliser une mini-série de 6 épisodes d’une heure chacun, et chacun d’entre eux se concentre sur un personnage particulier : dans l’ordre, une victime, la juge, la maire, une scientifique, le commandant et enfin le violeur. Pourquoi pas, c’est un procédé qui a fait ses preuves et qui est très à la mode depuis une dizaine d’années, notamment aux USA. Les acteurs qui interprètent ces rôles sont excellents et c’est globalement bien écrit – même si parfois assez mal dialogué malheureusement. Mais le souci de cette construction en 6 blocs est que l’ensemble peine à monter en tension, comme si l’ensemble redémarrait de zéro à chaque épisode. J’exagère volontairement, car ce n’est pas vraiment ça, ce que je signifie c’est qu’on attend d’un épisode à l’autre que l’étau se resserre autour du criminel, la perspective de son arrestation est vécue par le spectateur comme une acmé, une libération de toute cette tension emmagasinée, et là, les auteurs ne semblent pas vouloir capitaliser et utiliser leur choix de mise en forme comme catalyseur d’émotion. C’est un peu frustrant, mais c’est sans doute lié au caractère peu commun de ce criminel qui a réussit à passer entre les mailles de tous les filets pendant plus de 30 ans, et qui visiblement, ne craignait rien pendant fort longtemps. En disant ça, je dis juste que ça aurait pu être encore mieux (dans le genre, « The Assassination of Gianni Versace », saison 2 de American Crime Story est un véritable chef-d’œuvre), mais c’est quand même très très bien et hautement recommandable.