Samuel
8.5
Samuel

Dessin animé (cartoons) Arte (2024)

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" Samuel ... Moi Aussi je t'Aime ! "

Pour commencer je dois remercier Gwangelinhael dont la critique m'a permis de découvrir Samuel. L'occasion de poursuivre en remerciant plus généralement les membres de Sens Critique qui prennent le temps d'écrire des avis et des critiques cultivant le désir de découverte et la soif de curiosité.


Mais revenons à Samuel série d'animation diffusée sur Arte comprenant 21 épisodes de moins de cinq minutes et racontant à travers son journal intime les petits tracas et les grandes histoires de Samuel un garçon qui va courir de ses dix à onze ans le temps de la série.


Samuel c'est déjà un parti pris graphique fort qui fonctionne à merveille, celui de l'épure et de la simplicité qui collent si joliment à l'univers thématique de la série. Les personnages et décors ressemblent à des dessins d'enfants avec cette même pureté maladroite qui tenter de capturer l'essence des choses en quelques traits. Bien sûr on est pas non plus sur des personnages bâtons à quatre doigts avec des têtes disproportionnés, mais il reste cette sensation d'une profonde candeur et d'une manière innocente et bienveillante de capturer les visages, les sensations et les attitudes des personnages. Presque entièrement en noir et blanc, avec des décors réduits au strict minimum, utilisant très peu de volumes, on a souvent la sensation de voir des personnages en traits s'animer sur une page blanche tout comme Samuel tente de coucher sa vie sur les pages de son journal intime. Dès les premiers épisodes une évidence s'impose aux spectateurs, nul besoin de montrer des personnages réalistes pour les faire exister et battre très fort au cœur des spectateurs, il suffit qu'ils soient authentiques pour que quelques traits de crayon deviennent infiniment plus humains que l'humain lui même. Et si cette recherche de l'épure et de la limpidité est évidente elle s'accompagne d'une animation sans faille capable de capturer les signes du langage corporels comme les ondulations joyeuses d'une danse, les regards discrets qui en disent longs et les mouvements qui traduisent l’abattement des sentiments. Samuel cultive l'art délicat de la simplicité qui touche à l'essentiel, de la pureté débarrassé des oripeaux de l'artificialité et tout ceci colle merveilleusement bien à la touchante poésie de l'ordinaire des sentiments de l'enfance.


A travers 21 épisodes comme autant de bulles de légèreté suspendues dans l'air vicié de notre époque , Samuel nous raconte le quotidiens et les sentiments d'un garçon de dix/onze ans avec ses potes, ses angoisses, ses désirs et surtout ses amours compliqués entre l'insaisissable grande Julie dont il est fou amoureux et Bérénice qu'il n'aime pas trop. En adéquation avec sa patte graphique, Samuel déroule avec candeur ses états d'âmes et l'on se retrouve à sourire et pleurer avec lui de tous ses petites tracas qui deviennent des montagnes insurmontables lorsque l'on a pas encore la stature pour les affronter. On s'amuse souvent des sentiments à fleur de peau de ce touchant personnage coincé dans ce no man's land entre l'enfance et l'adolescence comme lorsqu'il fait sa crise en écrivant fièrement En Colère sur un tee shirt, mais le ton délicieusement doux amer de la série nous procure le plus souvent le délicieux sourire d'une mélancolie heureuse. Samuel explore l'enfance et ses sentiments d'une manière certes un poil fantasmé et édulcorée mais avec une telle sincérité, une telle douceur, une telle candeur qu'elle touche à un truc qui tient à l'essence même de l'innocence ce qui fatalement ne pourra que toucher droit au cœur les spectateurs n'ayant pas totalement céder au cynisme. Samuel capture un truc universel et bouleversant sur la pudeur des sentiments, sur l'intime face au monde, sur la nostalgie de l'enfance et sur le temps qui passe inexorablement. On se surprend parfois à avoir une boule dans le ventre et les larmes aux yeux lorsque d'un coup les petites histoires de Samuel viennent faire écho à un souvenirs lointain de notre propre enfance et que ce petit saligaud fait de trois traits de feutre noir nous met à nu sur quelques sentiments profondément enfouis avec notre âme d'enfants. Oui Samuel est bel et bien une petite merveille de série d'animation qui amuse, qui touche, qui rend léger et qui ausculte l'enfance et le sentiment amoureux avec beaucoup de sensibilité. Il faut aussi saluer la très jolie partition musicale de la série qui s'accompagne de quelques tubes qui trouvent ici une magnifique amplification dans l'émotion du personnage comme Les Vacances au Bord de la Mer de Michel Jonasz ou une version à chialer de Un Homme Heureux de William Sheller.


Si vous avez l'esprit cynique et grincheux vous pourrez sans doute vous amusez de la vision très édulcorée de l'enfance proposée par Samuel et sa créatrice Émilie Tronche. Sans être clairement située dans le temps on pourra vaguement dire que la série parle d'une enfance datant de la première moitié des années 2010 mais elle donne surtout la sensation de capturer l'essence intemporelle d'une certaine vision de l'enfance. Samuel n'étale pas sa vie sur des réseaux sociaux, il tient son journal dans un joli français sans fautes d'orthographe, même si la violence n'est pas totalement absente (Samuel se fait cracher dessus par un troisième) Samuel connaît plus de petits tracas que de gros traumas et son approche de l'amour est infiniment plus sentimentale et fleur bleue que la découverte de vidéos pornos sur un smartphone entre deux épisodes de Naruto. Certains parleront d'une vision passéiste, d'autres se gausseront d'une réalité très édulcorée de l'enfance alors que Samuel n'a pas d'autres ambitions que de précisément nous offrir une bulle légère et aérienne débarrassé de ce qui nous plombe en réveillant peut être ce qu'il y-a de plus beau et de plus pur en nous, la candeur maladroite des sentiments.


Samuel est un pur bonheur, 21 gélules d'innocence euphorisante à s'avaler pour oublier précisément que ce monde a oublié depuis longtemps la pureté de l'enfance. C'est tellement bien que je m'interroge sur la nécessité d'une hypothétique seconde saison, tout est presque parfait, sensible et fragile au point qu'il faudrait peut être s'abstenir d'y touché …

freddyK
9
Écrit par

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Créée

le 17 avr. 2024

Critique lue 406 fois

14 j'aime

Freddy K

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