(Je remercie Sens Critique qui me laisse pas mettre le titre en anglais du coup vous avez une traduction littérale sinon je dois refaire toute mon intro )
Venant d’un anime où les protagonistes se font arracher un organe légendaire de leur anus afin de se transformer en créature folklorique et se battre contre des zombies ce qui permet de renforcer leur connexion, je ne pouvais pas penser à un meilleur titre.
Sarazanmai, présenté comme une comédie remplies de blagues de cul, est le dernier anime de Kunihiko Ikuhara ( Utena, Mawaru Penguindrum, Yuri Kuma Arashi...). Mais comme avec tout ce qu’il fait, derrière ces premiers abords se cachent des thèmes plus sérieux et passionnants.
Sachant que je ne suis pas du tout objective quand il s’agit de tout ce que fait Ikuni puisqu’Utena est mon anime préféré, vous vous doutez que j’étais impatiente quand j’ai appris qu’il allait réalisé un tout nouvel anime.
Et vu ma note, vous pouvez en déduire qu’il ne m’a pas déçue. En effet, il a encore une fois réussi à me bouleverser, et cette fois seulement en 11 épisodes ( c’est d’ailleurs triste de voir qu’il est de plus en plus restreint ) , avec des messages toujours similaires, mais délivrés sous un angle différent. Il offre une nouvelle fois un beau message d’espoir emballé dans une panoplie de symbolismes cette fois-ci liée au folklore japonais.
Pour entrer dans le cœur du sujet, Sarazanmai raconte l’histoire de 3 collégiens se disant incapable de se connecter avec la personne de leur désir et qui vont se heurter entre eux dû à leur personnalités et leur vécu différents. Avec l’aide de Keppi, prince des Kappa, créature du folklore japonais ressemblant à une sorte de tortue,qui va transformer nos héros en kappa ( de manière qui risque… d’en surprendre plus d’un), ils vont devoir éliminer des Kappa Zombies qui envahissent leur ville, ce qui leur fait récupérer des assiettes permettant d’exaucer un vœu lorsqu’ils en réunissent 5. En parallèle on suit aussi l’histoire de deux policiers qui semblent avoir un lien avec l’apparition de ces zombies. Alors oui avec un synopsis pareil on se demande comment ça peut aborder des thèmes sérieux et malgré tous ces éléments loufoques du setting, au final c’est loin d’être ce qui marquent le plus.
Les personnages sont tous bien développés malgré la courte durée de l’anime. J’aurais aimé en voir plus d’eux mais ça fait du bon boulot et ça a été assez pour me toucher quand quelque chose arrive aux personnages. On peut noter l’effort d’avoir créer un univers multimédia, avec un manga spin-off racontant la vie paisible des deux policiers, également un compte Twitter mis en scène comme étant le leur, et un light-novel adaptant l’anime qui rajoute des éléments sur le passé des personnages ce qui permet de plus s’attacher à eux. Cela aurait été mieux que tout ça soit directement dans l’anime, mais si vous êtes intéressés par l’univers, vous avez ça à côté qui peut compléter votre expérience de Sarazanmai.
Bien que ça soit délicat car l’anime s’est terminé il y a seulement quelques jours et je n’ai pas encore assimilé tout ce que ça avait à dire, il a beaucoup de choses à dire sur le fond de Sarazanmai.
Sarazanmai ça parle de nos connections, nos relations avec les autres, et de comment il faut croire en ces connections car c’est ce qui permet d’être heureux et de braver tous les obstacles. Oui, c’est pas du nouveau , un peu niais, mais la manière dont c’est traité rend les péripéties de nos protagonistes touchantes et réelles, en plus d’être traité de manière inédite et plutôt rafraîchissante, chaque épisode se terminant sur une nouvelle révélation, ce qui rend le visionnage divertissant.
Les protagonistes ne sont que des collégiens et ça se sent, ils font des erreurs et ont des comportement d’enfants de leur âge et on peut facilement voir un peu de soi-même dans leurs problématiques. Ils évoluent de manière réaliste, ils apprennent de leur erreurs mais ça ne les empêche pas de toujours avoir leurs failles et de ne pas réussir à appliquer parfaitement ce qu’ils ont appris.
De plus, Sarazanmai n’hésite pas à détruire tout l’espoir et les beaux messages de sa première partie. En effet, après que le protagoniste apprend à s’affranchir des limites qu’il s’imposait lui-même , les personnages vont devoir faire face au fait que des fois ce sont des éléments indépendants de notre volonté qui nous empêchent d’être connecté. L’anime nous montre que non, nos connections ne sont pas non plus invincibles et que les règles et les mœurs de notre société nous empêchent également de nous lier aux autres.
Les personnages doivent faire face à un monde défaillant et injuste, où deux frères doivent vivre dans l’illégalité et abandonner leurs rêves pour survivre et garder ce qui leur est cher, ce qui rend leur relation de plus en plus toxique et les pousse à se manipuler;
(Un monde cruel où le grand frère ne peut pas exprimer son amour pour son petit frère car le moment où il montre un signe de faiblesse et d’affection, il sera éliminé par plus cruel que lui, et c’est ce qui se passe.)
un monde où les personnes homosexuels ne peuvent pas exprimer leur amour explicitement sous risque de subir de lourdes conséquences, ce qui détériore énormément la relation des personnages concernés.
On peut d’ailleurs également y voir une critique des animes en général, où les relations homosexuelles ne seront presque jamais explicitées si on est pas dans un Boy’s Love, il y a d’ailleurs tout un parallèle à ce sujet avec les personnages de Mabu et Enta. Mabu accepte de se plier aux normes et de ne pas exprimer son amour pour Reo ce qui lui permet de survivre de manière artificielle. Au contraire Enta refuse de dire à Kazuki des choses qu’il ne pense pas, ce qui résulte en son sacrifice dans l’épisode 8. Mabu à son tour, quand enfin il décide de ne plus se plier aux normes et exprime son amour pour Reo le plus explicitement qu’il soit quelques épisodes plus tard, meurt immédiatement après. Ce message est renforcé également avec le fait que Mabu n’exprime son amour que via des moyens indirects, ici la cuisine.
On peut également voir dans Sarazanmai une critique de la police. Même si on mets des armes dans les mains d’une bonne personne, celle-ci après avoir été mise dans des situations où elle est poussée à bout psychologiquement, peut abuser de son pouvoir. Et quand la police commet une bavure, le système va protéger les réels coupables et rejeter la faute sur un coupable idéal qui est déjà exclu.
Sarazanmai, après avoir montré l’espoir, n’hésite pas à nous faire ressentir du désespoir pur pour ses personnages qui finissent au fond du trou et qui vivent dans un système où ils doivent se battre contre quelque chose d’abstrait, une société qui les encourage à abandonner leurs connections et leurs désirs ,à se renfermer sur eux-même et ne vivre plus que pour soi.
Je ne vais pas vous raconter comment se termine l’anime, bien que j’ai une infinité de choses à dire sur la fin, mais Sarazanmai dépeint un monde à la fois beau, rempli de couleurs, mais aussi dur, avec des personnages tous plus ou moins problématiques qui essayent tant bien que mal de trouver une manière d’être heureux autour de ceux qu’ils aiment.
Bref, Sarazanmai regorge de messages et je n’ai abordé qu’une petite partie de tout ce qu’il y aurait à dire . Je n’ai même pas abordé le thème du désir, qui est un des thèmes clefs.
Sinon l’anime est esthétiquement très jolie et coloré, le tout est très propre et ça fourmille de détails. Chaque fois qu'il y a une révélation, c'est un plaisir de revoir les épisodes d'avant et repérer les indices et les détails dissimulés ici et là. Les ost et les chansons sont également excellentes et permettent d’encore mieux rentrer dans l’univers, la répétition des chansons et des scènes """recyclées """ servent au récit car elles sont associés à des personnages et à des moments légers, donc quand la série prend une tournure plus sombre cela les rend plus impactantes.
En bref, regardez Sarazanmai, j’aime tellement cette série que j’ai écrit cette critique 2 fois entièrement car la première fois j’ai tout supprimé sans faire exprès.