Je suis au désespoir de vous annoncer qu'il faut regarder cet animé.
Un anime qui commence avec une scène de pendaison d'un professeur ne peut pas être mauvais. Non pas que je haïsse les professeurs, loin de là, mais il faut avouer que c'est assez original, non?
Pour faire bref, Sayonara Monsieur Désespoir, c'est une véritable parodie d'une grande partie des aspects de la vie quotidienne : les mariages arrangés, les idoles du net, le hikikomorisme, la fuite de la réalité, l'objection de conscience etc etc... Tout cela est tellement poussé à l’extrême que non seulement l'animé devient un foutoir pas possible, mais en plus le rend drôle (à sa façon dirons nous) et surtout très intelligent.
Effectivement, chaque épisode traite d'un sujet en particulier et ce qui est intéressant, c'est d'entendre les propos complètement contraires tenus par les deux principaux personnages, à savoir le professeur Nozomu Itoshiki, professeur pessimiste, dépressif et fataliste et Kafuuka Fuura, une étudiante qui voit tout de manière très optimiste (voire trop optimiste, un suicide par pendaison, par exemple, est une tentative de grandir pour elle). Mais pas seulement ! Sayonara Monsieur Désespoir est rempli de personnages aux point de vue différents, ce qui rend l'animé d'autant plus passionnant à suivre.
Il est également très référencé, en fait tellement référencé qu'à moins d'être un as de la culture japonaise populaire et littéraire, il est impossible de saisir toutes les nuances qui sont présentes à l'écran. Je m'explique : dans plusieurs scènes, vous aurez l'occasion de saisir les termes "Osamu Dazai" et "No Longer Human". Eh bien en fait, Osamu Dazai est un écrivain de la fin du XIXè, auteur de Ningen Shikkaku (No longer Human en anglais), un roman presque autobiographique où le personnage principal est en proie à un drame intérieur,, ne se considérant même pas comme un homme (un film d'animation du même nom, que j'ai trouvé excellent, raconte tout cela. J'en ai écrit une critique ici pour ceux que ça intéresse : http://www.senscritique.com/film/La_decheance_d_un_homme/critique/43599659).
L'animé retranscrit donc en réalité les idées d'un auteur mondialement connu (bien sûr, toujours sous le format de la parodie) , sans qu'il nous soit possible de nous en rendre compte, ce qui montre bien le degré de réflexion auquel parvient l’œuvre. Et je suis sûr qu'il est impossible pour un natif occidental de saisir toutes les références présentes, ne serait-ce que parce-qu'il y un nombre pas croyable de textes subliminaux.
D'ailleurs ça en devient le principal problème de l'animé : trop plein. Il y trop d'images où il est impossible de ne pas stopper la lecture pour tout cerner, et je vous jure que c'est super emmerdant. Bien sûr, regarder ces images n'est pas nécessaire et ne change rien à l'histoire, mais c'en est tout de même frustrant. Autre chose aussi, il ne faut pas avoir peur de s'ennuyer, certaines scènes sont d'une longueur et d'un ennui incommensurable.
Mais outre tout cela, Sayonara Zetsubou Sensei, c'est aussi une véritable satire de la réalisation de certains animés, obtenue à travers l'autodérision (on franchit quelquefois le quatrième mur) et le ridicule (fanservice sur une hikikomori aux traits "particuliers" dirons nous).
Je ne vous l'ai pas assez répété, mais c'est également drôle, dans une drôlerie à plusieurs formes : l'humour noir bien sûr, l'humour absurde, l'humour littéraire (jeu de mots, contresens...), l'humour exagératoire (hein? ça existe pas? bah ça vient d'être crée alors). Personnellement, je ne dirai pas que cela m'as fait rire, mais plutôt sourire tout le long du visionnage, et rien que ça, c'est déjà un exploit me connaissant.
Niveau production : je ne vois pas ce que je pourrai dire sur les dessins et les soundtracks. A la limite, je dirai qu'ils sont plus qu'appréciables. Désolé, je ne m'y connais pas assez pour juger :)
En définitive, Sayonara Zetsubou Sensei est un animé qui se laisse aussi facilement regarder que n'importe quel comédie en animation (prenons par exemple Naruto [dans un autre style bien entendu]), et qui ne se laisse pas aller à la légèreté mais inclue un débit d'information exubérant (par exemple Serial Experiments Lain).
Le mélange parfait en ce qui me concerne ; depuis GTO que j'attends ça.